CHAPITRE 7 Item 124 – Andropause (syndrome de déficit en testostérone lié à l’âge)
I. Pour comprendre
II. Définition et physiopathologie
III. Symptômes et signes cliniques
IV. Examens complémentaires
V. Diagnostics différentiels
Situations de départ
Troubles sexuels et troubles de l’érection
Interprétation d’un compte rendu d’anatomopathologie
Hiérarchisation des connaissances
Rang |
Rubrique |
Intitulé |
Définition |
Connaître la définition de la périménopause et ménopause* |
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Épidémiologie |
Connaître les caractéristiques épidémiologiques de la ménopause naturelle* |
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Diagnostic positif |
Connaître la définition et les modalités du diagnostic d’une insuffisance ovarienne prématurée* |
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Diagnostic positif |
Connaître les éléments cliniques positifs et/ou biologiques qui permettent de poser le diagnostic de ménopause* |
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Diagnostic positif |
Connaître les symptômes du syndrome climatérique* |
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Diagnostic positif |
Savoir distinguer des bouffées de chaleur typiques et atypiques* |
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Diagnostic positif |
Connaître les signes d’hypoestrogénie, d’hyperœstrogénie* |
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Physiopathologie |
Connaître les effets de la ménopause à court, moyen et long terme* |
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Prise en charge |
Connaître les principes du traitement hormonal de la ménopause (THM)* |
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Prise en charge |
Connaître les examens complémentaires nécessaires avant utilisation d’un THM* |
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Prise en charge |
Connaître les contre-indications du THM* |
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Prise en charge |
Connaître la balance bénéfice/risque du THM en cas de ménopause naturelle et en cas d’insuffisance ovarienne prématurée et les alternatives au THM* |
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Prise en charge |
Savoir informer des mesures éducatives et hygiénodiététiques de la femme ménopausée* |
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Diagnostic positif |
Savoir que toute métrorragie chez une femme ménopausée doit être explorée afin d’éliminer un cancer endométrial* |
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Définition |
Connaître la définition de l’andropause ou du déficit androgénique lié à l’âge |
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Physiopathologie |
Connaître l’évolution de la fonction testiculaire avec l’âge |
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Diagnostic positif |
Connaître les éléments cliniques positifs et/ou biologiques qui permettent de poser le diagnostic d’andropause |
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Diagnostic positif |
Connaître les principaux diagnostics différentiels des déficits androgéniques liés à l’âge |
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Physiopathologie |
Connaître les effets à court, moyen et long terme d’un déficit androgénique lié à l’âge non traité |
I. Pour comprendre
Les androgènes jouent un rôle crucial dans le développement et le maintien des fonctions sexuelles et reproductives masculines, de la composition corporelle, de l’érythropoïèse, de la santé musculaire et osseuse et des fonctions cognitives.
A. Physiologie de l’axe gonadotrope
- La double fonction des testicules est importante :
– la fonction exocrine assure la spermatogenèse à partir des cellules germinales, dans la paroi des tubes séminifères ;
– la fonction endocrine assure la sécrétion de la testostérone par les cellules de Leydig.
- La sécrétion par l’hypophyse des gonadostimulines (fig. 7.1) :
– hormone lutéinisante (LH), qui stimule la sécrétion de la testostérone par les cellules de Leydig ;
– hormone folliculostimulante (FSH), qui active indirectement la spermatogenèse en stimulant les cellules de Sertoli.
Fig. 7.1. Axe hypothalamo-hypophyso-gonadique.
- L’hypophyse est sous le contrôle de l’hypothalamus:
– sécrétion pulsatile de GnRH ;
– rétrocontrôle négatif de la testostérone sur la LH et de l’inhibine B sur la FSH et de la GnRH.
- L’avancée en âge est responsable d’une diminution de la capacité de stéroïdogenèse des testicules (diminution du nombre de cellules de Leydig), d’une altération du fonctionnement de l’hypothalamus (réduction de l’amplitude des pulses de GnRH) et d’une baisse de la concentration des récepteurs des androgènes.
B. Différentes fractions de la testostérone
Il existe trois types de testostérone :
- une partie de la testostérone est fixée à la SHBG, protéine de transport dédiée qui représente les deux tiers de la testostérone totale ;
- une autre partie de la testostérone est liée à l’albumine et représente 38 % de la testostérone totale. Il s’agit de la fraction biologiquement inactive mais plus facilement mobilisable que celle liée à la SHBG ;
- la testostérone libre (soit 2 % de la testostérone totale) qui est en réalité la forme véritablement active.
Concernant les dosages biologiques :
la testostérone totale : elle correspond au dosage le plus accessible en pratique courante. B Elle va doser en réalité les trois fractions de la testostérone. Elle ne reflète pas la fraction réellement active. La valeur du dosage dépend des variations de la SHBG A et la norme est établie entre 3,5 et 10 ng/ml (12-35 nmol/l) ;
- la testostérone libre : elle correspond à la fraction biologiquement active de la testostérone. B Son calcul permet d’évaluer au mieux l’imprégnation androgénique de l’individu car la méthode de dosage est inutilisable en routine ;
- la testostérone biodisponible : elle permet d’apprécier l’androgénicité du sujet. B Elle échappe aux fluctuations de la SHBG ;
- l’index de testostérone libre : il est obtenu en divisant la testostérone totale par la SHBG.
Testostérone biodisponible = testostérone libre + testostérone liée à l’albumine.
II. Définition et physiopathologie
A. Définition
Le terme d’andropause est inadéquat car il n’insiste pas sur le caractère progressif et aléatoire. Il faut lui préférer celui de syndrome de déficit en testostérone lié à l’âge (SDT).
Il y a peu de similitude avec la ménopause. En effet, le SDT est inconstant et d’apparition progressive. B Son incidence est d’environ 12 nouveaux cas/10 000/an, sa prévalence de 6 % entre 30 et 80 ans et augmente avec l’âge (5 % à 50 ans, 10 % à 60 ans, 15 % à 70 ans, 26 % à 80 ans).
La définition 2002 de l’International Society for the Study of the Aging Male (ISSAM) est :
- syndrome biochimique ;
- associé à l’avancée en âge ;
- caractérisé par une diminution des androgènes dans le sérum avec ou sans diminution de la sensibilité aux androgènes ;
- altération de la qualité de vie et impact sur la fonction de plusieurs organes.
B. Physiopathologie du déficit en testostérone lié à l’âge
L’avancée en âge est responsable d’une diminution de la capacité de stéroïdogenèse des testicules (diminution du nombre de cellules de Leydig), d’une altération du fonctionnement de l’hypothalamus (réduction de l’amplitude des pulses de GnRH), de l’augmentation de la SHBG (et donc de la diminution de la forme libre de la testostérone) et d’une baisse de la concentration en récepteurs des androgènes. Une diminution du taux de testostérone est permanente avec l’avancée en âge, elle est d’environ 1 % par an. La diminution, au-dessous des seuils normaux, de la testostéronémie peut entraîner une réduction de la fertilité masculine, des dysfonctionnements sexuels, une diminution de la formation musculaire et une déminéralisation osseuse, des troubles du métabolisme des graisses et des troubles cognitifs.
III. Symptômes et signes cliniques
A. Symptômes
1. Troubles de la sexualité
La diminution des érections nocturnes ou matinales est un signe d’appel essentiel et précoce.
Au cours du SDT, la dysfonction érectile est d’origine organique. L’érection est généralement plus longue à obtenir malgré des stimuli toujours plus importants. La détumescence est également plus rapide et la phase réfractaire s’allonge.
Une baisse de la libido doit être recherchée à l’interrogatoire, ainsi qu’une réduction de la fréquence des rapports sexuels.
Une altération de la qualité de l’orgasme est parfois associée à ces troubles. Enfin, le patient peut signaler une réduction du volume et une faiblesse de l’expulsion du sperme.
2. Troubles vasomoteurs
Ils sont caractérisés par des bouffées de chaleur, une sudation excessive, des troubles du sommeil et une fatigabilité secondaire.
3. Troubles neuropsychologiques
Ce sont des troubles à évoquer en présence de : perte de mémoire, troubles de l’attention,
diminution manifeste des capacités d’orientation dans l’espace, irritabilité, asthénie, anorexie, baisse de l’élan vital ou humeur dépressive. Tous ces symptômes sont aspécifiques, de développement insidieux et doivent retenir l’attention du clinicien.
4. Score ADAM
L’évaluation objective des symptômes se fait à l’aide du score ADAM (tableau 7.1). Un autre questionnaire est validé : le score AMS (Ageing Males’Symptoms).
Tableau 7.1. Questionnaire ADAM (androgen deficiency in aging male).
1 |
Éprouvez-vous une baisse du désir sexuel ? |
2 |
Éprouvez-vous une baisse d’énergie ? |
3 |
Éprouvez-vous une diminution de force et/ou d’endurance ? |
4 |
Votre taille a-t-elle diminué ? |
5 |
Avez-vous noté une diminution de votre joie de vivre ? |
6 |
Êtes-vous triste et/ou maussade ? |
7 |
Vos érections sont-elles moins fortes ? |
8 |
Avez-vous noté une altération récente de vos capacités ? |
9 |
Vous endormez-vous après le dîner ? |
10 |
Votre rendement professionnel s’est-il réduit ? |
RÉSULTATS : • une réponse positive aux questions 1 et/ou 7 équivaut à un déficit en testostérone • ou bien une réponse positive à au moins 3 questions |
|
Source : Morley JE, Charlton E, Patrick P, et al. Validation of a screening questionnaire for androgen deficiency in aging males. Metabolism 2000 ; 49 : 1239-42. |
B. Signes cliniques
Ils sont non spécifiques du SDT.
La diminution de la masse musculaire correspond à la sarcopénie et peut être sévère (jusqu’à 40 %) et s’accompagne d’une faiblesse musculaire. Les autres signes à rechercher sont : une obésité abdominale (associée à une augmentation de la graisse viscérale), une diminution de la pilosité (diminution de la fréquence des rasages), une atrophie cutanée, une gynécomastie, une diminution de la densité minérale osseuse, une ostéopénie, une ostéoporose, une atrophie testiculaire, un syndrome métabolique (obésité abdominale, hypertension artérielle, dyslipidémie) (fig. 7.2).
Fig. 7.2. Signes de déficit en testostérone lié à l’âge.
Tableau 7.2. Symptômes du déficit en testotérone lié à l’âge.
Symptômes/signes cliniques |
Fréquence |
Faible libido |
Très fréquente |
Manque d’énergie |
Très fréquente |
Dysfonction érectile |
Très fréquente |
Somnolence postprandiale |
Très fréquente |
Détérioration de la mémoire |
Très fréquente |
Perte de poils pubiens |
Très fréquente |
Tristesse et irritabilité |
Fréquentes |
Endurance diminuée |
Fréquente |
Perte de poils du visage |
Fréquente |
Problèmes au travail |
Fréquents |
IV. Examens complémentaires
A. En première intention
Il est recommandé de réaliser un dosage de la testostérone totale et biodisponible entre 8 et 11 heures du matin (cycle nycthéméral).
Le diagnostic de déficit biochimique en testostérone peut être posé devant :
- une testostérone totale < 2,3 ng/ml (8 nmol/l) ;
- ou une testostérone totale entre 2,3 et 3,5 ng/ml (8-12 nmol/l) et :
– une testostérone biodisponible < 0,7 ng/ml,
– une testostérone libre calculée < 0,07 ng/ml.
B. En seconde intention
Un nouveau dosage de la testostérone biodisponible 2 à 4 semaines après le premier est recommandé. Les autres dosages hormonaux utiles sont :
- testostérone totale, SHBG, albumine afin de calculer la testostérone libre ;
- FSH et LH.
Interprétation :
- testostéronémie basse et LH/FSH élevé : hypogonadisme testiculaire ;
- testostéronémie basse et LH/FSH normal bas : hypogonadisme hypogonadotrope.
Les autres examens complémentaires à demander sont :
- prolactinémie (un adénome hypophysaire à prolactine peut être responsable d’une baisse de la testostérone) ;
- TSHus ;
- bilan préthérapeutique (cf. infra).
En cas de déficit biochimique avéré, une ostéodensitométrie peut être réalisée afin d’objectiver l’ostéopénie.
Au terme de cette évaluation, le diagnostic de déficit en testostérone lié à l’âge peut être posé devant l’association d’un déficit biochimique et d’un syndrome clinique associant des symptômes spécifiques (dysfonction érectile, baisse du désir sexuel, ostéopénie, sarcopénie, bouffées de chaleur) et des symptômes non spécifiques (asthénie, humeur dépressive, perte d’énergie et de motivation, troubles du sommeil, diminution des performances physiques, perte de mémoire et des capacités de concentration, augmentation de l’indice de masse corporelle [IMC] et de la masse grasse et anémie).
V. Diagnostics différentiels
Il faut savoir éliminer les diagnostics suivants avant de conclure à un SDT :
- vieillissement physiologique ;
- hypothyroïdie ;
- hypogonadismes centraux :
– un adénome hypophysaire à prolactine,
– hypogonadisme secondaire à une maladie chronique ou à un traitement médicamenteux.
Fig. 7.3. Arbre diagnostique devant une suspicion de SDT.
Résumé
> Définition ISSAM 2002 : syndrome biochimique associé à l’avancée en âge, caractérisé par une diminution des androgènes (testostérone) dans le sérum avec ou sans diminution de la sensibilité aux androgènes, responsable d’une altération de la qualité de vie et d’un impact sur la fonction de plusieurs organes.
> Symptômes : dysfonction érectile organique, baisse de la libido, bouffées de chaleur, perte de la mémoire, troubles de l’attention, dépression.
- → Évaluation par score ADAM.
> Signes cliniques : sarcopénie, obésité abdominale, gynécomastie, diminution de la pilosité, diminution de la densité minérale osseuse.
> Examens complémentaires : testostéronémie biodisponible < 0,7 ng/ml ou totale < 2,3 ng/ml contrôlée par un second dosage à 1 mois → confirmation SDT :
- B + dosage LH, FSH et prolactine ;
- testostéronémie basse + LH élevée : déficit gonadique ;
- testostéronémie basse + LH basse : hypogonadisme central ou mixte ;
- éliminer un adénome hypophysaire devant une hyperprolactinémie.
> Situations favorisantes : obésité, infertilité, alcoolisme chronique, médicaments.
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