CHAPITRE 8 Item 125 – Troubles de la miction et incontinence urinaire de l’adulte et du sujet âgé
I. Définitions des symptômes du bas appareil urinaire
II. Incontinence urinaire
III. Nycturie
IV. Dysurie
Situations de départ
Anomalie de la miction
Syndrome polyuropolydipsique
Découverte d’une anomalie au toucher rectal
Brûlure mictionnelle
Rétention aiguë d’urine
Hématurie
Incontinence urinaire
Prolapsus
Ronflements
Analyse de bandelette urinaire
Analyse d’un examen cytobactériologique des urines
Créatinine augmentée
Prescription d’une rééducation
Hiérarchisation des connaissances
Rang |
Rubrique |
Intitulé |
Descriptif |
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Diagnostic positif |
Connaître la définition des symptômes du bas appareil urinaire (SBAU) (= LUTS anglosaxon) (examen clinique, démarche diagnostique) |
Connaître les définitions et descriptions cliniques des SBAU, des trois phases du cycle mictionnel (remplissage, vidange, postvidange) |
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Définition |
Connaître la définition de l’incontinence urinaire (IU) |
– |
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Définition |
Connaître les types d’incontinence (homme et femme) |
Connaître les définitions des 11 types d’IU (ICS, 2017), particulièrement faire la différence entre IU d’effort, IU par urgenturie, IU fonctionnelle et incontinence associée à la rétention chronique |
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Diagnostic positif |
Connaître les modalités du diagnostic d’une l’incontinence urinaire d’effort (IUE) et d’une incontinence urinaire sur urgenturies (IUU), leur quantification et leur retentissement |
Savoir faire le diagnostic positif d’une IUE et d’une IUU ; savoir quantifier l’IU et évaluer son retentissement |
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Épidémiologie |
Connaître la prévalence avec l’âge de l’IUE, de l’IUU et de l’incontinence urinaire mixte (IUM), les facteurs de risque chez l’homme, la femme et le sujet âgé (DIAPPERS) |
Augmentation avec l’âge, fréquence homme et femme, modification du type avec l’âge, facteurs de risque démontrés et surtout facteurs de risque modifiables |
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Physiopathologie |
Connaître les mécanismes physiopathologiques de l’IUE, de l’urgence mictionnelle |
Insuffisance sphinctérienne/hypermobilité (femme) ; insuffisance sphinctérienne de l’homme ; mécanismes en cause dans l’IUU (obstruction), IUU neurogène, IUU idiopathique |
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Diagnostic |
Connaître les signes d’alerte devant faire rechercher une cause grave d’incontinence |
Infection, corps étranger, tumeurs, maladie neurologique |
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Diagnostic |
Connaître le bilan de première ligne d’une IU (après diagnostic, quantification et retentissement) |
Examen cytobactériologique des urines (ECBU), cytodiagnostic urinaire, débitmétrie avec mesure de résidu |
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Examens complémentaires |
Connaître l’indication et l’apport des examens d’imagerie devant des troubles mictionnels, dysurie, IU |
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Diagnostic |
Connaître le bilan étiologique et les principes thérapeutiques d’une nycturie |
(La pollakiurie est traitée dans l’IUU qui est une forme de syndrome d’hyperactivité) |
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Étiologies |
Connaître les principales étiologies de la dysurie de l’homme et de la femme |
Item ajouté |
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Prise en charge |
Connaître les principes de traitement des principales étiologies de dysurie chez l’homme et chez la femme |
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Vignette clinique
Une patiente de 42 ans consulte en médecine générale pour la survenue récente de « fuites d’urine ».
Elle présente pour principal antécédent un accouchement par voie basse à l’âge de 37 ans, sans difficulté particulière. Elle a présenté il y a 1 an un déficit visuel de survenue brutale, qui s’est finalement résolu spontanément. Elle vous dit fumer 15 cigarettes par jour depuis 20 ans. Elle pèse 65 kg pour 1,75 m.
À l’interrogatoire, vous lui faites préciser les circonstances de survenue de cette incontinence urinaire, avec des fuites qui semblent survenir à la suite d’« envies urgentes », avec une « difficulté à se retenir ». Elle ne présente pas de fuites lors des efforts, notamment lors de la toux ou lors du port de charge lourde.
À l’interrogatoire, vous recherchez d’autres symptômes du bas appareil urinaire. Elle vous précise uriner très souvent, de l’ordre de 12 à 15 fois par jour, et être réveillée 2 à 3 fois la nuit par des envies d’uriner. Elle urine à chaque fois des petites quantités. Elle ne vous rapporte pas de difficulté à uriner, ni de sensation de mauvaise vidange vésicale.
À l’interrogatoire, elle vous rapporte avoir plus de difficultés à aller à la selle, avec une défécation difficile et des selles dures, nécessitant des efforts de poussée abdominale prolongés.
À l’interrogatoire, toujours, elle vous rapporte « moins bien ressentir son partenaire » pendant les rapports sexuels.
À l’examen physique réalisé en position gynécologique vessie pleine, vous notez une bonne trophicité vulvovaginale, l’absence de fuite lors des efforts de toux, et une sensibilité périnéale qui semble diminuée.
La symptomatologie évolue depuis 5 à 6 semaines, et est survenue brutalement, alors même qu’elle n’avait jamais éprouvé aucun symptôme auparavant.
Vous revoyez rapidement la patiente en consultation après lui avoir prescrit un certain nombre d’examens.
- Le calendrier mictionnel réalisé sur 3 jours objective effectivement une pollakiurie diurne (oscillant entre 12 et 16 mictions par jour), une pollakiurie nocturne (oscillant entre 2 et 4 mictions par nuit), associée à des épisodes d’urgenturie quasi-systématique et 4 à 5 épisodes d’incontinence urinaire par urgenturie. La capacité vésicale fonctionnelle est estimée à 100 ml. La diurèse totale sur 24 heures oscille entre 1 300 ml et 1 600 ml.
- L’auto-questionnaire de symptômes USP (Urinary symptom profile) est coté comme suit : incontinence urinaire à l’effort : 0/9 ; hyperactivité vésicale : 16/21 ; dysurie : 1/9.
- Le score de Sandvik est coté comme suit : fréquence = 4 × quantité = 2 → 4 × 2 = 8/12.
- L’auto-questionnaire de qualité de vie SF-Qualiveen est coté comme suit : gêne : 3/4 ; craintes : 3/4 ; vécu : 4/4 ; contraintes : 3/4.
- L’examen cytobactériologique des urines est revenu stérile, sans hématurie microscopique, ni leucocyturie.
- L’échographie rénovésicale a mis en évidence des reins de taille et de morphologie normales, l’absence de dilatation des cavités pyélocalicielles, l’absence de lithiase du bas ou du haut appareil urinaire. Elle retrouve une vessie à paroi fine et à contenu anéchogène. Elle précise un volume en réplétion mesuré à 120 ml, avec un résidu post-mictionnel mesuré à 10 ml.
Vous posez l’hypothèse d’un syndrome clinique d’hyperactivité vésicale inaugural d’une pathologie neurologique, avec suspicion de pathologie inflammatoire du système nerveux central, devant :
- la survenue brutale de la symptomatologie marquée par une urgenturie, une incontinence urinaire par urgenturie, une pollakiurie diurne et nocturne ;
- l’association de cette symptomatologie à des troubles anorectaux et génitosexuels ;
- l’âge de la patiente ;
- l’antécédent de troubles visuels de survenue brutale et spontanément résolutifs il y a 1 an.
Vous notez l’absence de symptôme de la phase de vidange associée aux symptômes de la phase de remplissage.
Vous notez l’intensité des symptômes évalués par l’auto-questionnaire de symptômes USP et le score de Sandvik et le retentissement important de ces symptômes sur la qualité de vie de la patiente, objectivé par l’auto-questionnaire de qualité de vie lié aux symptômes urinaires SF-Qualiveen.
Vous proposez à la patiente une consultation spécialisée en neurologie en urgence, afin d’avancer sur le diagnostic neurologique supposé.
Vous proposez à la patiente une consultation spécialisée en urologie, afin de :
- réaliser une urétrocystoscopie pour exclure toute cause d’irritation locale, notamment une tumeur de vessie, au vu de l’intoxication tabagique (facteur de risque de cancer de vessie) ;
- proposer un traitement de première ligne de ce syndrome clinique d’hyperactivité vésicale.
I. Définitions des symptômes du bas appareil urinaire
Concernant la description des symptômes affectant le bas appareil urinaire, il est possible de diviser le cycle mictionnel en trois phases distinctes, en ajoutant une phase post-mictionnelle.
On classe ainsi les symptômes du bas appareil urinaire (SBAU) selon la phase du cycle mictionnel durant laquelle ils surviennent.
Le terme de SBAU doit être préféré à « troubles urinaires fonctionnels » ou « troubles mictionnels ». Il englobe tous les symptômes induits par des dysfonctionnements du bas appareil urinaire. La terminologie des SBAU est précise et fait l’objet de recommandations internationales par l’International Continence Society (ICS). Il est essentiel d’utiliser ces termes pour décrire les plaintes exprimées par les patients quant à leur façon d’uriner (traduire les mots du patient en termes précis et standardisés).
Même si un symptôme est souvent prédominant et constitue le motif de consultation, il est nécessaire d’interroger systématiquement le patient à la recherche de tous les autres SBAU, en suivant le déroulement du cycle mictionnel. Les SBAU par phase sont présentés dans le tableau 8.1.
Tableau 8.1. Symptômes du bas appareil urinaire.
Symptômes phase remplissage |
Symptômes phase vidange |
Symptômes phase post-mictionnelle |
– Pollakiurie – Urgenturie – Incontinence urinaire – Nycturie – Énurésie |
– Jet faible – Jet en arrosoir – Jet haché – Jet hésitant ou dysurie d’attente – Dysurie de poussée – Brûlures mictionnelles |
– Sensation de vidange vésicale incomplète – Gouttes retardataires |
A. Symptômes de la phase de remplissage vésical
Incontinence urinaire (IU)
L’incontinence urinaire est définie par toute perte involontaire d’urine.
B Il existe onze types d’incontinence urinaire de l’adulte définis par l’ICS et l’International Consultation on Incontinence (ICI) de Tokyo (2017). Ces distinctions sont importantes car derrière chaque type, il y a un mécanisme différent (tableau 8.2). C’est la compréhension du mécanisme des fuites qui permettra de proposer un traitement adapté. On retiendra comme principaux types d’incontinence urinaire : l’incontinence d’effort (IUE), l’incontinence par urgenturie (IUU) et l’incontinence mixte.
Tableau 8.2. B Les onze types d’incontinence urinaire définis par l’ICS en 2017.
Type d’IU |
Description |
IU d’effort |
Fuite d’urine lors d’un effort physique, de toux, d’éternuements (le jet d’urine débute avec l’effort et s’arrête avec lui) |
IU urgenturie |
Fuite d’urine accompagnée ou précédée par une urgenturie |
IU mixte |
Coexistence des deux types d’IU : effort et urgence |
IU fonctionnelle |
Fuite d’urine liée à une difficulté cognitive ou de mouvement empêchant d’atteindre les toilettes malgré un fonctionnement du bas appareil urinaire normal |
IU multifactorielle |
Fuite d’urine résultant de facteurs multiples à la fois liés au bas appareil urinaire et extra-urinaire (polymédication, changements liés à l’âge, à l’environnement, etc.) |
IU continue |
Fuite continue d’urine |
IU insensible |
Fuite d’urine que le patient ne ressent pas |
IU posturale |
Fuite d’urine survenant au changement de position, par exemple lors du passage de la station assise à la station debout |
IU coïtale (femme seulement) |
Fuite d’urine durant un rapport (à distinguer de l’orgasme ou de la pénétration) |
IU associée à la rétention chronique* |
Fuite d’urine survenant chez un patient avec résidu post-mictionnel important (> 300 ml) et/ou une vessie restant palpable et indolore après la miction |
IU par fistule* |
Fuite d’urine par un orifice anormal, en particulier vaginal |
ICS : International Continence Society ; IU : incontinence urinaire. * L’ICS intègre dans la définition de l’incontinence urinaire les fistules (fuites d’urine par un orifice anormal, en particulier vaginal) et les fuites par regorgement (ou mictions par regorgement) appelées « fuites associées à la rétention chronique d’urine ». Ces deux diagnostics ont pu être par le passé considérés comme des diagnostics différentiels d’IU. Ils sont aujourd’hui considérés comme des formes particulières d’IU. |
Énurésie
A Elle correspond à une miction complète involontaire (elle peut être diurne – miction complète involontaire lors d’un paroxysme émotionnel –, ou nocturne – miction complète involontaire durant le sommeil).
Pollakiurie
Elle correspond à une augmentation du nombre de mictions par 24 heures à diurèse constante (les mictions sont plus fréquentes et de plus petit volume). La pollakiurie nocturne est définie arbitrairement par ≥ 1 miction par nuit, si une gêne est exprimée par le/la patient(e) (cf. § Nycturie).
Nycturie
Elle correspond au fait d’être réveillé par l’envie d’uriner. Elle est considérée comme anormale dès 1 lever, s’il s’associe une gêne pour le/la patient(e) (difficulté à se rendormir par exemple).
Deux causes doivent être distinguées. Il est important de noter que ces deux causes peuvent parfois coexister :
- la polyurie: elle correspond à une augmentation de la diurèse. La polyurie globale correspond à une augmentation anormale de la diurèse sur 24 heures. Sa forme nocturne exclusive, la polyurie nocturne, correspond à une augmentation anormale de la diurèse nocturne de manière isolée. Représentant normalement 25 à 33 % de la diurèse des 24 heures, la polyurie nocturne augmente physiologiquement avec l’âge ;
- la réduction de la capacité vésicale fonctionnelle nocturne: elle correspond à une diminution de la capacité de la vessie à stocker l’urine la nuit, à diurèse constante.
Parfois les deux mécanismes coexistent.
Urgenturie
Elle correspond à un désir soudain, impérieux et irrépressible d’uriner. C’est un besoin pathologique différent d’une forte envie d’uriner, en particulier par ce qu’il ne prévient pas. À l’extrême, l’urgenturie peut être responsable d’une fuite involontaire d’urine, c’est l’incontinence urinaire par urgenturie.
Syndrome clinique d’hyperactivité vésicale (SCHV)
Il est défini par la présence d’une urgenturie – l’urgenturie suffit à elle seule pour définir le SCHV – avec ou sans incontinence ± pollakiurie ± nycturie, en dehors d’une pathologie locale évidente (infection urinaire, tumeur de vessie ou de voisinage, calcul intravésical, corps étranger intravésical…).
B. Symptômes de la phase de vidange vésicale
Dysurie
Elle correspond à la difficulté à vider la vessie, et comprend les symptômes suivants : retard à l’initiation de la miction (dysurie d’attente), nécessité de pousser pour initier, poursuivre ou compléter la miction (dysurie de poussée), jet faible et/ou en arrosoir, jet haché.
Brûlures mictionnelles
Elles correspondent à la description de brûlures ressenties dans l’urètre durant le passage de l’urine.
C. Symptômes de la phase post-mictionnelle
Les symptômes de la phase post-mictionnelle comprennent les gouttes retardataires (perte involontaire d’urine survenant immédiatement après la miction) et la sensation de vidange incomplète. Ces symptômes peuvent témoigner d’un trouble de la vidange vésicale.
II. Incontinence urinaire
L’incontinence urinaire est définie par toute perte involontaire d’urine.
A. Mécanismes physiopathologiques de l’incontinence urinaire
1. Incontinence urinaire d’effort de la femme
B Chez la femme, l’IU d’effort rend compte d’une altération anatomique et/ou fonctionnelle des structures urétrales ou péri-urétrales impliquées dans la continence, c’est-à-dire le complexe sphinctérien et/ou les structures de soutien de l’urètre.
Chez la femme, deux mécanismes distincts, et parfois associés peuvent expliquer la survenue de fuites d’effort (fig. 8.1) :
- l’hypermobilité cervico-urétrale: les structures de soutènement du col vésical et de l’urètre, constituées en grande partie par la paroi antérieure du vagin, sont déficientes du fait du vieillissement tissulaire, de la carence hormonale ou de traumatismes obstétricaux. Il s’agit d’une atteinte des mécanismes de continence passifs. À l’examen physique réalisé en position gynécologique et lors des efforts de poussée abdominale, la fuite d’urine s’accompagne d’une bascule vers de bas de l’urètre. Une manœuvre de soutènement de l’urètre corrige la fuite lors de l’examen physique (cf. test de soutènement urétral) ;
![](https://www.urofrance.org/wp-content/uploads/2025/01/image1-768x418.jpg)
Fig. 8.1. Mécanismes de l’IU d’effort chez la femme : hypermobilité cervico-urétrale versus insuffisance sphinctérienne.
- l’insuffisance sphinctérienne: les moyens d’occlusion de la lumière de l’urètre que sont notamment le sphincter lisse et le sphincter strié sont déficients. Ces structures peuvent être déficientes par atteinte directe (vieillissement, carence hormonale, traumatismes), mais aussi par dénervation au cours des atteintes nerveuses périphériques (syndrome de queue-de-cheval, neuropathies périphériques, chirurgie pelvienne étendue, etc.). Il s’agit d’une atteinte des mécanismes de continence actifs. À l’examen physique réalisé en position gynécologique et lors des efforts de poussée abdominale, on visualise un urètre immobile lors de la survenue de la fuite d’urine. Une manœuvre de soutènement de l’urètre ne corrige pas la fuite lors de l’examen physique (cf. test de soutènement urétral).
2.Incontinence urinaire d’effort de l’homme
Chez l’homme, l’IU d’effort est la conséquence d’une altération anatomique et/ou fonctionnelle du complexe sphinctérien.
Elle est 10 fois moins fréquente que chez la femme et est essentiellement iatrogène, en lien avec :
- une prostatectomie totale réalisée dans un contexte de cancer de la prostate. On estime ainsi que 2 à 15 % des hommes auront une IU d’effort 12 mois après une prostatectomie totale. Il est important de noter qu’une amélioration est possible, mais inconstante dans les 12 premiers mois suivant la chirurgie ;
- une chirurgie de désobstruction prostatique réalisée dans un contexte d’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP). On estime que 0 à 2 % des hommes auront une IU d’effort après une chirurgie de désobstruction prostatique ;
- une cystoprostatectomie réalisée dans un contexte de cancer infiltrant de la vessie associée à une entérocystoplastie de substitution ;
- une irradiation pelvienne: lorsqu’une radiothérapie pelvienne est réalisée avant ou après un geste de prostatectomie totale, elle aggrave le risque d’IU d’effort sévère.
Chez l’homme, l’insuffisance sphinctérienne peut aussi, plus rarement, être secondaire à une dénervation au cours des atteintes nerveuses périphériques (syndrome de queue-de-cheval, neuropathies périphériques, chirurgie pelvienne étendue, etc.).
3. Incontinence urinaire par urgenturie ou par hyperactivité vésicale
L’IU par urgenturie et le SCHV, rendant compte d’une incapacité de la vessie à jouer pleinement son rôle de réservoir, peuvent être sous-tendus par plusieurs mécanismes.
Il est important de rappeler que le diagnostic de SCHV ne peut être posé qu’après avoir formellement éliminé toute cause d’irritation locale (infection urinaire, tumeur de vessie ou de voisinage, calcul intravésical, corps étranger intravésical).
Les mécanismes en jeu comprennent notamment :
- une augmentation du message nerveux afférent, émanant du bas appareil urinaire et adressé aux structures cérébrales impliquées dans la régulation du cycle mictionnel ;
- une diminution de la capacité des structures cérébrales impliquées dans la régulation du cycle mictionnel à traiter le message afférent;
- une diminution de l’inhibition centrale sur le réflexe mictionnel, c’est-à-dire une diminution de la capacité ou une impossibilité pour les structures cérébrales impliquées dans la régulation du cycle mictionnel à inhiber le réflexe mictionnel.
Ces anomalies aboutissent à la survenue d’un besoin d’uriner précoce et brutal parfois associé à des contractions anormales de la vessie. Il est important de distinguer l’hyperactivité détrusorienne qui désigne ces contractions involontaires de la vessie qui ne peuvent être visualisées que sur un bilan urodynamique, de l’hyperactivité vésicale qui a une définition purement clinique (cf. supra). Le SCHV peut être sous-tendu par une hyperactivité détrusorienne, mais ce n’est pas toujours le cas (environ 50 % des cas).
Les étiologies de l’incontinence urinaire par urgenturie (et du SCHV) peuvent ainsi être classées en quatre groupes :
- idiopathique ;
- psychogène ;
- troubles neurologiques centraux ;
- causes locales.
Dans le cadre idiopathique, où aucune pathologie particulière n’est retrouvée, les causes sont souvent multiples, impliquant notamment :
- l’urothélium – contenant de nombreux récepteurs vésicaux et urétraux et impliquant de nombreux neuromédiateurs – duquel émane les messages nerveux afférents du bas appareil urinaire et qui peut être responsable d’une « sensibilité » augmentée ;
- les structures neurologiques médullaires et cérébrales impliquées dans la régulation du cycle mictionnel ;
- le système nerveux autonome impliqué dans la régulation de l’homéostasie interne ;
- le microbiote urinaire interagissant avec l’urothélium ;
- les autres organes pelviens pouvant participer à augmenter les afférences pelviennes, et capables de stimuler les efférences à destination du bas appareil urinaire ;
- le muscle détrusor qui, lorsqu’il est remanié (vessie de lutte) peut entraîner des contractions involontaires indépendamment de tout contrôle neurologique ;
- la carence hormonale notamment chez la femme ;
- …
Dans le cadre psychogène, il est important de comprendre que parmi les structures cérébrales impliquées dans la régulation du cycle mictionnel, de nombreuses structures sont aussi impliquées dans la régulation émotionnelle, telles que le système limbique, considéré comme une interface anatomique et fonctionnelle entre la vie cognitive et la vie végétative. Ainsi, les émotions présentes (peur, anxiété, stress…) et les événements traumatiques passés pourraient favoriser la survenue de troubles mictionnels, notamment le SCHV par le biais d’une altération des systèmes de régulation mictionnels.
Dans le cadre neurologique, il est important de rappeler que les structures cérébrales se positionnent comme « chef d’orchestre » – recueillant les informations émanant des différents organes, mais aussi du monde extérieur afin de proposer une réponse adaptée. Elles exercent surtout un rôle inhibiteur du réflexe mictionnel. La moelle épinière, lorsqu’elle est intacte, est donc inhibée par les structures cérébrales, et joue simplement le rôle d’« autoroute de l’information », permettant la transmission des afférences (du bas appareil urinaire vers les structures cérébrales) et des efférences (des structures cérébrales vers le bas appareil urinaire). Cependant, lorsque la moelle épinière est lésée, les messages inhibiteurs adressés par les structures cérébrales peuvent ne plus correctement diffuser entraînant une désinhibition du réflexe mictionnel, sans aucune inhibition possible par les structures cérébrales, avec pour résultat des contractions anormales du muscle vésical en réponse à de très faible volume de remplissage.
Ainsi, en cas d’atteinte des structures cérébrales – principalement inhibitrices de la miction (sclérose en plaques, maladie de Parkinson idiopathique, accident vasculaire cérébral, traumatisme crânien) et/ou en cas d’atteinte des structures médullaires – entraînant un défaut d’inhibition des structures cérébrales sur la moelle épinière (lésion médullaire, sclérose en plaques) on assiste classiquement à la survenue d’un SCHV sous-tendue par une hyperactivité détrusorienne. Dans le cas d’une atteinte médullaire, la coordination de la vessie et des sphincters n’est plus assurée. Les sphincters se contractent en même temps que la vessie (dyssynergie vésicosphinctérienne) ce qui entraîne des hautes pressions vésicales, un reflux d’urine vers les reins et un risque de dégradation de la fonction rénale.
Dans le cadre des causes locales, il est important d’éliminer toute cause d’irritation locale, comprenant une infection urinaire, une tumeur de vessie ou de voisinage, un calcul intravésical, un corps étranger intravésical. Il est également capital d’éliminer une obstruction sous-vésicale (ex. : hypertrophie bénigne de la prostate, prolapsus génito-urinaire chez la femme…) qui peut être responsable des urgenturies et de l’incontinence. Ce n’est qu’à cette condition que le diagnostic de SCHV peut être posé.
B. Fréquence et facteurs de risque de l’incontinence urinaire de la femme et de l’homme
1. Chez la femme
Fréquence
L’incontinence urinaire touche 5 à 15 % des femmes entre 40 et 70 ans, et plus de 15 % des femmes institutionnalisées après 70 ans.
Jusqu’à l’âge de 60 ans, c’est l’IU d’effort qui prédomine. Au-delà ce sont l’IU mixte et l’IU par urgenturie qui prédominent.
Facteurs de risque modifiables
- Obésité: elle constitue le facteur de risque le plus important à prendre en compte, car il est modifiable. L’obésité (IMC > 30) est associée à tous les types d’IU (effort, urgenturie et mixte).
La perte de poids, même minime (5 %), diminue l’importance de IU et peut même la résoudre complètement lorsque le sujet corrige complètement son surpoids.
En revanche, les traitements de l’incontinence urinaire sont moins efficaces chez le sujet obèse que chez le sujet normopondéral.
- Carence hormonale: elle augmente le risque d’incontinence par urgenturie et à l’effort chez la femme.
- Activité physique: l’absence d’exercice physique (sujet âgé : IUE, IUU, IUM) ou la pratique sportive intensive (sujet jeune : IUE) peuvent favoriser l’IU.
Facteurs de risque non modifiables
- Facteurs de risque intrinsèques :
– âge : la fréquence de l’IU augmente avec l’âge ;
– génétique : le risque relatif est multiplié par 3 si la mère ou la sœur présente une IU ;
– ethnique : caucasienne, non hispanique > afro-américaine > asiatique.
- Facteurs de risque gynéco-obstétricaux :
– grossesse ;
– accouchement par voie basse ;
– chirurgie pelvienne étendue, irradiation pelvienne.
- Facteurs de risque généraux :
– diabète : l’IU s’améliore lorsque le diabète est bien équilibré ;
– démence et trouble cognitifs.
- Maladies neurologiques.
2. Chez l’homme
Fréquence
Même si l’épidémiologie de l’IU masculine a été moins bien étudiée, on peut affirmer que l’IU masculine est 2 à 10 fois moins fréquente que l’IU féminine, et augmente avec l’âge.
Chez l’homme, l’IU par urgenturie est plus fréquente que l’IU mixte ou l’IU d’effort.
Facteurs de risque
Chez l’homme, il existe moins de facteurs de risques identifiés que chez la femme.
- Facteur de risque intrinsèque :
– âge : la fréquence de l’IU augmente avec l’âge.
- Facteurs de risque iatrogènes :
– prostatectomie totale (et cystoprostatectomie associée à une entérocystoplastie de substitution) ;
– chirurgie pelvienne étendue, irradiation pelvienne.
- Facteurs de risque généraux :
– diabète : l’IU s’améliore lorsque le diabète est bien équilibré ;
– démence et trouble cognitifs.
- Maladies neurologiques.
C. Diagnostic de l’incontinence urinaire
Le diagnostic d’une IU est avant tout clinique. Il repose sur l’interrogatoire et l’examen physique.
1. Interrogatoire
L’interrogatoire doit rechercher la perte involontaire d’urine
Il doit être mené avec des mots simples : « Vous vous faites pipi dessus ? », « Vous devez vous changer ? », « Vous êtes obligé de porter une couche ? ».
L’interrogatoire doit chercher à déterminer le mécanisme de l’IU
Les circonstances de survenue des fuites orientent vers un type d’IU :
- IU d’effort: fuite à l’effort (marche, toux, port de charge lourde) sans fuite au repos ou allongé ;
- IU par urgenturie: fuite précédée d’un besoin soudain et irrépressible survenant n’importe quand (effort, repos, jour, nuit).
Les autres SBAU associés sont systématiquement recherchés (symptômes de la phase de remplissage, de la phase de vidange et de la phase post-mictionnelle), car ils peuvent aussi orienter vers un type d’IU :
- IU associée à la rétention chronique: coexistence de SBAU de la phase de vidange.
L’interrogatoire recherche des troubles anorectaux ou génitosexuels associés. La coexistence d’une IU, de troubles anorectaux et de troubles génitosexuels peut faire suspecter une cause neurologique d’incontinence.
L’interrogatoire doit chercher à évaluer l’importance de l’IU
Afin de quantifier les principaux SBAU, il existe des auto-questionnaires dédiés validés, que les patients peuvent remplir eux-mêmes avant ou pendant la consultation.
L’USP (urinary symptom profile) permet de quantifier l’IU d’effort, la dysurie et l’urgenturie. Il est validé et traduit dans plusieurs autres langues.
Les fuites urinaires peuvent être quantifiées directement ou indirectement, au moyen :
- du calendrier mictionnel. On obtient ainsi un nombre d’épisodes d’IU par jour ;
- du nombre et type de protections absorbantes portées, jour et nuit ;
- de questionnaires validés (ex. : score de Sandvik) ;
- de la pesée des protections absorbantes (pad test) sur 24 heures en condition de vie normale ou sur 1 heure avec des épreuves physiques spécifiques.
Ces outils, en assurant une quantification de l’IU ± des autres SBAU, permettent de standardiser le recueil de données pour accompagner au mieux le diagnostic initial mais aussi le suivi sur le long terme. Ils ont aussi un intérêt lors des discussions thérapeutiques (réunion de concertation pluridisciplinaire) pour les cas les plus complexes.
L’interrogatoire doit chercher à évaluer le retentissement de l’IU sur la qualité de vie
Le retentissement de l’IU sur la qualité de vie peut être évalué de plusieurs manières :
- au moyen de questions directes : sur une échelle de 0 à 10, « à combien » estimez-vous votre gêne ?
- au moyen de questions indirectes : qu’aimeriez-vous faire et que vous ne pouvez pas faire à cause des fuites ?
- au moyen d’auto-questionnaires de qualité de vie liée aux problèmes urinaires (différents des questionnaires de symptômes). Ils sont plutôt utilisés en recherche clinique.
L’interrogatoire doit chercher à évaluer les attentes du patient
Il est notamment important de préciser si une simple amélioration lui suffit ou si il/elle souhaite une résolution complète des symptômes. Est-il/elle prêt(e) à subir des traitements invasifs/chirurgicaux ou non ?
2. Examen physique
L’objectif de l’examen physique est de visualiser la fuite.
Pour mémoire, le diagnostic d’incontinence urinaire est clinique.
L’examen est réalisé vessie pleine, en essayant de reproduire les circonstances des fuites :
- en position gynécologique puis debout (femme) ;
- en décubitus dorsal puis debout (homme).
Plusieurs tests peuvent être réalisés :
- test d’effort: il consiste à demander au (à la) patient(e) de réaliser un effort de poussée, tel qu’un effort de toux, et permet de rechercher :
– la survenue d’une fuite, témoignant d’une IU d’effort,
– la présence d’une hypermobilité cervico-urétrale associée à l’IU d’effort (chez la femme), témoignant de l’implication – au moins partielle – du mécanisme d’hypermobilité urétrale dans l’IU d’effort ;
- test de soutènement urétral (chez la femme) : il peut être réalisé si une IU d’effort par hypermobilité cervico-urétrale est mise en évidence lors du test d’effort. Il est dit « positif » lorsque l’IU d’effort disparaît à la manœuvre de soutènement urétral. Il permet d’orienter la prise en charge chirurgicale, et notamment de prédire l’efficacité de certains traitements chirurgicaux, tels que les bandelettes sous-urétrales.
On complète l’examen clinique par :
- la réalisation d’un examen périnéal :
– chez l’homme : palpation de l’urètre, visualisation du méat (sténose), réalisation d’un toucher rectal (volume et consistance de la prostate),
– chez la femme : recherche d’un prolapsus génital associé (à réaliser vessie vide), réalisation de touchers pelviens ;
- la réalisation d’un examen « neurologique », qui n’est toutefois pas systématique :
– recherche de déficits dans le territoire sacré : sensibilité périnéale au toucher ; réflexe bulbo-anal (homme), clitorido-anal (femme), tonus anal,
– examen des pieds (creux ou plat), de la démarche, du passage talon/pointe,
– examen du sillon interfessier (déviation, touffe de poil, lipome), pouvant faire évoquer un dysraphisme spinal/spina bifida.
D. Bilan de l’incontinence urinaire
1. En première intention
Le calendrier mictionnel : il consiste à faire noter par le patient lui-même, pendant 72 heures, l’heure de chaque miction (de jour, comme de nuit), le volume uriné, la survenue de fuites, en précisant les circonstances de survenue des fuites (effort, urgenturie…). Le calendrier mictionnel est indispensable à l’évaluation de tout SBAU.
L’ECBU : il permet d’éliminer une infection urinaire qui peut être la cause de l’incontinence et de détecter une hématurie microscopique.
L’échographie (rénale, vésicale et pelvienne ± prostatique, avec mesure de résidu post-mictionnel) :
- dans le cadre de l’IU d’effort, elle complète l’évaluation non invasive du cycle mictionnel. Elle permet ainsi de rechercher un trouble de la vidange vésicale, voire à l’extrême une rétention chronique d’urine afin de ne pas méconnaître une IU par rétention chronique d’urine ;
dans le cadre de l’IU par urgenturie, elle permet de vérifier l’intégrité de la vessie et des organes pelviens (tumeurs, calculs, corps étrangers) mais aussi de rechercher un trouble de la vidange vésicale, voire à l’extrême une rétention chronique d’urine.
2. En deuxième intention
Selon le contexte, les examens suivants pourront être discutés.
- La cytologie urinaire: elle consiste à envoyer en analyse anatomopathologique un prélèvement d’urine afin de rechercher des cellules cancéreuses. Il s’agit d’un outil de dépistage du carcinome urothélial de haut grade. Il doit être proposé devant des SBAU associés à un ou des facteurs de risque de tumeur de vessie, surtout lorsque la plainte fonctionnelle comprend une urgenturie.
- L’urétrocystoscopie: elle consiste à visualiser la filière urétrale et le réservoir vésical par endoscopie. Elle est souvent réalisée sous simple anesthésie locale. Lorsque la plainte fonctionnelle comprend une urgenturie, elle permet de compléter l’échographie vésicale et pelvienne et la cytologie urinaire afin d’éliminer une tumeur de vessie ou un envahissement par une tumeur de voisinage, voire un calcul vésical ou un corps étranger intravésical.
- La cystographie (urétrocystographie rétrograde et mictionnelle [UCRM]) : elle consiste à remplir la vessie par voie rétrograde au moyen d’une solution radio-opaque (produit de contraste) et de visualiser par radiographie la morphologie de la vessie et de l’urètre au cours du remplissage et de la vidange vésicale. Elle a peu de place dans le bilan d’une IU, sauf en cas de suspicion de fistule urogénitale pour laquelle l’examen clinique n’a pas suffi à confirmer le diagnostic, ou pour authentifier un obstacle sous-vésical.
- Le bilan urodynamique: il consiste à enregistrer les volumes et les pressions au sein du bas appareil urinaire lors d’un cycle mictionnel (phase de remplissage et phase de vidange). Il est réalisé au sein d’un laboratoire d’urodynamique dédié et est aujourd’hui le seul examen permettant d’objectiver le fonctionnement du bas appareil urinaire. Il renseigne notamment sur la contraction vésicale et la capacité de la vessie à se laisser remplir à basse pression, ainsi que sur la force de contraction de l’urètre. On l’utilise souvent avant le traitement chirurgical de l’IU ou dans les formes complexes d’IU, mais il n’est pas systématique.
- L’imagerie du système nerveux central (SNC) – imagerie par résonance magnétique (IRM) médullaire et cérébrale: elle peut être utile en plus de l’avis d’un neurologue lorsqu’on suspecte une cause neurologique à l’IU.
IRM pelvienne: elle peut être proposée lorsque la plainte fonctionnelle comprend une urgenturie et en cas de suspicion de tumeur pelvienne maligne ou bénigne (endométriose).
E. Causes graves d’incontinence urinaire :
les « drapeaux rouges »
L’IU est le plus souvent le symptôme et la maladie à elle seule.
Il convient cependant de noter trois cas particuliers :
- la présence d’une urgenturie doit toujours conduire à éliminer une infection urinaire, une tumeur de vessie ou de voisinage, un calcul vésical ou urétérovésical (dernière portion de l’uretère), voire un corps étranger intravésical ;
- la survenue brutale ou l’installation rapide d’une IU, quel que soit le type, chez un sujet jeune associée à une dysfonction génitosexuelle et/ou anorectale, bien que non spécifique, doit toujours faire évoquer une origine neurologique ;
- l’association à une hématurie macroscopique doit faire rechercher une tumeur de vessie, une infection urinaire, etc. (cf. Item 260).
F. Spécificité de l’incontinence urinaire du sujet âgé
À retenir dans cette population spécifique (75 ans et plus) : il existe des IU transitoires et réversibles liées à des facteurs modifiables qui sont résumés dans l’acronyme DIAPPERS – diapers veut dire « couches » en anglais (encadré 8.1). Dans ces cas, l’IU est fréquemment améliorable par des mesures d’adaptation à la fois urologiques mais aussi non urologiques et environnementales. On notera l’importance de la rétention chronique, qui doit être dépistée (échographie vésicale et mesure du résidu post-mictionnel).
Il existe également chez le sujet âgé des IU par urgenturie, d’effort ou mixtes, qui ne sont pas réversibles ou transitoires et qui seront prises en charge comme chez le sujet jeune. Pour mémoire, chez la femme âgée, l’IU mixte et l’IU par urgenturie sont plus fréquentes que l’IU d’effort.
Encadré 8.1
Facteurs favorisant l’incontinence urinaire transitoire et/ou réversible du sujet âgé (« DIAPPERS »)
Délire (Delirium) : délire et syndrome confusionnel dus à une rétention d’urine prenant le masque de l’incontinence urinaire (regorgement). Régressif au traitement de la rétention.
- Infection urinaire (Infection) : l’infection, souvent paucisymptomatique, peut être responsable (rarement à elle seule) ou facteur aggravant (souvent) de l’IU.
- Atrophie vaginale (Atrophic vaginitis) : la carence hormonale peut être cause et/ou facteur aggravant d’incontinence urinaire, surtout par urgenturie.
- Causes pharmacologiques (Pharmaceuticals). Polymédication : diurétiques, inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), opiacés, sédatifs, anticholinergiques, etc.
- Causes psychologiques (Psychologicals) : la dépression en particulier est souvent sous-évaluée.
- Excès de production d’urine ou de causes endocrines (Excess urine output) : diabète, polyurie multifactorielle, diurétiques, excès d’apport, mobilisation, œdème.
- Réduction de mobilité (Restricted mobility) : majoration des conséquences de l’urgenturie, incontinence fonctionnelle.
- Selles (Stool impaction) : la constipation est responsable d’IU chez 10 % des sujets âgés.
Source : Resnick NM. Urinary incontinence in the elderly. Med Grand Rounds 1984 ; 3 : 281-90.
III. Nycturie
La nycturie est définie par le fait d’être réveillé par l’envie d’uriner. Elle est considérée comme anormale dès le 1er lever si celui-ci entraîne une gêne pour le/la patient(e) (difficulté à se rendormir par exemple).
La nycturie est un motif fréquent de consultation d’autant plus qu’elle est intense (> 2 ou 3 levers par nuit). La nycturie est responsable de fatigue et d’inconfort mais aussi de complications graves, voire de décès, chez le sujet âgé en particulier du fait des chutes nocturnes lors des réveils (fracture de l’extrémité supérieure du fémur, traumatismes crâniens, hématomes sous-duraux, etc.).
A. Bilan étiologique d’une nycturie
Deux causes doivent être distinguées. Il est important de noter que ces deux causes peuvent parfois coexister :
- la polyurie: elle correspond à une augmentation anormale de la diurèse. Sa forme nocturne exclusive, la polyurie nocturne, correspond à une augmentation trop importante de la diurèse nocturne (représentant normalement 25 à 33 % de la diurèse des 24 heures, elle augmente physiologiquement avec l’âge) ;
- la réduction de la capacité vésicale fonctionnelle nocturne: elle correspond à une diminution de la capacité de la vessie à stocker l’urine la nuit, à diurèse constante.
L’examen clé du bilan étiologique d’une nycturie est le calendrier mictionnel.
Il permet de préciser la répartition de la diurèse sur les 24 heures et de distinguer une polyurie d’une réduction de la capacité vésicale fonctionnelle.
Le bilan d’une polyurie :
- polyurie globale (jour et nuit): il convient de prescrire un ionogramme urinaire des 24 heures. Une osmolalité urinaire basse (< 200-300 mOsm/kg) oriente vers un diabète insipide (natrémie haute), une polydipsie/potomanie (natrémie basse). Une osmolalité haute (> 200-300 mOsm/kg) oriente vers une diurèse osmotique : diabète sucré en premier lieu ;
- polyurie nocturne: elle peut être multifactorielle, liée à des habitudes de boissons le soir inadaptées, à la prise de diurétique le soir, à une insuffisance rénale débutante, à la recirculation des œdèmes des membres inférieurs en cas d’insuffisance cardiaque ; le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est une cause facilement curable, et doit être systématiquement recherché notamment devant l’association d’une polyurie nocturne à des ronflements, une somnolence diurne, un surpoids, une hypertension artérielle. Sa prévalence augmente avec l’âge en raison d’une diminution du pic de sécrétion nocturne d’hormone antidiurétique (ADH).
Le bilan d’une réduction de la capacité fonctionnelle est le même que le bilan d’un SCHV.
B. Principes thérapeutiques d’une nycturie
En pratique, ne relève d’une prise en charge urologique que la nycturie en lien avec une réduction de la capacité vésicale fonctionnelle. Dans ce cas, en plus de règles hygiénodiététiques simples (diminution des apports hydriques le soir, surélévation des jambes en journée en cas d’œdème des membres inférieurs), et après avoir éliminé une cause d’irritation locale ou une obstruction sous-vésicale, les principes thérapeutiques seront ceux du SCHV, à savoir :
- rééducation ;
- traitements pharmacologiques : anticholinergiques ou bêta-3 agonistes ;
- neurostimulation tibiale postérieure transcutanée (électrostimulation non invasive réalisée à domicile) ;
- neuromodulation sacrée (implantation d’une électrode et d’un boîtier de stimulation au bloc opératoire) ;
- injection de toxine botulique intradétrusorienne.
En cas de cause locale ou d’obstruction, le traitement de la cause est à privilégier.
En ce qui concerne la nycturie en lien avec une polyurie permanente ou nocturne, la prise en charge dépendra bien sûr de la cause sous-jacente, et l’urologue devra savoir adresser le/la patient(e) vers le spécialiste concerné pour l’appareillage d’un SAOS ou la prise en charge d’une insuffisance rénale ou cardiaque. En l’absence de cause sous-jacente, la desmopressine, substitut d’hormone antidiurétique, peut être prescrite et prise le soir chez les sujets de moins de 65 ans.
IV. Dysurie
Il est important de noter que lorsque la vidange vésicale est incomplète, la fréquence mictionnelle augmente. En effet, un plus grand nombre de mictions de petite quantité est nécessaire pour éliminer la même diurèse. La pollakiurie, diurne et nocturne, est donc souvent associée à la dysurie.
L’obstruction sous-vésicale est en outre une étiologie du SCHV, notamment parce que l’obstacle sous-vésical impose une augmentation de la contractilité vésicale avec un épaississement de la vessie associée à une augmentation des afférences pelviennes qui favorisent à terme l’émergence d’une urgenturie.
A. Mécanismes physiopathologiques et étiologies de la dysurie
La vidange vésicale ne peut être convenablement réalisée, c’est-à-dire de manière facile, complète, et rapide, qu’à la condition d’une contractilité vésicale suffisante (moteur vésical) associée à une ouverture suffisante de la filière urétrale (absence d’obstruction sous-vésicale).
Ainsi, deux mécanismes de la dysurie doivent être distingués : l’obstruction sous-vésicale et l’hypocontractilité vésicale.
1. Obstruction sous-vésicale
Causes anatomiques pariétales
- Hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) (homme > 6edécade) : cf. Item 347.
- Sténose de l’urètre: chez l’homme, elle est souvent post-traumatique, après traumatisme de l’urètre ou du bassin ; iatrogène après manœuvres endo-urétrales ou sondage traumatique ; ou post-infectieuse après urétrites (gonococciques, le plus souvent). La sténose urétrale est plus rare chez la femme et est le plus souvent de cause inconnue (idiopathique). La moyenne d’âge de survenue d’une sténose urétrale est de 45 ans chez la femme.
- Cancer de la prostate: il s’agit d’une cause rare, survenant uniquement en cas de cancer localement avancé.
- Cystocèle: une dysurie peut être favorisée par la présence d’une cystocèle importante, c’est-à-dire débordant au-delà du plan de la vulve.
- Tumeur de l’urètre.
- Bandelette sous-urétrale ou autre chirurgie de l’IUE chez la femme, pouvant comprimer l’urètre.
Causes anatomiques endoluminales
- Caillotage vésical: la dysurie peut être le premier symptôme associé à l’hématurie macroscopique, avant la survenue d’une rétention aiguë d’urine (cf. Item 260).
- Calcul de l’urètre: il peut s’agir d’un calcul du haut appareil urinaire ou vésical ayant migré et s’étant enclavé dans l’urètre.
Causes fonctionnelles
- Dyssynergie vésicosphinctérienne: elle peut être neurologique ou fonctionnelle. Elle correspond à un défaut de relâchement du sphincter strié et/ou lisse lors d’une contraction vésicale. La dyssynergie neurologique survient consécutivement à une lésion médullaire. Lorsque la moelle épinière est lésée, les messages inhibiteurs adressés par les structures cérébrales peuvent ne plus correctement diffuser, aboutissant à une hyperactivité détrusorienne. Les messages de coordination de la vessie et des sphincters, initiés dans le tronc cérébral, ne diffusent plus non plus aboutissant à une contraction concomitante de la vessie et des sphincters. La dyssynergie fonctionnelle correspond au même phénomène mais en dehors de toute cause neurologique.
- Maladie du col vésical: elle correspond à un défaut de relâchement du sphincter lisse au niveau du col vésical le plus souvent sans cause retrouvée (idiopathique). Elle survient le plus souvent chez l’homme jeune mais existe également chez la femme.
Hypertonies iatrogènes médicamenteuses du sphincter strié urétral (SSU) et du col vésical: elles sont favorisées par la prise de médicaments à effet α-stimulants (ex. : midodrine pour hypotension orthostatique, solution nasale pour traitement symptomatique de la rhinorrhée contenant de la naphazoline ou de l’éphédrine…).
2. Hypocontractilité vésicale
- Les causes neurogènes: les atteintes neurologiques périphériques (des racines sacrées ou des nerfs périphériques pelviens) altèrent la capacité de la vessie à se contracter. C’est notamment le cas dans le syndrome de la queue-de-cheval, dans la neuropathie diabétique, ou après chirurgie pelvienne étendue pour cancer ou endométriose pelvienne profonde. L’hypocontractilité vésicale est alors souvent accompagnée d’une hyposensibilité voire d’une asensibilité vésicale et parfois d’une insuffisance sphinctérienne. Le tableau clinique est alors celui d’une dysurie ± associée à une IU d’effort.
- Les causes myogènes: elle est souvent secondaire à une altération progressive du muscle lisse vésical (muscle détrusorien) par vieillissement ou obstruction chronique (vessie de lutte).
- Les causes médicamenteuses: elles sont favorisées par la prise de médicaments à effet opioïde (opiacés) ou anticholinergique (antidépresseurs, antipsychotiques, etc.).
B. Bilan étiologique de la dysurie
1.Interrogatoire
L’interrogatoire, en plus d’évaluer le retentissement sur la vie quotidienne et les attentes du patient, doit chercher à déterminer le mécanisme et la cause de la dysurie.
Ainsi, tous les SBAU doivent être systématiquement recherchés (symptômes de la phase de remplissage, de la phase de vidange et de la phase post-mictionnelle).
Le calendrier mictionnel, indispensable à l’évaluation de tout SBAU, doit être demandé.
Les antécédents peuvent aussi permettre d’orienter vers le mécanisme sous-jacent :
- neurologiques:
– lésion médullaire : dyssynergie vésicosphinctérienne,
– lésion périphérique (queue-de-cheval ou neuropathie) : hypocontractilité vésicale ;
- urologiques:
– chirurgie endoscopique urologique et sondage urétral : sténoses de l’urètre,
– infections urinaires basses récidivantes et urétrites : sténose de l’urètre ;
- chirurgicaux pelviens:
– la chirurgie pelvienne réalisée dans le cadre des cancers pelviens (colorectaux, gynécologiques) ou de l’endométriose pelvienne profonde peut être responsable d’une dénervation périphérique : hypocontractilité vésicale.
Il est aussi important de préciser les prises médicamenteuses à la recherche de spécialités à effet opioïde, anticholinergique (hypocontractilité vésicale) ou α-stimulant (obstacle sous-vésical).
2. Examen physique
L’examen physique comprend :
- l’inspection du méat urétral et de l’ensemble du périnée ;
- la palpation de l’urètre ;
- la réalisation de touchers pelviens, permettant une évaluation de la taille et de la consistance de la prostate, la recherche d’une tumeur pelvienne, la recherche d’un fécalome chez le sujet âgé ;
- la réalisation d’un examen de l’abdomen à la recherche d’un globe vésical ;
- la réalisation d’un examen « neurologique » à minima :
– recherche de déficits dans le territoire sacré : sensibilité périnéale au toucher ; réflexe bulbo-anal (homme), clitorido-anal (femme), tonus anal,
– examen des pieds (creux ou plat), de la démarche, du passage talon/pointe,
– examen du sillon interfessier (déviation, touffe de poil, lipome), pouvant faire évoquer une anomalie de fermeture du canal rachidien (dysraphisme spinal/spina bifida).
3.Examens complémentaires
Les examens complémentaires doivent permettre d’objectiver la dysurie, d’évaluer son importance et son retentissement et participent à déterminer le mécanisme et la cause sous-jacente. La débitmétrie libre et l’échographie réno-vésico-prostatique sont systématiques. L’indication des autres examens est évaluée au cas par cas.
Débitmétrie libre
La débitmétrie libre, associée à la mesure du résidu post-mictionnel, contribue à : objectiver la dysurie et évaluer son importance en mesurant le débit urinaire et le résidu post-mictionnel.
Pour que la débitmétrie soit interprétable, la réplétion vésicale (volume uriné + résidu post-mictionnel) doit être d’au moins 150 ml. Un débit maximum (Qmax) < 15 ml/s est évocateur d’obstruction sous-vésicale. On analyse enfin la forme de la courbe qui doit être en cloche. Une courbe aplatie est évocatrice d’une obstruction sous-vésicale et une courbe polyphasique est évocatrice d’une hypocontractilité vésicale (fig. 8.2). Cet examen est non invasif et peut être réalisé en consultation.
Échographie
L’échographie (rénale, vésicale et pelvienne ± prostatique, avec mesure du résidu post-mictionnel) contribue à :
- objectiver la dysurie et évaluer son importance en mesurant le résidu post-mictionnel ;
- déterminer le mécanisme et la cause sous-jacente, en :
– évaluant le volume et la morphologie de la prostate (chez l’homme),
– recherchant une tumeur vésicale ou autre lésion tumorale pelvienne ;
- évaluer le retentissement de la dysurie, en :
– analysant l’épaisseur et l’aspect de la paroi vésicale (épaississement, aspect crénelé, diverticules),
– recherchant une urétérohydronéphrose (dilatation du haut appareil urinaire),
– recherchant un calcul intravésical.
![](https://www.urofrance.org/wp-content/uploads/2025/01/iamge2-768x612.jpg)
Fig. 8.2.
. Débitmétrie libre avec une courbe aplatie, un Qmax = 13,2 ml/s pour un V uriné = 515 ml, le tout étant évocateur d’une obstruction sous-vésicale. B. Débitmétrie libre avec une courbe plutôt polyphasique évocatrice d’une hypocontractilité vésicale.
Urétrocystoscopie
L’urétrocystoscopie, réalisée sous anesthésie locale, participe à déterminer le mécanisme et la cause sous-jacente, en recherchant une sténose urétrale ou un autre obstacle sous-vésical (volumineux adénome prostatique avec un lobe médian, tumeur, etc.).
Cystographie
La cystographie (urétrocystographie rétrograde et mictionnelle [UCRM]) contribue à :
- objectiver la dysurie et évaluer son importance en objectivant un résidu post-mictionnel ;
- déterminer le mécanisme et la cause sous-jacente, en :
– évaluant l’ouverture du col vésical,
– recherchant un autre obstacle sous-vésical ;
- évaluer le retentissement de la dysurie, en :
– évaluant l’aspect de la paroi vésicale (diverticules),
– recherchant un reflux vésico-urétéral.
Bilan urodynamique
Le bilan urodynamique (surtout l’épreuve pression-débit) contribue à :
- objectiver la dysurie et évaluer son importance en mesurant le débit urinaire et le résidu post-mictionnel ;
- déterminer le mécanisme et la cause sous-jacente. C’est le seul examen à même d’affirmer la présence d’une obstruction sous-vésicale ou d’une hypocontractilité vésicale en mesurant simultanément la pression détrusorienne (au moyen d’un cathéter muni d’un capteur de pression) et le débit urinaire.
C. Principes thérapeutiques de la dysurie
La complication aiguë de la dysurie est la rétention aiguë d’urine (cf. Item 347). Son traitement immédiat repose sur le drainage vésical par sonde vésicale ou par cathéter sus-pubien pour une durée aussi courte que possible.
Les complications infectieuses (infections urinaires fébriles) ou néphrologiques (insuffisances rénales aiguës ou chroniques) seront traitées spécifiquement et imposeront la recherche de la cause de la dysurie et son traitement étiologique (cf. infra).
1.Obstacles sous-vésicaux
Hypertrophie bénigne de la prostate
Cf. Item 347 (chapitre 20).
Sténoses de l’urètre
- Urétrotomie endoscopique: incision de la sténose par voie endoscopique.
- Urétroplastie: chirurgie de reconstruction de l’urètre.
- Dans les cancers de la prostate localement avancés avec obstruction de la lumière urétrale, il n’y a pas la plupart du temps d’indication à une prostatectomie totale. On peut dès lors proposer une résection transurétrale de désobstruction par voie endoscopique selon le même principe que la RTUP de l’HBP. En cas de forme métastatique, l’hormonothérapie instituée peut suffire à régler le problème en entraînant une réduction du volume de la prostate tumorale.
Dyssynergie vésicosphinctérienne
- Les traitements par α-bloquants ont montré une efficacité partielle.
- Les auto-sondages propres intermittents constituent le mode mictionnel de référence. Le patient utilise une sonde à usage unique et vide lui-même sa vessie à intervalles réguliers (6/j).
- Si les auto-sondages ne sont pas possibles par les voies naturelles (ex. : tétraplégie), une chirurgie de dérivation urinaire continente à l’ombilic peut permettre de réaliser les auto-sondages par voie abdominale.
- La sphinctérotomie prothétique ou chirurgicale. Elle est classiquement proposée aux patients lésés médullaires et consiste à empêcher le sphincter strié de se contracter (soit au moyen d’un « stent », soit par section chirurgicale endoscopique) afin de permettre la réalisation de mictions réflexes à basse pression. Elle impose un appareillage par étui pénien et ne peut donc être proposée qu’aux hommes. En outre, elle nécessite le maintien d’une contractilité vésicale satisfaisante.
- Dans les cas les plus défavorables, une dérivation non continente de type Bricker peut être proposée pour éviter les complications liées aux cathéters sus-pubiens et aux sondes vésicales à demeure à long terme.
- Dans les formes non neurologiques (fonctionnelles), la rééducation peut être efficace.
Autres
- Causes médicamenteuses : il est préconisé d’arrêter le ou les médicaments incriminés.
- Certaines dyssynergies fonctionnelles ou des situations rares de rétention « réflexe » et le syndrome de Fowler peuvent répondre à la stimulation électrique du nerf sacré S3 appelée « neuromodulation sacrée », aussi utilisée dans le traitement du SCHV.
2. Hypocontractilités vésicales
Il n’y a pas à l’heure actuelle de traitement pharmacologique de l’hypoactivité vésicale.
Le traitement repose sur les auto-sondages propres intermittents.
Le cathéter sus-pubien et la sonde vésicale à demeure ne sont pas des solutions viables à long terme, même avec des changements fréquents. En effet, ils exposent le patient à un inconfort permanent, à la destruction de l’urètre (escarres de verge chez l’homme et fistules urétrales chez l’homme et la femme), à des infections urinaires récidivantes menaçant le pronostic rénal et parfois vital, et à un risque de cancérisation sur inflammation chronique à long terme.
Dans de rares cas, l’hypocontractilité vésicale peut répondre à la neuromodulation sacrée.
Résumé
Rang |
Descriptif |
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Connaître les définitions et descriptions cliniques des SBAU des 3 phases du cycle mictionnel (remplissage, vidange, post-mictionnelle) Normalement : stockage = pas de fuite, sensation progressive de remplissage puis de besoin d’uriner ; vidange = volontairement déclenchée, facile, rapide, complète ; post-mictionnel = sensation de vidange complète Les symptômes de la phase de remplissage : – IU : perte involontaire d’urine – pollakiurie : augmentation du nombre de mictions (≥ à 8 en éveil) – nycturie : réveil par envie d’uriner (≥ 1 fois si gênant) – urgenturie : besoin d’uriner anormal car soudain, impérieux, irrépressible – syndrome clinique d’hyperactivité vésicale : urgenturie (suffit à elle seule) ± incontinence ± pollakiurie ± nycturie si pas d’infection, de tumeur (vessie ou voisinage), de calcul ou d’autre pathologie locale Les symptômes de la phase de vidange = dysurie : retard à l’initiation de la miction (dysurie d’attente), nécessité de pousser pour initier, poursuivre ou compléter la miction (dysurie de poussée), jet faible et/ou en arrosoir, jet haché Les symptômes de la phase post-mictionnelle : – les gouttes retardataires – la sensation de vidange incomplète |
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Connaître la définition de l’IU IU : toute perte involontaire d’urine |
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Connaître les définitions des 11 types d’IU (ICS, 2017) – particulièrement faire la différence entre IU d’effort, IU par urgenturie, IU fonctionnelle et incontinence associée à la rétention chronique 11 sous-types d’IU sont définis par l’ICS de Tokyo (2017) : – IU d’effort – IU par urgenturie – IU mixte – IU fonctionnelle – IU multifactorielle – IU continue – IU insensible – IU posturale – IU coïtale – IU associée à la rétention d’urine (anciennement IU par regorgement) – IU par fistule |
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Savoir faire le diagnostic positif d’une IU d’effort et d’une IU par urgenturie Savoir quantifier l’IU et évaluer son retentissement Le diagnostic est clinique L’interrogatoire oriente : – jet d’urine par le méat urétral pendant l’effort, s’arrête dès que l’effort est terminé, rien au repos allongé : IU effort – besoin urgent, n’importe quand qui ne laisse pas le temps d’arriver aux toilettes : IU par urgenturie L’examen confirme : lorsque la vessie est remplie, on demande un effort de toux au patient et on voit un jet d’urine s’échapper par le méat et s’arrêter dès que l’effort cesse |
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Connaître les signes d’alerte devant faire chercher une cause grave d’IU : – urgenturie : éliminer une infection urinaire, un calcul de vessie ou de l’uretère intramural (dernière portion qui traverse la paroi vésicale), une tumeur de vessie ou de voisinage – IU ou rétention d’urine + incontinence fécale ou dyschésie (difficulté à faire sortir les selles du rectum) + dysfonction sexuelle (dysérection, hypo-/anorgasmie) : évocateur (mais non spécifique) d’une origine neurologique ; renforcée si symptômes ou signes cliniques neurologiques associés : baisse d’acuité visuelle, parésie, paresthésie, etc. – hématurie macroscopique associée : éliminer une tumeur notamment vésicale, et une infection urinaire |
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Connaître la prévalence avec l’âge et le sexe de l’IU d’effort/par urgenturie/mixte et leurs facteurs de risque, chez l’homme, la femme et le sujet âgé La prévalence de l’IU dépend de la définition retenue : 1 goutte 1 fois par mois ou 3 couches/j (homme ou femme) IU chez la femme, augmente avec l’âge, la grossesse, l’accouchement par voie basse, la surcharge pondérale (surtout si obésité) : principal facteur de risque modifiable chez les 45-65 ans (IUE > IUU et IUM) ; après 65 ans, augmentation de l’IUU et IUM IU chez l’homme moins fréquente, augmente avec l’âge ; IUU la plus fréquente, IUE iatrogène : chirurgie de la prostate (cancer >> HBP) Chez l’homme et la femme, les maladies neurologiques sont un facteur de risque d’IU |
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Connaître les mécanismes physiopathologiques de l’IU d’effort et de l’urgence mictionnelle • IU d’effort : défaut d’occlusion de l’urètre Chez la femme, 2 mécanismes coexistent en proportion variable : – défaut de soutien de l’urètre à l’effort : hypermobilité urétrale – défaut permanent de fermeture du canal : insuffisance sphinctérienne Chez l’homme : insuffisance sphinctérienne prédominante, défaut permanent de fermeture du canal • IU par urgenturie : vessie incapable de contenir l’urine sans se contracter ou générer un faux besoin urgent (due à la vessie elle-même ou à sa commande neurologique) |
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Connaître le bilan de 1re ligne d’une IU (après diagnostic positif) Calendrier mictionnel, ECBU, échographie rénale, vésicale et pelvienne avant et après miction Drapeau rouge si IU par urgenturie (éliminer infection, tumeur vessie ou voisinage, calcul/corps étranger) |
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Connaître les indications et apports des examens d’imagerie devant une dysurie et une IU L’échographie rénale, vésicale et pelvienne avant et après miction a un apport morphologique et fonctionnel essentiel en 1re ligne UCRM, IRM cérébrale et médullaire ou IRM pelvienne sont des examens de 2e ou 3e ligne utilisés dans des contextes spécifiques |
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Connaître bilan étiologique et principes thérapeutiques d’une nycturie Le bilan doit permettre de distinguer : – réduction de la capacité vésicale fonctionnelle ≠ polyurie – calendrier mictionnel +++ (proportion de la diurèse jour/nuit) Les mesures hygiénodiététiques sont le traitement de première ligne En cas de polyurie, le traitement de la cause (SAOS, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, etc.) est à privilégier En cas de réduction de la capacité vésicale fonctionnelle : traitement d’une cause d’irritation locale ou d’une obstruction sous-vésicale et, en leur absence, traitement de type SCHV : rééducation, anticholinergiques, bêta-3 agonistes, neurostimulation tibiale postérieure, neuromodulation sacrée, toxine botulique intradétrusorienne |
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Connaître les principales étiologies de la dysurie de l’homme et de la femme : – vidange : contraction de la vessie, diminution des résistances urétrales – dysurie : contraction trop faible et/ou trop de résistances urétrales – résistances urétrales élevées : HBP, sténose de l’urètre (homme ++), iatrogène après traitement d’incontinence (femme) – hypocontractilité : dénervation vésicale périphérique, causes médicamenteuses, vessie de lutte |
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Connaître les principes de traitement des principales étiologies de dysurie chez l’homme et chez la femme : – HBP : médicaments (α-bloquants classe principale), chirurgie de désobstruction si échec des médicaments et gêne ou si complication – sténose : traitement chirurgical (endoscopie ou reconstruction) – modifications médicamenteuses, stimulations électriques dans certaines causes fonctionnelles – auto-sondages en cas d’échec des autres traitements ou d’hypocontractilité non éligible à une neuromodulation sacrée |
ECBU : examen cytobactériologique des urines ; HBP : hypertrophie bénigne de la prostate ; ICS : International Continence Society ; IRM : imagerie par résonance magnétique ; IU : incontinence urinaire ; IUE : incontinence urinaire d’effort ; IUM : incontinence urinaire mixte ; IUU : incontinence urinaire par urgenturie ; SBAU : symptômes du bas appareil urinaire ; SCHV : syndrome clinique d’hyperactivité vésicale ; UCRM : urétrocystographie rétrograde et mictionnelle. PROPRIETE INTELLECTUELLE Les photographies, illustrations, dessins ou tout autre graphique, documents, les signes, signaux, écrits, images, sons ou messages de toute nature figurant sur le Site (ci-après « les Contenus ») ne peuvent faire l’objet d’aucune reproduction ou représentation sans l’autorisation préalable expresse et écrite de L’AFU. POLITIQUE FOUILLE DE TEXTES ET DE DONNEES L’AFU s’oppose à toutes opérations de moissonnage et de fouille de textes et de données au sens de l’article L. 122-5-3 du code de la propriété intellectuelle. Cette opposition couvre l’ensemble du Site et des Contenus auxquels il donne accès. Toutes opérations de moissonnage et de fouille de textes et de données visant le Site et ses Contenus, y compris par des dispositifs de collecte automatisée de données constituent donc des actes de contrefaçon sauf obtention d’un accord spécifique formellement exprimé de L’AFU. L’article R. 122-28 du code de la propriété intellectuelle précisant que l’opposition mentionnée au III de l’article L. 122 5-3 peut être exprimée par tout moyen, y compris par le recours à des conditions générales d’utilisation d’un site internet ou d’un service, l’absence de metadonnées associées au Site, répertoires du Site, Contenus du Site est sans incidence sur l’exercice du droit d’opposition exprimé par les présentes conditions générales d’utilisation. |
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- CHAPITRE 21 Item 348 – Insuffisance rénale aiguë – Anurie
- Item 38 – Stérilité du couple : conduite de la première consultation
- CHAPITRE 3 Items 40, 41 – Algies pelviennes chez la femme : le syndrome de la douleur vésicale
- CHAPITRE 4 Item 44 – Tuméfaction pelvienne chez la femme
- CHAPITRE 5 Item 50 – Pathologie génitoscrotale chez le garçon et chez l’homme
- CHAPITRE 6 Item 58 – Sexualité normale et ses troubles
- CHAPITRE 7 Item 124 – Andropause (syndrome de déficit en testostérone lié à l’âge)
- CHAPITRE 11 Item 161 – Infections urinaires de l’adulte et de l’enfant
Dates à retenir
![17ème Journée URORISQ](https://www.urofrance.org/wp-content/uploads/2023/09/uroris-270x135.png)
17ème Journée URORISQ
![Journées des Innovations Techniques et Technologiques en Urologie 2025](https://www.urofrance.org/wp-content/uploads/2024/05/JITTU_25-Visuel-270x135.jpg)
Journées des Innovations Techniques et Technologiques en Urologie 2025
![Journées d’Onco-Urologie Médicale 2025](https://www.urofrance.org/wp-content/uploads/2024/09/JOUM_25-Bloc_marque-Blanc-270x135.jpg)