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CHAPITRE 6 Item 58 – Sexualité normale et ses troubles

I. Définitions

II. Physiologie

III. Dysfonctions sexuelle

IV. Prise en charge

Situations de départ

Difficulté à procréer

Troubles sexuels et troubles de l’érection

Anomalie de l’examen clinique mammaire

Hiérarchisation des connaissances

Rang

Rubrique

Intitulé

Descriptif

Définition

Connaître les définitions : genres, sexualités et société. Enjeux de reconnaissance et médicalisation

Éléments physiopathologiques

Connaître les quatre phases du rapport sexuel

Quatre phases du cycle d’excitation sexuelle

« Rapport sexuel » trop réducteur ?

Diagnostic positif

Connaître la sémiologie des principales dysfonctions sexuelles masculines et féminines

Diagnostic positif

Connaître les éléments de l’interrogatoire permettant d’identifier les troubles de la sexualité

Diagnostic positif

Connaître les quatre composantes impliquées dans la sexualité

Couple, pathologies organiques, environnement, psy

Étiologies

Connaître les causes organiques des dysfonctions sexuelles masculines et féminines

Étiologies

Connaître les autres étiologies des principales dysfonctions sexuelles

Prise en charge

Savoir orienter la prise en charge d’un couple présentant des troubles de la sexualité


Vignette clinique

Vous recevez en consultation un patient de 57 ans pour motif de trouble de l’éjaculation. Il présente comme antécédents un surpoids, un diabète de type 2, une chirurgie bilatérale pour hernie inguinale. Il travaille dans un magasin de téléphonie. Il est hétérosexuel, marié depuis 25 ans avec son épouse avec qui il a eu 1 enfant. Il se plaint d’une éjaculation précoce secondaire depuis 6 mois. Il vient en consultation avec son épouse, 55 ans, ménopausée, sans antécédent particulier, qui vous rapporte que depuis elle ne prend plus de plaisir lors de leurs relations sexuelles et se demande si elle n’a pas un trouble de l’orgasme.

À l’interrogatoire vous explorez la qualité de la relation actuelle du couple. Celle-ci semble favorable, sans conflit latent et sans grande difficulté de communication. L’intégrité psychologique individuelle et du couple semble plutôt respectée en dehors des difficultés sexuelles actuelles. Leur environnement n’a pas changé depuis plusieurs années et leur sexualité était plutôt épanouissante avant ces troubles de l’éjaculation.

Vous ne retrouvez pas à l’interrogatoire de signes évoquant une cause hormonale ou neurologique au trouble de l’éjaculation.

Vous réalisez un examen clinique ciblé qui ne retrouve pas d’anomalie au niveau des organes génitaux externes, un léger adénome prostatique au toucher rectal mais sans plainte fonctionnelle urinaire.

Vous poursuivez l’interrogatoire en précisant la dysfonction sexuelle et en recherchant d’autres troubles associés. Le patient vous rapporte que la qualité de ses érections est également moins bonne, avec une insuffisance de rigidité durant le rapport, et ce préalablement au problème d’éjaculation précoce. Vous ne retrouvez pas de signes évocateurs de déficit androgénique.

L’épouse du patient vous rapporte qu’elle présente depuis longtemps un peu de difficultés à atteindre l’orgasme mais que cela s’est aggravé depuis l’apparition des troubles de l’érection. Vous recherchez si ce trouble de l’orgasme survient malgré une excitation sexuelle adéquate et le patient vous rapporte ne pas réaliser de préliminaire ni de stimulation, notamment clitoridienne, chez son épouse puisqu’« ils n’en avaient jamais eu besoin ».

Vous faites donc le diagnostic de dysfonction érectile associée à une éjaculation prématurée chez le patient. Vous ne retenez pas le diagnostic de trouble de l’orgasme chez son épouse devant un probable défaut de stimulation sexuelle adéquate.

Votre prise en charge va consister en :

  • un bilan paraclinique d’une dysfonction érectile : bilan lipidique, glycémie à jeun (cf. Item 126, chapitre 9) ;
  • une prise en charge de la dysfonction érectile : prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire, traitement médicamenteux par inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 ;
  • une prise en charge sexologique globale : éducation sexuelle du patient et de sa partenaire, enseignement de techniques de stimulation sexuelle adéquates, réassurance quant à l’absence de trouble du désir ou de l’orgasme ;
  • une prise en charge de l’éjaculation prématurée : sexologique (apprentissage à la reconnaissance des sensations préorgasmiques, meilleur contrôle de la montée de l’excitation, dédramatisation) ± traitement médicamenteux (dapoxétine à prendre avant le rapport) si persistance de l’éjaculation précoce après prise en charge de la dysfonction érectile ;
  • une mise en place d’un suivi régulier.

I. Définitions

 

A. Sexe, genre, sexualité

Le terme « sexe » peut désigner plusieurs concepts dont les définitions varient selon les contextes : sexe légal (l’état civil), sexe psychique (l’identité sexuelle), sexe libidinal (l’orientation sexuelle) ou sexe biologique. Le sexe biologique recouvre – là encore – un ensemble de composantes : sexe chromosomique, sexe gonadique, sexe périnéal, sexe hormonal, sexe somatique.

À ce sexe biologique, la socialisation et l’éducation des individus associent un rôle, un comportement sexuel, une expression, des attributs. Cette représentation sociale du sexe est désignée sous le terme de « genre ».

Enfin la sexualité désigne communément le fait d’« avoir » ou de « faire » du sexe. Elle englobe le sexe, les identités et les rôles liés au genre, l’orientation sexuelle, l’érotisme, le plaisir, l’intimité et la reproduction. Elle est influencée par l’interaction de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, économiques, politiques, culturels, juridiques, historiques, religieux et spirituels.

 

B. Médicalisation de la sexualité et enjeux de reconnaissance

La sexologie prend son essor au xxe siècle, sous l’impulsion notamment des travaux de Masters et Johnson (1966). Ces derniers ont contribué à l’autonomisation d’une fonction sexuelle en séparant la sexualité du domaine de la reproduction, et lui donnant comme finalité nouvelle de sa définition l’obtention du plaisir.

En 1975, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé sexuelle comme un « état de bien-être physique, mental et social dans le domaine de la sexualité ». Le statut culturel de la sexualité se modifie dans cette deuxième moitié du xxe siècle et devient une composante à part entière de la santé, déplaçant également ses critères de normativité.

La médicalisation de la sexualité pose la question de l’influence des normes et des valeurs des médecins dans leur approche de la sexualité, et interroge l’éthique médicale fondée sur la notion de consentement.

La reconnaissance médicale d’une dysfonction sexuelle correspond à la distinction du normal et du pathologique dans le champ de la sexualité. Cette distinction doit viser à obtenir la meilleure santé sexuelle possible pour « un(e) individu(e) », par « une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui soient sources de plaisir et sans risque, libres de toute coercition, discrimination ou violence » (OMS, 2006).

Une sexualité est considérée « normale » non pas en fonction des activités dont elle est constituée, mais lorsque la réponse sexuelle satisfait celui ou celle qui la vit, sans porter préjudice aux partenaires, à l’entourage ou à la société.

Il n’y a ainsi pas lieu de médicaliser un dysfonctionnement de la réponse sexuelle ou un trouble du comportement sexuel lorsque l’individu(e) qui le vit s’en satisfait.


II. Physiologie

 


Un modèle de la réponse physiologique à une stimulation sexuelle a été théorisé et proposé par Masters et Johnson selon un modèle linéaire comprenant quatre phases (fig. 6.1).

  • Excitation : pouvant survenir à la suite d’un stimulus mental ou physique, cette phase se caractérise physiologiquement par un mécanisme vasculaire, résultant en une augmentation du rythme cardiaque, de la fréquence respiratoire et de la pression artérielle.

–     Chez l’homme, le pénis passe classiquement d’un état flaccide à un état de tumescence ou d’érection.

–     Chez la femme, le clitoris et la vulve se gonflent et le vagin produit un liquide lubrifiant.

  • Plateau : phase d’excitation précédant l’orgasme, cette phase se caractérise par un maintien et un renforcement des mécanismes de l’excitation par la poursuite des stimulations corticales (psychologiques) et médullaires (physique).

Fig. 6.1 Phases de la réponse sexuelle. 

Source : d’après Masters WH, Johnson. Human sexual response. 1966.

  • Orgasme: l’orgasme correspond à une sensation de plaisir intense survenant à la fin de la phase de plateau. Il s’accompagne de cycles rapides de contractions des muscles périnéaux.

–     Chez l’homme, il peut être pénien ou prostatique. L’orgasme pénien est souvent accompagné d’une éjaculation, mais ces deux mécanismes sont distincts et peuvent survenir respectivement l’un sans l’autre. L’éjaculation correspond à l’expulsion de sperme par le méat urétral selon une phase d’émission (sécrétion du liquide séminal, fermeture du col vésical), puis une phase d’expulsion (contraction rythmique des muscles péri-urétraux et périnéaux).

–     Chez la femme, l’orgasme clitoridien s’accompagne de contractions utérines et vaginales, possiblement d’éjaculation, et peut être multiple.

  • Résolution: la phase de résolution survient après l’orgasme et s’accompagne notamment d’un relâchement musculaire, d’une baisse de la pression artérielle, d’une détumescence du pénis/du clitoris. Elle est suivie d’une période réfractaire au cours de laquelle un nouveau cycle de réponse sexuelle ne peut être débuté.

Ce modèle linéaire en quatre phases présente des limites, notamment la séparation difficile des entités « désir » et « excitation », l’accent sur la notion d’excitabilité, et la non-prise en compte des paramètres psychologiques. Un modèle circulaire de la réponse sexuelle féminine a ainsi été proposé par Basson (2001) pour mieux rendre compte de la physiopathologie des dysfonctions sexuelles féminines (fig. 6.2).

Fig. 6.2. Physiopathologie des dysfonctions sexuelles féminines.

III. Dysfonctions sexuelles

 

A. Recherche d’une dysfonction sexuelle à l’interrogatoire

 La mise en œuvre d’une santé sexuelle doit disposer d’une compréhension globale de la sexualité, qui doit être explorée lors de l’interrogatoire. Le/la praticien(ne) doit ainsi s’intéresser à quatre grandes composantes de la sexualité.

1.Les relations sexuelles – Le couple

Le lieu d’expression de la sexualité, qu’il soit au sein d’un couple ou exprimé dans d’autres types de relations, peut être sujet à de nombreux dysfonctionnements (conjugopathies, perte de sécurité affective) pouvant limiter l’épanouissement de la sexualité.

2.L’intégrité physiologique

Certaines altérations anatomiques ou fonctionnelles peuvent restreindre la séquence d’événements physiologiques à l’origine de la réponse sexuelle, et doivent être recherchées à l’interrogatoire (cf. Causes organiques de dysfonctions sexuelles, tableau 6.1).

3.L’intégrité psychologique

De même, une séquence d’événements psychologiques et émotionnels est nécessaire au déroulement d’une réponse sexuelle satisfaisante. Les atteintes psychologiques pouvant altérer la réponse sexuelle sont multiples (traumatisme, abus sexuel, non-respect du consentement, difficultés liées à un projet de procréation, image de soi, stress professionnel, etc.) et doivent également être recherchées.

4.L’environnement

La sexualité s’inscrit dans un environnement qui peut être influencé par des facteurs sociaux, économiques, politiques, culturels, juridiques, historiques, religieux et spirituels. Des normes ou des contraintes en lien avec cet environnement peuvent exercer une influence importante sur la sexualité. L’interrogatoire doit ainsi permettre de bien comprendre l’environnement dans lequel s’exerce la sexualité.

 

B. Étiologies d’une dysfonction sexuelle (tableau 6.1)

Tableau 6.1. Étiologies des dysfonctions sexuelles. 

Type de dysfonction sexuelle

Causes organiques

Autres étiologies

Troubles de l’éjaculation

Anéjaculation ou éjaculation retardée

Causes neurologiques centrales (sclérose en plaques [SEP], lésion médullaire) et périphériques (diabète)

Hypogonadisme

Intoxication éthylique/stupéfiants

Iatrogénie médicamenteuse (psychotropes, tramadol, antihypertenseurs d’action centrale, inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine [ISRS])

Iatrogénie chirurgicale (prostatectomie totale, traitement chirurgical d’un adénome prostatique)

Dépression

Contexte relationnel défavorable

Peur de l’engagement

 

Éjaculation rétrograde

Causes neurologiques centrales (SEP, lésion médullaire) et périphériques (diabète)

Hypothyroïdie

Iatrogénie médicamenteuse (alpha-bloquants)

Iatrogénie chirurgicale (interventions rétropéritonéales : curage lomboaortique, traitement de l’adénome prostatique)

 

Éjaculation prématurée

Hyperthyroïdie

Causes neurologiques : lésion du cône terminal

Trouble anxiété sociale

Difficulté à la communication émotionnelle

Dépression

Hypospermie

Dysfonctionnement des vésicules séminales

Mutation gène CFTR

Éjaculations fréquentes

Troubles du désir

Dysthyroïdie

Syndrome métabolique

Andropause, ménopause

Troubles vésicosphinctériens

Troubles anorectaux

latrogénie médicamenteuse (psychotropes, hormonothérapie [antiandrogènes, anti-aromatases])

Maladies chroniques (cancer, douleurs)

Troubles génitosexuels associés (dysfonction érectile)

Stress ; anxiété

Dépression

Altération de l’image de soi

Modification du schéma corporel

Expérience sexuelle traumatisante

Faible niveau d’éducation sexuelle

Troubles de l’excitation

Causes neurologiques (SEP, lésion médullaire) et périphériques (diabète)

Facteurs de risque cardiovasculaire

Iatrogénie médicamenteuse (psychotropes)

Iatrogénie chirurgicale (chirurgie pelvienne)

Autres iatrogénies (radiothérapie pelvienne)

Maladies chroniques (cancer, douleur)

Stress ; anxiété

Dépression

Expérience sexuelle traumatisante

Maltraitance dans l’enfance

Contexte relationnel défavorable

Faible niveau d’éducation sexuelle

Troubles de l’orgasme

Anorgasmie ou hypo-orgasmie

Causes neurologiques centrales (SEP, lésion médullaire) et périphériques (diabète)

Facteurs de risque cardiovasculaire :

– iatrogénie médicamenteuse (psychotropes)

– iatrogénie chirurgicale (chirurgie pelvienne)

– autres iatrogénies (radiothérapie pelvienne)

– maladies chroniques (cancer, douleur, suites d’interventions chirurgicales lourdes…)

Stress ; anxiété

Dépression

Précarité affective

Sentiment de culpabilité

Peur de l’engagement

Altération de l’image de soi

Faible niveau d’éducation sexuelle

Dysorgasmie

Troubles vésicosphinctériens

Troubles anorectaux

Chirurgie pelvienne

 

Dysfonctions sexuelles avec douleurs

Infections (herpès, mycose, condylome, etc.)

Sécheresse vaginale (hypoestrogénie liée à l’âge ou iatrogène [anti-aromatases], antécédent de radiothérapie ou de curiethérapie)

Traumatisme obstétrical

C. Sémiologie des principales dysfonctions sexuelles

 

1.Troubles du désir (hommes et femmes)

Expression d’une plainte associée à la diminution ou une absence, persistante ou répétée, de désir, de pensées sexuelles/érotiques ou de fantasmes. Les motivations pour atteindre une excitation sexuelle sont rares ou absentes. Le manque d’intérêt sexuel est présent au-delà d’une diminution normale au cours de la vie ou des relations. 

Il existe plusieurs limites au diagnostic de trouble du désir, notamment sociales (pathologisation d’un faible désir sexuel ou de l’asexualité), scientifiques (définition imprécise des critères diagnostiques de souffrance associée ou de durée du trouble), et relationnelles (la baisse du désir est un diagnostic individuel d’un trouble relationnel, le désir étant toujours diminué par rapport à celui du/de la ou des partenaires.

2.Troubles de l’excitation (hommes et femmes)

Expression d’une plainte associée à l’incapacité, persistante ou répété, à atteindre ou maintenir jusqu’à l’acte sexuel une réponse sexuelle adéquate. Le trouble de l’excitation peut être psychique, physique, ou combiné :

  • trouble subjectif de l’excitation (excitation psychique): absence ou diminution marquée du sentiment d’excitation sexuelle, à la suite de tout type de stimulation sexuelle. Il n’est pas forcément associé à un trouble de l’excitation physique (une réponse physique de type érection ou lubrification vaginale peut survenir) ;
  • trouble génital de l’excitation (excitation physique): absence ou altération de l’excitation sexuelle génitale. Une réponse sexuelle psychique peut néanmoins survenir à partir de stimulations sexuelles non génitales.

–     Chez la femme, il se caractérise par une faible tumescence de la vulve et du clitoris et par un défaut de lubrification vaginale.

–     Chez l’homme, il se caractérise par une insuffisance érectile (cf. Item 126, chapitre 9).

3.Troubles de l’orgasme (hommes et femmes)

Expression d’une plainte associée à l’absence, la survenue retardée, ou la diminution marquée de l’orgasme ou des sensations orgasmiques, malgré une excitation sexuelle élevée et ce quel que soit le type de stimulation.

Cette définition souligne le critère diagnostique d’excitation sexuelle adéquate, pour différencier un trouble de l’orgasme avec un trouble du désir.

4.Troubles de l’éjaculation (hommes)

  • Éjaculation retardée: elle est définie par l’absence, la survenue retardée, ou la diminution marquée de la fréquence de l’éjaculation, éprouvées dans toutes ou presque toutes les occasions d’activité sexuelle.
  • Éjaculation prématurée (EP), définie par :

–     une perception subjective persistante et récurrente de perte de contrôle du mécanisme d’éjaculation en présence de stimuli érotiques appropriés ;

–     une détresse subjective, liée à l’EP, induite chez le patient et une insatisfaction sexuelle ou une anorgasmie liée à l’EP chez la/le partenaire ;

–     un temps de latence éjaculatoire court, qu’il soit perçu subjectivement par le patient et la/le partenaire, ou objectivement mesuré comme étant inférieur à 180 secondes (généralement).

  • Éjaculation rétrograde ou anéjaculation: caractérisée par l’absence d’éjaculation avec orgasme conservé. L’origine est souvent organique (cf. tableau 6.1) mais peut être psychogène.
  • Hypospermie: définie par un volume de sperme < 1,5 ml à l’éjaculation.
  • Éjaculation douloureuse: caractérisée par la survenue de douleur lors de l’éjaculation, elle peut être la conséquence d’une prostatite aiguë ou chronique.
  • Hémospermie : symptôme le plus souvent bénin, il faut toutefois éliminer un cancer de la prostate chez l’homme vieillissant. Elle est fréquemment observée dans les suites de biopsies de la prostate à visée diagnostique.

 

5. Troubles sexuels douloureux (femmes)

  • Dyspareunie: douleurs persistantes ou récurrentes lors d’une tentative de pénétration vaginale ou d’un rapport sexuel vaginal avec un pénis. Les dyspareunies peuvent se présenter comme des douleurs vaginales et/ou pelviennes superficielles ou profondes.
  • Vaginisme: difficultés persistantes ou récurrentes à permettre l’entrée vaginale d’un pénis, d’un doigt et/ou de tout objet, malgré le souhait exprimé par la femme. Il y a souvent un évitement (phobique), une contraction involontaire des muscles pelviens et une anticipation/peur/expérience de la douleur.
  • Vulvodynie: inconfort vulvaire chronique, souvent décrit par des sensations de brûlures douloureuses, sans lésions objectives ou atteinte neurologique associées.

IV. Prise en charge

 

La prise en charge d’une dysfonction sexuelle est globale, en s’intégrant notamment dans un modèle biopsychosocial.

L’évaluation clinique initiale doit se faire en un lieu et temps dédiés, selon une attitude d’écoute, positive, sans jugement. Elle doit permettre :

  • d’appréhender les différentes composantes et influences de la sexualité ;
  • de déterminer si la dysfonction sexuelle est primaire (de tout temps) ou secondaire (acquise), généralisée ou situationnelle (survenant alors selon certains types de stimulations, de situations, de partenaires) et de déterminer sa sévérité, selon l’intensité de la souffrance associée ;
  • de réaliser un examen clinique ciblé du patient ;
  • de définir le plus précisément possible la dysfonction sexuelle et un objectif thérapeutique en lien avec la demande de l’individu(e) ou du couple.

La prise en charge est ensuite adaptée spécifiquement aux dysfonctions sexuelles et objectifs thérapeutiques identifiés. Ses modalités vont faire appel à :

  • un travail d’autonomisation de la personne sur sa sexualité, soutenu par une information et une éducation sexuelle (éducation sur l’anatomie, enseignement de techniques appropriées de stimulation/masturbation) ;
  • la prise en charge des causes organiques en lien avec les professionnels concernés (urologue, gynécologue, psychologue, endocrinologue, andrologue, sexologue, kinésithérapeutes, etc.) et dans le cadre d’une approche multidisciplinaire ;
  • la recherche et la prise en charge des éventuels troubles associés (troubles mictionnels par exemple) ;
  • une approche psychosexologique pouvant mettre en jeu :

–     psychothérapie de soutien,

–     approche cognitivocomportementale (prise de conscience comportementale, sensorielle et émotionnelle),

–     prise en charge relationnelle (thérapie de couple) ;

  • un apport médicamenteux ou chirurgical si besoin ;
  • la mise en place d’un suivi pouvant inclure le/la partenaire.


Résumé

Rang

Intitulé

Descriptif

Connaître les définitions : genres, sexualités et société. Enjeux de reconnaissance et médicalisation

Le sexe biologique recouvre un ensemble de composantes : chromosomique, gonadique, périnéale, hormonale, somatique

La représentation sociale (un rôle, des comportements) associée au sexe biologique constitue le genre

La sexualité désigne communément le fait d’« avoir » ou « faire » du sexe. Elle englobe le sexe, les identités et les rôles liés au genre, l’orientation sexuelle, l’érotisme, le plaisir, l’intimité et la reproduction. Elle est influencée par l’interaction de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, économiques, politiques, culturels, juridiques, historiques, religieux et spirituels

Une sexualité est considérée « normale » non pas en fonction des activités dont elle est constituée, mais lorsque la réponse sexuelle satisfait celui ou celle qui la vit, sans porter préjudice aux partenaires, à l’entourage ou à la société

Connaître les quatre phases du rapport sexuel

Modèle linéaire de Masters et Johnson théorise le cycle sexuel en quatre phases :

– désir/excitation

– plateau

– orgasme

– résolution

Ce modèle est théorique (donc avec certaines limites) et ne prend pas en compte les paramètres psychologiques

Connaître la sémiologie des principales dysfonctions sexuelles masculines et féminines

Troubles du désir (hommes et femmes)

Persistance d’une diminution ou absence de désir, de pensées sexuelles/érotiques ou de fantasmes. Les motivations pour atteindre une excitation sexuelle sont rares ou absentes

Troubles de l’excitation (hommes et femmes)

• Trouble subjectif de l’excitation (excitation psychique) : persistance d’une absence ou diminution marquée du sentiment d’excitation sexuelle, à la suite de tout type de stimulation sexuelle

• Trouble génital de l’excitation (excitation physique) : persistance d’une absence ou altération de l’excitation sexuelle génitale

– Chez la femme : faible tumescence de la vulve et du clitoris et un défaut de lubrification vaginale

– Chez l’homme : insuffisance érectile (cf. Item 126, chapitre 9)

Troubles de l’orgasme (hommes et femmes)

Persistance d’une absence, survenue retardée, ou diminution de l’orgasme ou des sensations orgasmiques, malgré une excitation sexuelle élevée et ce quel que soit le type de stimulation

Troubles de l’éjaculation (hommes)

• Éjaculation retardée : absence, survenue retardée, ou diminution marquée de la fréquence de l’éjaculation, éprouvées dans toutes ou presque toutes les occasions d’activité sexuelle

• Éjaculation prématurée (EP), définie par :

– une perte de contrôle du mécanisme d’éjaculation en présence de stimuli érotiques appropriés

– une détresse subjective

– un temps de latence éjaculatoire court

• Éjaculation rétrograde ou anéjaculation : absence d’éjaculation avec orgasme conservé

 

• Hypospermie : volume de sperme < 1,5 ml à l’éjaculation

• Éjaculation douloureuse : survenue de douleurs lors de l’éjaculation, elle peut être la conséquence d’une prostatite aiguë ou chronique

• Hémospermie : symptôme le plus souvent bénin, il faut toutefois éliminer un cancer de la prostate chez l’homme vieillissant

Troubles sexuels douloureux (femmes)

• Dyspareunie : douleur persistante lors d’une tentative de pénétration vaginale

• Vaginisme : difficultés persistantes à permettre l’entrée vaginale d’un pénis, d’un doigt et/ou de tout objet, malgré le souhait exprimé par la femme. Il y a souvent un évitement, une contraction involontaire des muscles pelviens et une anticipation/peur/expérience de la douleur

• Vulvodynie : inconfort vulvaire chronique, souvent décrit par des sensations de brûlures douloureuses, sans lésions objectives ou atteinte neurologique associées

Connaître les éléments de l’interrogatoire permettant d’identifier les troubles de la sexualité

L’interrogatoire va explorer les quatre grandes composantes de la sexualité :

– les relations sexuelles/le couple

Le lieu d’expression de la sexualité, qu’il soit au sein d’un couple ou exprimé dans d’autres types de relations, peut être sujet à de nombreux dysfonctionnements (conjugopathies, perte de sécurité affective) pouvant limiter l’épanouissement de la sexualité

– l’intégrité physiologique

Recherche des causes organiques de dysfonctions sexuelles (cf. tableau 6.1)

– l’intégrité psychologique

Recherche d’atteintes psychologiques pouvant altérer la réponse sexuelle (traumatisme, abus sexuel, non-respect du consentement, difficultés liées à un projet de procréation, image de soi, stress professionnel, etc.)

– l’environnement

Des normes ou des contraintes en lien avec l’environnement (social, économique, politique, culturel, juridique, historique, religieux et spirituel) peuvent exercer une influence importante sur la sexualité

Connaître les quatre composantes impliquées dans la sexualité

Connaître les causes organiques des dysfonctions sexuelles masculines et féminines

Causes neurologiques : centrales (sclérose en plaques [SEP], lésion médullaire) et périphériques (diabète)

Causes hormonales : hypogonadisme, dysthyroïdie, andropause, ménopause

Causes cardiovasculaires : syndrome métabolique

Causes fonctionnelles : troubles vésicosphinctériens ; troubles anorectaux

Maladie chronique : cancer, antécédent de chirurgie lourde

Iatrogénie médicamenteuse : psychotropes, tramadol, antihypertenseurs d’action centrale, inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine (ISRS), alpha-bloquants, hormonothérapie (antiandrogènes, anti-aromatases)

Iatrogénie chirurgicale/ionisante : prostatectomie totale, traitement chirurgical d’un adénome prostatique, interventions rétropéritonéales, radiothérapie pelvienne

Intoxication : éthylique, stupéfiants

Connaître les autres étiologies des principales dysfonctions sexuelles

Causes liées au soi : dépression, trouble de l’anxiété sociale, stress, altération de l’image de soi

Causes relationnelles : contexte relationnel défavorable, difficultés de communication, précarité affective

Autres : faible niveau d’éducation sexuelle, expérience sexuelle traumatisante

Savoir orienter la prise en charge d’un couple présentant des troubles de la sexualité

Prise en charge globale, modèle biopsychosocial

Évaluation clinique initiale permet :

– d’appréhender les différentes composantes et influences de la sexualité

– de réaliser un examen clinique ciblé du patient

– de définir le plus précisément possible la dysfonction sexuelle et un objectif thérapeutique en lien avec la demande de l’individu(e) ou du couple

Modalités de la prise en charge :

– information et éducation sexuelle

– recherche et prise en charge des causes organiques

– recherche et prise en charge de troubles associés (troubles mictionnels par exemple)

– approche psychosexologique (psychothérapie de soutien, approche cognitivocomportementale)

– apport médicamenteux ou chirurgical si besoin

– suivi

 

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