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CHAPITRE 5 Item 50 – Pathologie génitoscrotale chez le garçon et chez l’homme

I. Généralités

II. Pathologies testiculaires et des annexes

III. Pathologies scrotales 

IV. Pathologies péniennes

V. Pathologies préputiales

Situations de départ

Douleur testiculaire

Découverte d’une malformation de l’appareil génital

Anomalie des bourses

Découverte d’une anomalie abdominale à l’examen d’imagerie médicale

Rédaction de la demande d’un examen d’imagerie

Demande d’un examen d’imagerie

Demande d’explication d’un patient sur le déroulement, les risques et les bénéfices attendus d’un examen d’imagerie

Dépistage et conseils devant une infection sexuellement transmissible

Hiérarchisation des connaissances

[1] Item partiel ; ne seront pas traitées dans ce chapitre :

– les pathologies relevant d’autres Collèges d’enseignants : infectiologie (infections sexuellement transmissibles/urétrites) ; chirurgie digestive (hernies inguinales, simples ou compliquées) ;

– les pathologies traitées dans d’autres chapitres de cet ouvrage : trouble de l’érection (dysfonction érectile, priapisme, courbure), tumeurs du testicule, traumatismes génitaux (testicule, corps caverneux, urètre).

Rang

Rubrique

Intitulé

Diagnostic positif

Connaître les modalités du diagnostic à partir de l’interrogatoire et de l’examen clinique des principales pathologies génitoscrotales

Identifier une urgence

Connaître l’urgence de la prise en charge d’une torsion du testicule, d’une fasciite nécrosante des organes génitaux externes (OGE), d’un paraphimosis

Contenu multimédia

Photographies : bourse transilluminable, bourse non transilluminable

Diagnostic positif

Connaître les modalités du diagnostic de l’orchiépididymite

Examens complémentaires

Connaître les examens complémentaires à réaliser en cas d’orchiépididymite

Prise en charge

Connaître les modalités de la prise en charge de l’orchiépididymite

Prise en charge

Connaître les principes généraux de la prise en charge d’une torsion du testicule, d’une fasciite nécrosante des OGE, d’un phimosis, d’un paraphimosis

Diagnostic positif

Connaître les modalités du diagnostic de l’hydrocèle et du kyste du cordon.

Examens complémentaires

Connaître les indications et non-indications de l’imagerie devant une hydrocèle

Diagnostic positif

Connaître les modalités du diagnostic du testicule non descendu

Examens complémentaires

Connaître les indications d’imagerie devant un testicule non descendu

Prise en charge

Connaître les modalités de la prise en charge de la cryptorchidie

Diagnostic positif

Connaître les modalités du diagnostic des infections préputiales, phimosis et paraphimosis

Prise en charge

Connaître les principes de la prise en charge des infections préputiales, phimosis et paraphimosis

Diagnostic positif

Connaître les modalités du diagnostic d’une torsion du cordon spermatique

Examens complémentaires

Connaître les indications et les diagnostics différentiels de l’imagerie d’une torsion du cordon spermatique

Contenu multimédia

Photographie d’un phimosis et d’un paraphimosis

 

I.Généralités 

A La pathologie génitoscrotale recouvre l’ensemble des atteintes acquises ou congénitales, et organiques ou fonctionnelles : du testicule, du scrotum, de la verge, et du prépuce.

Plusieurs tableaux cliniques peuvent être distingués selon le site, le principal signe d’appel et la chronologie d’installation (tableau 5.1).

Tableau 5.1.  A Présentation clinique et chronologique des principales pathologies génitoscrotales.

Site et signe

Chronologie

Acquis

Congénital

Brutal

Rapide

Progressif

Tuméfaction de la bourse

Traumatisme scrotal

Orchiépididymite

Torsion vue tardivement

Tumeur testiculaire

Hydrocèle

Hernie simple

Kyste du cordon

Varicocèle

Hernie par persistance du canal péritonéovaginal

Vacuité de la bourse

     

Ectopie testiculaire

Cryptorchidie

Douleur ou gêne scrotale

Torsion du cordon

Fracture testiculaire

Hernie étranglée

Torsion de l’hydatide sessile

Traumatisme scrotal

Orchiépididymite

Fasciite nécrosante des OGE

Tumeur testiculaire compliquée

Varicocèle

 

Pathologies péniennes

Fracture des corps caverneux

 

Tumeur de la verge

Micropénis

Ambiguïté sexuelle

Pathologies urétrales

Fracture de l’urètre

Infections sexuellement transmissibles

Sténose urétrale

Sténose du méat

Tumeurs urétrales

Anomalie de la position du méat (hypospadias, épispadias)

Pathologies préputiales

Paraphimosis

Rupture du frein

Balanoposthite

Phimosis

Phimosis

Brièveté du frein

Troubles de l’érection

Priapisme

 

Dysfonction érectile

Maladie de Lapeyronie

 

OGE : organes génitaux externes.

On apportera une attention particulière à la reconnaissance des pathologies d’installation brutale car elles impliquent une prise en charge urgente dans les premières heures.

II. Pathologies testiculaires et des annexes


A. Torsion du cordon spermatique

Vignette clinique

M. Dupont, un adolescent de 16 ans, se présente aux urgences à 8 heures du matin avec une douleur aiguë et intense au niveau du scrotum, apparue brutalement vers 2 heures du matin. La douleur est unilatérale, irradiant vers la région inguinale, sans position antalgique. Il mentionne également des nausées, mais n’a pas vomi. Il ne se souvient d’aucun traumatisme testiculaire récent, mais se rappelle avoir déjà ressenti une douleur similaire quelques mois auparavant, qui s’était résolue spontanément en quelques heures.

À l’examen clinique, on observe une bourse douloureuse, un testicule ascensionné, rétracté à l’anneau inguinal et horizontalisé du côté droit. Le réflexe crémastérien est aboli du côté douloureux. Il n’y a pas d’œdème scrotal notable. La bandelette urinaire est négative, et les orifices herniaires sont libres. Le testicule controlatéral est normal.

Compte tenu de l’âge de M. Dupont et de ses symptômes, la torsion du cordon spermatique est fortement suspectée. Conformément aux recommandations, aucune exploration complémentaire n’est entreprise afin de ne pas retarder la chirurgie. Une échographie-Doppler, qui aurait pu être envisagée en temps normal, est évitée car elle peut donner des résultats trompeurs.

L’intervention chirurgicale est initiée rapidement. Lors de l’exploration, le cordon spermatique est effectivement torsadé. Après la détorsion, la viabilité du testicule est évaluée. Heureusement, le testicule semble viable et une orchidopexie est réalisée pour fixer le testicule. Le testicule controlatéral est également fixé pour prévenir une torsion future.

M. Dupont est informé de la nécessité de cette chirurgie, des risques associés et des suites opératoires possibles, dont le risque d’atrophie testiculaire et d’hypofertilité.

1.Généralités 

La torsion du cordon spermatique survient préférentiellement au moment des pics d’activité hormonale (nourrisson et adolescent entre 12 et 18 ans). Elle est rare après 40 ans. Toute bourse aiguë douloureuse est une torsion du cordon spermatique jusqu’à preuve du contraire et ce quel que soit l’âge. Chez l’adolescent et l’adulte, il s’agit le plus souvent d’une torsion du cordon spermatique dans sa portion intravaginale (torsion intravaginale) par défaut des moyens de fixation du testicule. Le cordon réalise alors un ou plusieurs tours de spire qui entraînent une ischémie artérielle du testicule, pouvant devenir irréversible au-delà de 6 heures. Chez le jeune enfant et le nouveau-né, la torsion du cordon est plus rare et est extravaginale.

Il s’agit d’une urgence chirurgicale. Le risque est la mise en jeu du pronostic fonctionnel testiculaire avec ischémie et nécrose testiculaire. Ce risque est statistiquement corrélé à la durée de l’ischémie : plus la détorsion avec revascularisation est tardive, plus les fonctions endocrine et exocrine de la gonade sont mises en jeu.

Néanmoins, la torsion du cordon spermatique est une urgence thérapeutique quelle que soit la durée de l’ischémie.

2. Diagnostic

L’interrogatoire recherche notamment des facteurs de risque de torsion du cordon spermatique (traumatisme testiculaire, antécédent de torsion du cordon spermatique controlatéral). Il recherche également des circonstances déclenchantes comme la période du réveil. Le patient décrit une douleur aiguë, brutale (il peut souvent en donner l’heure du début), intense, continue, unilatérale, irradiant vers la région inguinale, sans position antalgique, gênant la marche, parfois accompagnée de nausées ou vomissements. Il peut exister des épisodes de torsion-détorsion dans les antécédents (épisodes douloureux scrotaux spontanément résolutifs).

L’examen physique doit être bilatéral et comparatif.

Les signes de la torsion sont unilatéraux mais le tableau est rarement complet :

  • bourse douloureuse ;
  • testicule ascensionné, rétracté à l’anneau inguinal, horizontalisé ;
  • abolition du réflexe crémastérien ;
  • parfois, palpation du tour de spire ;
  • œdème scrotal unilatéral (inconstant).

Il n’existe pas de signe pouvant orienter vers un diagnostic différentiel :

  • il n’y a pas de fièvre, la bandelette urinaire (BU) est négative, il n’y a pas d’écoulement urétral, pas de douleur prostatique au toucher rectal (TR), la douleur n’est pas soulagée par la suspension (signe de Prehn négatif) ;
  • les orifices herniaires sont libres ;
  • l’abdomen est souple et non douloureux ;
  • le testicule controlatéral est normal.

3. Examens complémentaires

Lorsqu’une torsion du cordon spermatique est soupçonnée, il est essentiel de ne pas différer l’intervention chirurgicale au profit d’examens complémentaires. Si une incertitude demeure, une exploration chirurgicale directe est préconisée. L’échographie testiculaire, en association avec la technique Doppler, est souvent employée pour identifier des caractéristiques spécifiques de la torsion. Par exemple, il est courant d’observer une torsion des vaisseaux sanguins dans la région inguinale, ressemblant à un motif en spirale ou signe du « tourbillon », « whirlpool sign ». De plus, le testicule concerné peut se présenter en position élevée avec une texture d’image hétérogène et une couleur plus foncée, suggérant un changement de sa position. Il est aussi possible de remarquer une diminution ou une absence de flux sanguin dans le testicule affecté comparé à son homologue sain.

Cependant, il est crucial de comprendre que l’échographie, même lorsqu’elle est combinée au Doppler, ne garantit pas toujours un diagnostic précis de la torsion du cordon spermatique. Un résultat Doppler normal ne signifie pas nécessairement qu’il n’y a pas de torsion. Bien que cette méthode d’imagerie puisse aider à différencier la torsion d’autres pathologies, comme une torsion d’une petite structure testiculaire nommée hydatide, ou d’autres problèmes tels qu’une hémorragie dans une tumeur, elle ne doit pas retarder une intervention chirurgicale en cas de forte suspicion de torsion. De plus, il est important de se rappeler que certaines inflammations du testicule et de l’épididyme peuvent présenter des symptômes similaires à une torsion lorsqu’elles sont analysées par échographie.

4. Traitement

Il s’agit d’une urgence chirurgicale.

Il est essentiel de fournir des détails sur l’intervention chirurgicale, tout en alertant sur la possibilité d’une orchidectomie si le testicule est nécrosé, ainsi que sur les risques futurs d’atrophie testiculaire et d’hypofertilité.

La chirurgie débute par une incision scrotale puis les principaux temps opératoires sont :

  • l’ouverture de la vaginale testiculaire ;
  • les prélèvements bactériologiques en cas d’hydrocèle réactionnelle ;
  • l’extériorisation du testicule (fig. 5.1) ;

Fig. 5.1.  Torsion du cordon spermatique.

  • le bilan lésionnel : recherche et quantification des tours de spire, appréciation des lésions ischémiques testiculaires ;
  • la détorsion du cordon ;
  • l’appréciation de la recoloration et de la viabilité du testicule :

–     si le testicule est viable : orchidopexie (fixation du testicule à la vaginale à l’aide de trois points de suture non résorbables). L’anomalie responsable de la torsion étant bilatérale, il est recommandé de fixer systématiquement le testicule controlatéral, dans le même temps ou lors d’une seconde intervention ultérieure,

–     si le testicule n’est pas viable : orchidectomie (envoi de la pièce en anatomopathologie).

Pas de pose de prothèse testiculaire dans le même temps en raison du risque infectieux : celle-ci pourra être proposée dans un second temps.

5. Diagnostics différentiels

Orchiépididymite aiguë

Si les signes infectieux locaux, urinaires ou généraux et l’apparition moins brutale de la douleur sont évocateurs, l’orchiépididymite est parfois difficile à écarter, notamment parce qu’une torsion du cordon vue tardivement a pu évoluer vers la nécrose puis la surinfection. En cas de doute, il faut explorer chirurgicalement.

 

Hernie inguinoscrotale étranglée

Des signes digestifs sont généralement associés (syndrome occlusif) et doivent faire évoquer ce diagnostic.

 

Torsion de l’hydatide sessile de Morgagni

L’hydatide sessile est un reliquat embryonnaire situé au pôle supérieur du testicule. Sa torsion provoque une douleur scrotale brutale, bien que généralement moins vive qu’en cas de torsion du cordon. Un nodule douloureux au pôle supérieur du testicule peut être palpé ou mis en évidence par transillumination scrotale. Le réflexe crémastérien est en général conservé. Cliniquement, le diagnostic différentiel avec une torsion du cordon reste impossible. La scrototomie exploratrice permettra de faire le diagnostic.

 

Complication locale d’une tumeur testiculaire

Exceptionnellement, une tumeur testiculaire peut être révélée par une complication locale brutalement douloureuse, telle une nécrose ou une hémorragie intratumorale. En cas de doute clinique sur une tumeur testiculaire à la palpation, une échographie-Doppler est demandée.

 

Colique néphrétique

En cas de douleur irradiant vers le testicule, avec un examen testiculaire normal et une hématurie micro- ou macroscopique, il faut savoir évoquer un calcul du bas uretère pouvant se révéler par les seules irradiations douloureuses. Cela reste cependant un diagnostic d’élimination.

 

Traumatisme testiculaire

En général, le contexte (choc testiculaire direct) est d’emblée évocateur.

 

6. Formes atypiques

Torsion vue tardivement ou négligée

Une fois la nécrose installée, les douleurs testiculaires diminuent. Les signes inflammatoires locaux sont parfois au premier plan (grosse bourse inflammatoire douloureuse, hydrocèle réactionnelle) rendant difficile le diagnostic différentiel avec une orchiépididymite simple. Une fébricule est possible. L’évolution se fait ensuite soit vers la nécrose aseptique avec atrophie progressive du testicule, soit vers la fonte purulente du testicule. L’échographie scrotale est indiquée.

 

Épisodes de torsion-détorsion récidivants

Il faut les évoquer en cas de douleurs testiculaires unilatérales, spontanément résolutives et récidivantes. Un testicule indolore et un examen clinique normal en dehors des crises, mais avec un testicule hypermobile, doivent faire penser au diagnostic. Il existe un risque de torsion vraie du cordon spermatique. L’orchidopexie préventive est proposée.

 

Torsion du cordon spermatique sur testicule cryptorchide

Véritable piège diagnostique, le tableau clinique est dominé par des douleurs inguinales ou abdominales pouvant faire évoquer une appendicite aiguë. La bourse homolatérale est vide.

 

B. Orchiépididymite

Vignette clinique

M. Testitourdi, 28 ans, se présente aux urgences pour une douleur aiguë à la bourse droite évoluant depuis 36 heures. La douleur est apparue progressivement, mais non brutalement, et a augmenté en intensité. M. Testitourdi rapporte également une sensation de chaleur locale et une gêne à la marche.

Examen clinique :

>     inspection : bourse droite œdémateuse, luisante, et chaude à la palpation ;

>     palpation : épididyme inflammatoire et douloureux, funiculite palpable. Sillon épididymotesticulaire non discernable ;

>     signe de Prehn : positif (le soulèvement du testicule atténue la douleur) ;

>     fièvre : 38,5 °C ;

>     autres symptômes : brûlures mictionnelles et pollakiurie. Pas d’écoulement urétral. Bandelette urinaire positive.

Antécédents : M. Testitourdi avoue avoir eu des rapports sexuels non protégés avec plusieurs partenaires au cours du mois dernier. Pas d’antécédents chirurgicaux ou médicaux notables.

Examens complémentaires :

>     biologie : syndrome inflammatoire (CRP élevée, leucocytose) ;

>     échographie-Doppler : pas d’éléments en faveur d’une torsion du cordon spermatique. Pas de signes d’abcès ;

>     ECBU : attente de résultats ;

>     PCR pour Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhoeae : en cours.

Diagnostic : orchiépididymite probable, à confirmer par les résultats bactériologiques.

Traitement : prescription de ceftriaxone 500 mg en 1 injection intramusculaire, suivie de doxycycline 200 mg/j pendant 10 jours. Conseil de porter un suspensoir, de repos, et d’abstention sexuelle ou d’usage de préservatif durant le traitement. Mise en garde sur la nécessité d’un dépistage des IST pour ses partenaires récentes.

1.Généralités

L’orchiépididymite est une inflammation du testicule et de l’épididyme, le plus souvent d’origine infectieuse. La voie de contamination habituelle est rétrograde déférentielle et l’origine peut être :

  • sexuelle (germes des infections sexuellement transmissibles [IST]) : chez l’homme ayant des pratiques sexuelles à risque (souvent plutôt jeune) ;
  • urinaire (bacilles Gram négatif) : chez l’homme ayant des symptômes du bas appareil urinaire (souvent plutôt âgé).

L’orchite isolée est rare, qu’il s’agisse d’une contamination par voie sanguine (orchite ourlienne, tuberculeuse) ou d’une orchite inflammatoire sur purpura rhumatoïde (à évoquer en présence d’un purpura cutané chez l’enfant).

Les risques évolutifs de l’orchiépididymite infectieuse sont l’abcédation, la fonte purulente du testicule, l’atrophie testiculaire, l’hypofertilité et les douleurs scrotales chroniques résiduelles.

2.Examen clinique

Il existe une grosse bourse douloureuse inflammatoire (œdémateuse, luisante, chaude), d’apparition rapide mais non brutale (en quelques heures ou dizaines d’heures). Un épididyme inflammatoire et douloureux est perçu à la palpation. Une infiltration douloureuse du cordon (funiculite) peut être palpée. Épididyme et testicule peuvent se confondre en une masse volumineuse, faisant disparaître le sillon épididymotesticulaire (signe de Chevassu négatif). Une hydrocèle réactionnelle peut gêner l’examen clinique. Typiquement, soulever le testicule soulage la douleur (signe de Prehn positif).

Des signes infectieux généraux (fièvre), urinaires (brûlures, pollakiurie, urines troubles, BU positive), urétraux (écoulement, urétrite), prostatiques (douleur de prostatite au TR) sont souvent associés. Ils peuvent cependant être minimes ou faire défaut dans des cas atypiques.

Il faut rechercher les facteurs favorisants :

  • sexuels : rapport à risque, antécédents d’IST, de la puberté à 35 ans ;
  • urinaires : obstacle sous-vésical, manœuvres endo-urétrales (sondage, cystoscopie).

Un testicule cryptorchide peut aussi s’infecter et être le siège d’une orchiépididymite. L’examen des bourses chez un homme avec un tableau abdominal infectieux doit être systématique.

3.Examens complémentaires

Le diagnostic est avant tout clinique. Il existe le plus souvent un syndrome inflammatoire biologique. L’échographie-Doppler du testicule peut aider lorsque l’examen clinique est non contributif ou lorsque l’on pense à une complication (abcès). 

En cas de doute avec une torsion du cordon, une exploration chirurgicale est réalisée.

Un bilan bactériologique est demandé à visée étiologique : examen cytobactériologique des urines (ECBU) du premier et du second jet urinaire (examen direct, mise en culture et PCR à la recherche de Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhoeae). Un bilan d’IST (cas index et partenaires) est à faire le cas échéant.

En cas de doute diagnostique avec une torsion du cordon spermatique ancienne (> 24 h), une échographie-Doppler sera réalisée.

4.Prise en charge

 Le traitement antibiotique, initialement probabiliste, est celui d’une IST ou d’une infection urinaire masculine. Ce choix se base donc principalement sur l’anamnèse et le contexte.

En cas de suspicion d’IST, plusieurs schémas sont possibles :

  • ceftriaxone 500 mg en 1 injection intramusculaire suivie par doxycycline 200 mg/j pendant 10 jours ;
  • ou ofloxacine 200 mg × 2/j pendant 10 jours.

Dans les formes à point de départ urinaire, les fluoroquinolones sont volontiers de première intention. Le relais se fait en fonction de l’antibiogramme et pour une durée de 14 jours.

Les mesures associées sont : le port d’un suspensoir ou d’un slip serré à visée antalgique, le repos, l’abstinence sexuelle ou des rapports protégés par préservatif, la recherche d’autres IST chez le patient et le dépistage de ses partenaires.

L’hospitalisation peut être envisagée en cas de signes généraux ou locaux sévères. Rarement, un geste chirurgical peut être nécessaire pour une forme compliquée (abcès, fonte purulente, nécrose).

 

C. Testicule non descendu

Vignette clinique

M.Ascendus, 24 ans, se présente en consultation pour un souci qu’il a remarqué depuis son adolescence et n’a jamais vraiment abordé avec un médecin. Il évoque la non-présence d’un testicule dans son scrotum. Lors de son autopalpation mensuelle, il remarque que son testicule gauche est absent du scrotum, mais sent quelque chose près de l’orifice inguinal

Examen clinique :

>     inspection : asymétrie du scrotum avec absence du testicule gauche ;

>     palpation : un testicule est palpable à l’orifice inguinal gauche, non réintégrable dans la bourse. Le testicule droit est de taille normale sans anomalies palpables.

Antécédents : pas d’antécédents chirurgicaux ou médicaux notables. Pas de douleurs ni de symptômes associés.

Examens complémentaires :

>     échographie : confirme la présence du testicule gauche en position inguinale, sans signes d’atrophie ni de lésions suspectes ;

>     TDM AP : pas de testicule ectopique visualisé ;

>     IRM : pas réalisée à ce stade.

Diagnostic : cryptorchidie gauche isolée chez un adulte jeune.

Traitement : après discussion avec le patient concernant les risques et bénéfices, il est décidé de procéder à un abaissement testiculaire par voie inguinale avec fixation par voie scrotale. On informe M. Ascendus des risques de récidive, d’atrophie testiculaire et du risque de cancer du testicule. On insiste sur l’importance de l’autopalpation régulière même après l’opération.

1.Définition

Une cryptorchidie est une anomalie de migration embryologique du testicule. Elle correspond à un arrêt de migration sur le trajet normal, entre l’aire lombaire et le scrotum. Le plus souvent unilatérale, elle peut être bilatérale. Elle est à distinguer de l’ectopie testiculaire (testicule en dehors du trajet physiologique de migration).

C’est un état congénital, le plus souvent pris en charge par les chirurgiens pédiatriques après dépistage néonatal mais il arrive d’y être confronté chez un adulte. La localisation la plus fréquente du testicule cryptorchide est à l’orifice inguinal superficiel. L’incidence de la cryptorchidie est plus élevée chez les nouveau-nés prématurés.

2.Signes cliniques

Le signe d’appel est la vacuité de la bourse à la palpation. Le testicule est souvent palpable (80 % des cas) à l’orifice inguinal mais ne peut être réintégré dans la bourse. S’il est palpable, il faut en évaluer le volume (recherche d’atrophie) et rechercher une hypertrophie controlatérale compensatrice.

En cas de cryptorchidie bilatérale non palpable, une exploration avec caryotype et bilan endocrinien recherchera un trouble de différenciation sexuelle, une anorchidie.

Chez l’enfant le diagnostic différentiel est le testicule oscillant, c’est-à-dire pouvant remonter en dehors de la bourse mais pouvant descendre spontanément ou manuellement et sans tension dans le scrotum. Il s’agit dans ce cas d’une hyperactivité du muscle crémaster.

3.Complications

 Les deux grandes complications sont celles de la dysgénésie gonadique associée à la cryptorchidie et persistent donc même après abaissement chirurgical :

  • cancer du testicule: l’abaissement permet cependant le dépistage par autopalpation ;
  • hypofertilité : le risque n’est réel qu’en cas de cryptorchidie bilatérale et d’autant plus élevé que les testicules sont abaissés tardivement.

Les pathologies testiculaires classiques (torsion du cordon, orchiépididymite, traumatisme testiculaire) peuvent aussi survenir sur testicule cryptorchide, ce qui en complexifie le diagnostic. D’une manière générale, tout médecin doit savoir examiner les bourses d’un homme ayant un syndrome abdominal.

4.Examens complémentaires

Le diagnostic est clinique, les examens complémentaires servent à localiser le testicule lorsqu’il n’est pas palpable. On réalisera une échographie, une tomodensitométrie abdominopelvienne (TDM AP) ou une imagerie par résonance magnétique (IRM). En cas de négativité, une laparoscopie abdominale exploratrice est parfois indiquée.

5. Prise en charge

Le traitement chirurgical de la cryptorchidie ne s’envisage pas avant l’âge de 1 an. En cas de cryptorchidie non traitée pendant l’enfance, l’indication d’abaissement testiculaire reste de mise. Le traitement de référence est chirurgical et plusieurs situations sont possibles :

  • soit le testicule cryptorchide est palpable et on réalise alors un abaissement testiculaire par voie inguinale avec fixation par voie scrotale ;
  • soit le testicule cryptorchide n’est pas palpable et on débute alors l’intervention par une laparoscopie exploratrice à la recherche du testicule. S’il s’avère que le testicule est retrouvé très atrophique, on peut discuter une orchidectomie. Si le testicule est de taille satisfaisante et bas situé, il est abaissé en un temps. Si le testicule est très haut situé, l’abaissement se déroule en deux temps : ligature première des vaisseaux spermatiques puis abaissement secondaire par voie inguinale.

Il faut informer des risques de récidive, de lésion du conduit déférent et d’atrophie testiculaire. Il faut aussi informer que même après l’abaissement, il existe un risque de cancer du testicule. Le dépistage par autopalpation s’en trouve cependant facilité.

III. Pathologies scrotales


A. Hydrocèle vaginale

Vignette clinique

M. Léger, 45 ans, consulte pour une augmentation progressive du volume de sa bourse gauche depuis plusieurs mois. Il ne ressent pas de douleur, mais décrit une sensation de pesanteur et est gêné par l’aspect esthétique, notamment lorsqu’il porte des vêtements ajustés.

Examen clinique :

>     inspection : augmentation notable du volume de la bourse gauche ;

>     transillumination : la lumière passe à travers la bourse gauche, indiquant une collection liquidienne ;

>     palpation : le testicule gauche est difficilement palpable en raison de la quantité de liquide. Le cordon spermatique est libre et normal. Pas de signes de hernie inguinale palpable.

Antécédents : aucun antécédent notable de traumatisme ou de chirurgie inguinale. Pas d’antécédents d’infections ou de douleurs testiculaires.

Examens complémentaires : l’échographie scrotale montre une importante collection anéchogène entourant le testicule gauche, compatible avec une hydrocèle. Le testicule lui-même semble normal, sans signes de pathologie associée.

Diagnostic : hydrocèle vaginale non communicante de la bourse gauche.

1.Définition

Il s’agit d’un épanchement liquidien dans la cavité séreuse qu’est la vaginale testiculaire. Cette cavité est une émanation de la cavité péritonéale, emportée lors de la migration testiculaire à travers le canal inguinal.

Chez l’enfant, l’hydrocèle est due à la persistance d’un canal péritonéovaginal et on parle alors d’hydrocèle communicante souvent associée à une hernie.

Chez l’adulte, ce canal est obturé et l’hydrocèle, non communicante, est le plus souvent idiopathique, par défaut de résorption liquidienne par la vaginale. Elle peut également être réactionnelle à d’autres pathologies comme une orchiépididymite, une torsion du cordon spermatique, un traumatisme testiculaire ou un cancer du testicule.

2.Examen clinique

Elle correspond à une augmentation indolore, unilatérale et permanente du volume de la bourse (fig. 5.2), mais avec une gêne à type de pesanteur, et qui est transilluminable (fig. 5.3). Le volume peut varier au cours de la journée.

Fig. 5.2. Grosse bourse droite. 

Fig. 5.3. Bourse transilluminable.


L’hydrocèle peut être très abondante et c’est généralement la gêne esthétique ou la pesanteur qui amène le patient à consulter. À l’examen, le testicule est souvent impalpable en raison du volume de liquide qui l’entoure. Le cordon spermatique est normal et libre. Les orifices herniaires inguinaux sont libres.

Chez l’enfant et le nouveau-né, l’hydrocèle communicante par persistance du canal péritonéovaginal est intermittente, de volume variable, réductible et souvent associée à une hernie, à l’inverse de chez l’adulte.

En cas de transillumination négative (fig. 5.4), il faut évoquer un diagnostic différentiel (tumeur testiculaire, hernie inguinoscrotale, varicocèle, hématocèle, etc.).

Fig. 5.4.  Bourse non transilluminable.

3.Examens complémentaires

L’échographie scrotale est l’examen de référence en cas de doute diagnostique ou en cas d’hydrocèle dite aiguë (hydrocèle volumineuse et sous tension) pour éliminer un diagnostic différentiel de hernie inguinoscrotale étranglée, notamment chez l’enfant, ou de torsion du cordon spermatique ou tumeur.

Elle met en évidence une collection liquidienne anéchogène autour du testicule.

Elle est utile pour éliminer un diagnostic différentiel avec un kyste de l’épididyme (ou du cordon).

Elle confirme que les testicules sont normaux et recherche une pathologie sous-jacente en cas d’hydrocèle réactionnelle (à une orchiépididymite ou une tumeur).

 

B. Varicocèle

Vignette clinique

Julien, 28 ans, consulte son médecin traitant pour une sensation de pesanteur dans la région de la bourse gauche, surtout ressentie en fin de journée. Il mentionne également que lui et sa compagne essayent d’avoir un enfant depuis plus d’un an sans succès.

Examen clinique :

>     interrogatoire : Julien ne signale aucune douleur aiguë, aucun traumatisme récent ni antécédents médicaux notables. Cependant, il exprime des inquiétudes quant à son infertilité potentielle ;

>     inspection : en position debout, on observe une dilatation des veines du scrotum gauche, légèrement visible sous la peau ;

>     palpation : on retrouve une tuméfaction molle, au-dessus et en arrière du testicule gauche. La tuméfaction disparaît presque complètement en position couchée ;

>     épreuve de Valsalva : lorsque Julien réalise une expiration forcée à glotte fermée, la tuméfaction augmente de volume.

Antécédents : Julien ne présente pas d’antécédents chirurgicaux ni d’autres problèmes médicaux. Il ne prend actuellement aucun médicament.

Examens complémentaires : une échographie scrotale est recommandée pour confirmer le diagnostic, évaluer le degré de dilatation des veines du plexus pampiniforme, le retentissement sur la trophicité testiculaire et l’aspect du testicule controlatéral.

Diagnostic : varicocèle du testicule gauche.

1.Définition

Une varicocèle est une dilatation variqueuse des veines spermatiques (plexus pampiniforme). Elle survient à gauche dans 90 % des cas, par une insuffisance valvulaire à l’abouchement de la veine spermatique gauche dans la veine rénale gauche, générant un reflux veineux, vers ou après la puberté. À droite, la veine se draine dans la veine cave inférieure. La varicocèle a une incidence de 20 à 40 % dans la population hypofertile (hyperthermie testiculaire par stase veineuse).

2.Examen clinique

L’interrogatoire recherche des douleurs à type de pesanteur, surtout vespérales, une hypotrophie testiculaire, une infertilité.

L’examen physique est effectué en position debout puis couchée. Cet examen peut mettre en évidence une dilatation variqueuse du cordon parfois visible sous la peau. Il retrouve une tuméfaction molle située au-dessus et en arrière du testicule. Cette tuméfaction s’atténue en position couchée et augmente après à l’épreuve de Valsalva (expiration forcée à glotte fermée augmentant la pression intra-abdominale).

Attention : toute varicocèle d’apparition rapide doit faire éliminer un obstacle sur la veine spermatique (adénopathie, thrombus), notamment, à gauche, un cancer du rein gauche avec thrombus veineux.

 

C. Fasciite nécrosante des organes génitaux externes dite gangrène gazeuse, ou de Fournier



Vignette clinique

Patient : Albert, 56 ans.

Présentation : Albert se présente aux urgences avec une douleur intense et un œdème significatif du périnée et du scrotum. La zone est érythémateuse, chaude au toucher et des zones de coloration noirâtre sont visibles.

Antécédents médicaux : Albert est diabétique, sous insuline, et a des antécédents d’éthylisme chronique.

Examen clinique :

>     inspection : érythème marqué, œdème du périnée et du scrotum, avec présence de plaques noirâtres évoquant une nécrose ;

>     palpation : sensation de crépitements sous-cutanés au niveau de la zone affectée ;

>     signes systémiques : Albert se sent mal, présente une fièvre et des frissons, et a une pression artérielle basse.

Examens complémentaires : les analyses sanguines montrent une élévation des globules blancs, une altération de la fonction rénale, et des perturbations de l’hémostase. Les gaz du sang indiquent une acidose métabolique.

Diagnostic : gangrène de Fournier en phase gazeuse évoluant rapidement vers la phase nécrotique.

Traitement : Albert est immédiatement transféré en unité de soins intensifs. Il est mis sous triple antibiothérapie intraveineuse. Une intervention chirurgicale d’urgence est planifiée pour exciser les tissus nécrotiques. La chirurgie est réalisée avec soin pour préserver autant de tissu sain que possible, tout en retirant tous les tissus compromis. Une colostomie de décharge temporaire est également réalisée pour détourner les selles et prévenir la contamination des plaies. En postopératoire, des soins réguliers des plaies sont planifiés. Une thérapie par oxygénothérapie hyperbare est également discutée.

Suivi : après l’intervention chirurgicale initiale, Albert nécessite plusieurs autres interventions pour nettoyer et débrider la zone. Une fois l’infection maîtrisée et la cicatrisation amorcée, une consultation avec un chirurgien plastique est organisée pour discuter des options de reconstruction.

Conclusion : le cas d’Albert illustre la gravité de la gangrène de Fournier, notamment chez les patients présentant des facteurs de risque. Une prise en charge rapide et efficace est essentielle pour réduire la mortalité et les complications associées à cette condition.

1.Généralités

La gangrène de Fournier, fasciite nécrosante ou gangrène gazeuse périnéale, est une cellulite nécrosante des organes génitaux externes et du périnée. Les germes responsables sont : anaérobies, Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa et streptocoques. La gangrène est le plus souvent secondaire à une affection locale (fistule anale, abcès périnéal, lésion cutanée, etc.) mais qui n’est pas toujours identifiée. Elle survient souvent sur terrain fragilisé (diabète, éthylisme chronique, immunodépression, etc.). Le retard de la prise en charge initiale et/ou la prise d’anti-inflammatoires sont des facteurs aggravants. C’est une infection grave avec un taux de mortalité de 20-50 %.

2.Diagnostic

Le diagnostic est clinique. Elle évolue en trois phases : inflammatoire, gangrène gazeuse et nécrose cutanée. L’évolution est brutale et vive avec une gêne scrotale et une fébricule, un œdème et une inflammation du périnée (première phase : inflammatoire), puis des crépitements sous-cutanés apparaissent (en cas de germes anaérobies) (deuxième phase : gazeuse). C’est enfin l’apparition et l’extension de zones de nécrose (troisième phase : nécrotique), de la fièvre, des frissons et du choc septique.

3.Prise en charge

Il s’agit d’une urgence médicochirurgicale avec une prise en charge réanimatoire. Des examens complémentaires sont indispensables : numération formule sanguine (NFS), créatinine, hémostase, groupe/Rhésus/recherche d’anticorps irréguliers (RAI), gaz du sang, lactates, bilan bactériologique (hémocultures, ECBU, prélèvements locaux).

Il faut mettre en place une triple antibiothérapie parentérale, active sur les germes anaérobies : pénicilline-C3G, métronidazole (antibiotique anti-anaérobie), aminoside.

Par ailleurs, un traitement chirurgical sous anesthésie générale est requis avec une excision/parage de tous les tissus nécrotiques, à renouveler tant que les lésions progressent. Si nécessaire, une colostomie de décharge est confectionnée en cas de lésions proches de l’anus. Les testicules sont parfois protégés temporairement par enfouissement au niveau inguinal ou sur la face interne des cuisses. Des pansements doivent ensuite être réalisés très régulièrement (toutes les 48 à 72 heures), nécessitant souvent des anesthésies générales itératives. À distance, une reconstruction en chirurgie plastique avec lambeaux peut être envisagée. Un traitement par oxygénothérapie hyperbare est parfois entrepris, au plus tôt.

 

IV. Pathologies péniennes

 

Les courbures de la verge sont traitées au chapitre 9.

Les priapismes sont traités au chapitre 9.

Les fractures-disjonctions urétrales sont traitées à l’item 334.

Les tumeurs du pénis ne sont pas au programme.

 

V. Pathologies préputiales 


A. Phimosis


Vignette clinique

Patient : Marc, 35 ans.

Présentation : Marc se rend chez son urologue pour des difficultés à décalotter son prépuce depuis plusieurs mois. Il décrit une douleur à la base du gland lors de tentatives de décalottage, accompagnée d’un léger écoulement malodorant. Par ailleurs, il remarque également une déviation de son jet urinaire.

Antécédents médicaux : aucun antécédent particulier. Pas d’antécédent de diabète ou d’infections urinaires répétées.

Examen clinique :

  • inspection : prépuce serré, ne pouvant être décalotté manuellement. Absence de lésions inflammatoires apparentes ;
  • palpation : pas de masse palpable ou de zone indurée à la base du gland.

Examens complémentaires : les analyses urinaires sont normales, sans signe d’infection.

Diagnostic : phimosis acquis sans étiologie évidente.

Traitement : étant donné les symptômes persistants et l’absence d’amélioration avec les traitements locaux, une chirurgie est proposée à Marc. Une posthectomie (circoncision) est recommandée pour éviter de futures complications et soulager sa gêne. Le tissu préputial retiré est envoyé pour un examen anatomopathologique afin d’exclure une éventuelle lésion précancéreuse ou un cancer du pénis.

Suivi : Marc récupère bien après la chirurgie. L’examen anatomopathologique ne montre aucune anomalie. La gêne et la douleur à la base du gland ont disparu, et le jet urinaire est redevenu normal. Marc est informé de la nécessité de surveiller régulièrement la zone et de consulter en cas de nouvelles anomalies.

Conclusion : le phimosis chez l’adulte peut avoir plusieurs causes et peut être associé à des complications potentiellement graves. Une prise en charge adaptée et un suivi régulier sont essentiels pour assurer le bien-être du patient et prévenir les complications.

1.Définition

Un phimosis est une sténose de l’anneau préputial. Le décalottage devient alors difficile, douloureux, voire impossible. Le diagnostic est porté devant un aspect rétréci de l’orifice préputial et un prépuce ne pouvant être retroussé en arrière du gland.

Il est physiologique chez le nourrisson et l’enfant jusqu’à 5 ans, expliqué par l’existence d’adhérences préputiales. Celles-ci se libèrent généralement spontanément et les décalottages forcés sont à proscrire chez l’enfant.

Le phimosis peut apparaître à l’âge adulte entraînant une difficulté au décalottage (douleurs, fissures), voire une impossibilité de décalotter. Lorsqu’un phimosis apparaît à l’âge adulte, il doit être considéré comme pathologique. Un phimosis acquis peut apparaître chez les patients diabétiques (diabète non diagnostiqué ou mal équilibré) ainsi que chez les sujets âgés par insuffisance de décalottage. Il peut être également secondaire à une lésion précancéreuse (lichen scléroatrophique) ou à un cancer du pénis.

2.Complications

Un phimosis peut provoquer :

  • des troubles mictionnels (dysurie, fuites d’urine, jet dévié) ;
  • des infections urinaires récidivantes, lorsqu’il est serré ;
  • à l’extrême, une rétention vésicale (globe) ;
  • une poche préputiale se gonflant d’urine lors des mictions, et pouvant se surinfecter ;
  • un paraphimosis, notamment en cas d’oubli de recalottage après sondage vésical ;
  • une inflammation chronique du gland (balanoposthite) par défaut de décalottage et accumulation de smegma.

À long terme, via la macération et l’inflammation chroniques ou le lichen scléroatrophique qu’il entretient, un phimosis est facteur de risque de cancer de la verge. Il peut le révéler (phimosis réactionnel) mais il peut aussi le masquer un certain temps.

3.Traitement

Chez l’enfant, il n’y a pas de traitement avant 2-3 ans. La libération des adhérences préputiales peut également se faire sous anesthésie locale (crème EMLA®) ou par application de dermocorticoïdes. À partir de 5-6 ans, et en cas d’échec des traitements locaux, un traitement chirurgical est à envisager, notamment en cas de complication (infection, dysurie, poche préputiale). Il peut s’agir d’une plastie de prépuce ou d’une résection du prépuce, dite posthectomie.

Chez l’adulte, le traitement est d’emblée chirurgical. La chirurgie est indiquée en cas d’infections à répétition ou de gêne importante. Le traitement peut être conservateur (plastie du prépuce) ou non (posthectomie). Une lésion précancéreuse ou un cancer de la verge doivent être recherchés par examen anatomopathologique.

 

B.Paraphimosis


Vignette clinique

Patient : Maxime, 22 ans.

Présentation : Maxime se rend aux urgences avec une douleur intense au niveau du gland et une incapacité à recalotter son prépuce. Il décrit une relation sexuelle la veille, après laquelle il s’est rendu compte de l’oubli de recalottage. Au réveil, il constate une douleur croissante, un gonflement du gland et une impossibilité à remettre le prépuce en position normale.

Antécédents médicaux : aucun antécédent notable. Pas de diabète, ou d’infection urinaire.

Examen clinique :

>     inspection : gonflement évident du prépuce formant une « bouée » autour du gland, de couleur violacée. Aspect typique du paraphimosis ;

>     palpation : gland tendu, œdémateux et très sensible au toucher.

Traitement : Maxime est immédiatement pris en charge compte tenu de l’urgence de la situation. Après une tentative de chasser l’œdème par compression douce du gland, un liquide hyperosmolaire est appliqué pour aider à réduire l’œdème. Suite à ces mesures, une réduction manuelle est tentée. Grâce à une manœuvre délicate et contrôlée, le prépuce est finalement recalotté avec succès, soulageant instantanément la douleur de Maxime.

Suivi : Maxime est gardé en observation pendant quelques heures pour s’assurer de la résolution complète de l’œdème et pour prévenir une récidive. Il est conseillé d’éviter les rapports sexuels pendant une semaine et de toujours se recalotter après chaque décalottage. Une consultation en urologie est programmée pour discuter d’une éventuelle circoncision, évitant ainsi le risque de récidive.

Conclusion : le paraphimosis est une urgence médicale nécessitant une prise en charge rapide pour prévenir des complications potentiellement graves. Une éducation et une sensibilisation appropriées, notamment chez les jeunes adultes, peuvent aider à prévenir cette situation.

1.Définition

Un paraphimosis est une striction de la base du gland par l’anneau préputial, au niveau du sillon balanopréputial. Le gland est donc décalotté et le recalottage impossible. Il se forme rapidement un œdème du prépuce, qui entoure le gland telle une bouée (fig. 5.5 et 5.6).

Il s’agit une complication du phimosis, secondaire à un décalottage prolongé : le gland est en ischémie, douloureux, avec un risque de nécrose.

Le mécanisme est généralement :

  • chez le petit enfant : un décalottage forcé sur phimosis ;
  • chez le jeune adulte : un oubli de recalottage notamment après un premier rapport sexuel ;
  • chez le sujet âgé : un oubli de recalottage après pose de sonde vésicale à demeure (iatrogène).

Fig. 5.5. Paraphimosis. 

Fig. 5.6. Paraphimosis.

Source : Cholet C, Seners P. Urologie. Dossiers progressifs et questions isolées corrigés. © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

2.Traitement

Il faut mettre en œuvre le traitement en urgence, dès que le diagnostic est posé. 

Le premier geste, en cas de paraphimosis iatrogène, consiste à retirer la sonde vésicale.

Ensuite, une réduction manuelle est effectuée consistant à :

  • chasser l’œdème balanopréputial par compression (progressive mais lente, à pleine paume) du gland et du prépuce, voire par application d’un liquide hyperosmolaire (compresse imbibée de mannitol ou de G30) ;
  • faire pression sur le gland avec les deux pouces ;
  • tout en basculant de l’anneau préputial vers l’avant pour recouvrir le gland avec les index et majeurs (mouvement du piston de la seringue en utilisant les deux mains).

En cas d’échec, il faut envisager une section de l’anneau préputial ou une posthectomie en urgence.

 

C. Brièveté et rupture du frein

 

Vignette clinique

Patient : Alexandre, 19 ans.

Présentation : Alexandre se rend dans un cabinet d’urologie, gêné par une douleur persistante au niveau de son pénis, apparue quelques jours après une activité sexuelle intense. Il se souvient d’un moment précis où il a ressenti une vive douleur, suivi d’un saignement notable. Après avoir consulté en ligne, il craint d’avoir rompu son frein.

Antécédents médicaux : pas d’antécédents médicaux notables. Il n’avait jamais remarqué de gêne particulière lors de ses érections auparavant.

Examen clinique :

>     inspection : une cicatrice fraîche est visible à la base du gland, correspondant au site habituel du frein. Le reste du pénis ne présente pas d’anomalie ;

>     palpation : l’endroit est sensible au toucher, mais il n’y a pas d’œdème ou d’induration particulière.

Discussion : Alexandre mentionne qu’il a toujours ressenti une légère tension lors de ses érections, mais il ne l’a jamais considérée comme anormale. Suite à l’incident, il a temporairement évité toute activité sexuelle.

Traitement : étant donné la gêne qu’il ressent toujours et la persistance d’un frein court, une plastie du frein est proposée à Alexandre. L’intervention est planifiée quelques semaines plus tard, sous anesthésie locale. L’opération est simple : une incision transversale est faite sur le frein, puis elle est refermée longitudinalement. Alexandre est rassuré sur le fait que l’intervention est courante et qu’elle devrait soulager sa gêne.

Suivi : une semaine après la chirurgie, Alexandre revient pour une consultation postopératoire. La cicatrisation progresse bien et il ne ressent plus de douleur. Il est informé des soins postopératoires, notamment de l’importance d’éviter les relations sexuelles pendant quelques semaines pour permettre une guérison complète.

Conclusion : la brièveté ou la rupture du frein peuvent être source d’inconfort et de complications pour certains hommes. Une prise en charge rapide et appropriée peut éviter des complications ultérieures et améliorer la qualité de vie du patient.

Le frein court est congénital mais c’est le plus souvent le jeune adulte qui consulte. La gêne est en effet ressentie à l’érection (mise en tension du frein, douleur, voire angulation du gland à l’érection).

L’événement amenant à consulter en urgence est la rupture du frein lors des premiers rapports ou masturbations. La rupture provoque un saignement qu’il faut contrôler par compression bidigitale.

En cas de frein court gênant ou s’étant rompu, le traitement est une plastie du frein, sans urgence. Elle est faisable sous anesthésie locale et consiste à inciser le frein transversalement puis à fermer l’incision longitudinalement, ce qui efface le relief du frein.

 

D. Infections préputiales

Vignette clinique

Patient : Stéphane, 42 ans.

Présentation : Stéphane consulte son médecin généraliste pour une irritation persistante du gland et du prépuce. Il se plaint d’une douleur, d’une rougeur et d’un écoulement malodorant sous le prépuce. Stéphane avoue qu’il ne décalotte pas régulièrement son prépuce lors de la toilette intime.

Antécédents médicaux : pas d’antécédents médicaux notables. Pas d’allergies connues.

Examen clinique :

  • inspection : rougeur du gland et du prépuce avec présence de smegma en grande quantité ;
  • palpation : le gland est sensible au toucher. Pas de masses palpables ni d’adénopathies inguinales.

Discussion : Stéphane semble souffrir d’une balanoposthite probablement due à un défaut d’hygiène préputiale. Le smegma accumulé crée un environnement propice à la prolifération bactérienne, ce qui peut entraîner une inflammation.

Traitement : il est conseillé à Stéphane de procéder à des bains de verge antiseptiques deux fois par jour pendant une semaine pour nettoyer et désinfecter la zone. Il est également conseillé d’adopter une bonne hygiène intime quotidienne pour éviter de futures récidives.

Conseils : le médecin explique à Stéphane l’importance de décalotter régulièrement le prépuce lors de la toilette pour éviter l’accumulation de smegma. Il est également recommandé de consulter rapidement en cas de réapparition des symptômes.

Suivi : une consultation de suivi est prévue dans deux semaines pour s’assurer de la résolution des symptômes.

Conclusion : la balanoposthite est souvent due à un défaut d’hygiène préputiale. La sensibilisation des patients à l’importance d’une bonne hygiène intime peut prévenir cette affection. Une prise en charge rapide et appropriée permet généralement une résolution complète des symptômes.

Un défaut de décalottage peut provoquer une accumulation de smegma puis une inflammation du gland et du prépuce : il s’agit d’une balanoposthite. Le traitement est local, par bains de verge antiseptiques.

 

Résumé

Pathologies testiculaires

>     Torsion : la torsion du cordon spermatique est une urgence chirurgicale. Le diagnostic est clinique. Aucun examen complémentaire ne doit retarder la prise en charge. En cas de doute diagnostique, l’exploration chirurgicale s’impose.

>     Orchiépididymite : pour le traitement antibiotique d’une orchiépididymite, il faut cibler :

  • les germes des IST chez le sujet ayant des pratiques sexuelles à risque ;
  • les bacilles à Gram négatif (BGN) chez l’homme ayant des symptômes du bas appareil urinaire.

>     Cryptorchidie : après abaissement testiculaire, il faut éduquer le patient pour dépistage à vie du cancer testiculaire par autopalpation.


Pathologies scrotales

>     Hydrocèle : l’hydrocèle est bénigne ; son traitement est la résection/plicature chirurgicale de la vaginale testiculaire et l’indication est fonctionnelle.

>     Varicocèle : toute varicocèle d’apparition rapide doit faire éliminer un obstacle sur la veine spermatique (adénopathie, thrombus), notamment, à gauche, un cancer du rein gauche avec thrombus veineux.


Pathologies préputiales

>     Phimosis : le phimosis peut favoriser, révéler mais aussi masquer un cancer de l’extrémité de la verge.

>     Paraphimosis : en cas de paraphimosis iatrogène, le premier geste avant réduction manuelle est de retirer la sonde vésicale.

 



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