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CHAPITRE 14 Item 265 – Lithiase urinaire

I. Introduction et définitions

II. Prévalence, épidémiologie

III. Éléments physiopathologiques : formation des calculs

IV. Diagnostic

V. Diagnostic de la colique néphrétique et du calcul : imagerie

VI. Autres aspects cliniques des calculs

VII.    Examens biologiques face à une colique néphrétique

VIII.   Diagnostics différentiels de la colique néphrétique

IX. Évolution

X. Traitement

XI. Bilan et diagnostic étiologique de la lithiase urinaire (à distance du contexte aigu
et de tout traitement urologique)

XII.    Traitement médical de la lithiase urinaire

XIII.   Surveillance/suivi des patients

Situations de départ

 

Douleur abdominale

Diminution de la diurèse

Douleur de la région lombaire

Hématurie

Analyse de bandelette urinaire

Créatinine augmentée

Découverte d’une anomalie abdominale à l’examen d’imagerie médicale

Rédaction de la demande d’un examen d’imagerie

Demande d’un examen d’imagerie

Demande d’explication d’un patient sur le déroulement, les risques et les bénéfices attendus d’un examen d’imagerie

Explication préopératoire et recueil de consentement d’un geste invasif diagnostique ou thérapeutique

Prescrire des anti-inflammatoires non stéroïdiens

Prescrire des antalgiques

Évaluation et prise en charge de la douleur aiguë

Hiérarchisation des connaissances

Rang

Rubrique

Intitulé

Descriptif

Définitions

Connaître la définition de lithiase
et du calcul urinaire

Lithiase : maladie dont la conséquence est la formation de calculs

Épidémiologie

Connaître l’épidémiologie de la lithiase urinaire

Épidémiologie et répartition des calculs

Épidémiologie

Connaître la fréquence des différents types de calculs

Tableau avec la fréquence des différents calculs

Physiopathologie

Connaître les principaux facteurs lithogènes

Diagnostic positif

Connaître la définition de la colique néphrétique (CN)

Douleur brutale par mise en tension de la voie excrétrice supérieure

Diagnostic positif

Connaître les facteurs favorisants de la CN

Voyage, chaleur, déshydratation, activité physique, écarts de régime

Diagnostic positif

Connaître les aspects cliniques de la CN simple

Douleur, irradiations, nausées, etc.

Diagnostic positif

Connaître les aspects cliniques de la CN compliquée

Tableaux récapitulatifs : selon la clinique (fièvre, anurie, douleur) et le terrain (grossesse, rein unique, VIH, etc.)

Diagnostic positif

Connaître les autres aspects cliniques des calculs urinaires

Hématurie, insuffisance rénale, infection, fortuit

Examens complémentaires

Connaître l’indication des examens d’imagerie devant une lithiase urinaire

Couple échographie-abdomen sans préparation, TDM

Examens complémentaires

Connaître les examens biologiques en urgence à réaliser devant une CN

(Bandelette urinaire), NFS, ionogramme, créatininémie, CRP

Examens complémentaires

Connaître les examens à réaliser pour le diagnostic étiologique de la lithiase urinaire

Bilan métabolique de première intention selon les recommandations du comité lithiase

Étiologies

Connaître les principales anomalies métaboliques associées à des lithiases calciques

Hyperparathyroïdie primaire, hypercalcémie chronique, hypercalciurie idiopathique

Prise en charge

Connaître les principes de la prise en charge de la lithiase urinaire

Vignette clinique

Une patiente de 52 ans consulte aux urgences pour douleur lombaire gauche d’installation brutale, survenue à son domicile. Elle a pour principaux antécédents une hypertension artérielle. Elle ne décrit pas d’épisode antérieur similaire. Elle prend uniquement de l’amlodipine 10 mg 1 comprimé par jour comme traitement habituel et ne rapporte pas d’allergie connue.

L’anamnèse révèle une douleur lombaire gauche d’installation brutale, il y a 4 heures, sans position antalgique. Elle décrit également des nausées sans vomissement. Devant l’absence d’amélioration après automédication par paracétamol, elle décide de consulter aux urgences.

À l’arrivée aux urgences, ses constantes sont les suivantes : PA : 140/85 mmHg, FC : 110/min, SaO2 : 98 % en AA, Glasgow : 15, température : 37,2 °C. Son EVA est à 8/10. La BU retrouve : leucocytes +, protéines –, sang +, nitrites –.

Devant l’intensité de la douleur, un traitement antalgique de paliers 1 et 2 est administré par voie intraveineuse.

L’examen physique retrouve une douleur lombaire gauche spontanée avec irradiation antérieure. Il existe un empâtement de la fosse lombaire gauche et une douleur intense à la percussion. Du côté droit, l’examen est normal.

Devant ce syndrome clinique de colique néphrétique, le médecin des urgences réinterroge la patiente : elle ne présente pas de signe fonctionnel urinaire mis à part quelques brûlures mictionnelles. Elle urine en quantité habituelle et sa douleur est désormais évaluée à 6/10.

Devant la persistance douloureuse, un bilan paraclinique est réalisé :

>     biologie : GB : 18 G/l, Hb : 11,2 g/dl, CRP : 50 mg/l, ECBU : BGN à l’examen direct ;

>     TDM abdominopelvienne non injectée : hydronéphrose gauche en amont d’un calcul de l’uretère lombaire de 10 × 11 mm, densité : 1 500 UH. Absence d’autre lésion.

Alors que le médecin s’apprête annoncer à la patiente les résultats, elle décrit une sensation de malaise. Parmi ses constantes, la température est désormais à 38,6 °C.

Le diagnostic retenu est celui d’une pyélonéphrite aiguë obstructive gauche d’origine lithiasique.

La prise en charge finale de la patiente consistera en :

>     hospitalisation en urgence en chirurgie ;

>     traitement chirurgical par drainage urinaire de la voie excrétrice gauche (pose de sonde JJ ou néphrostomie gauche) ;

>     traitement médical par antibiothérapie probabiliste large spectre visant les germes urinaires, par voie intraveineuse, adaptée secondairement aux prélèvements bactériologiques (ECBU vésical des urgences et ECBU peropératoire pyélique gauche).

À noter que le calcul n’est pas traité dans le même temps opératoire, mais secondairement, à distance de l’épisode infectieux.

I. Introduction et définitions

La lithiase urinaire est une maladie multifactorielle qui se traduit par la formation de calculs dans l’appareil urinaire. Les deux termes, lithiase et calcul, ne sont donc pas synonymes et la prise en charge des calculs, en urgence ou à distance des épisodes aigus, doit être suivie d’une prise en charge de la lithiase afin de limiter les risques de récidive.

La prise en charge médicale découlera du diagnostic établi par le bilan métabolique et des conclusions de l’enquête alimentaire.

II. Prévalence, épidémiologie

 

  •  L’incidence de la lithiase urinaire a pratiquement triplé depuis le début du xxesiècle et reflète les habitudes alimentaires des pays industrialisés avec une nette augmentation de la consommation de sel, de sucre et de protéines animales. L’insuffisance des apports hydriques est un facteur de risque supplémentaire.
  • En France, elle touche 10 % de la population et affecte deux hommes pour une femme. Sa prévalence pour 2050 est estimée à 30 %. L’âge moyen de survenue du premier calcul est d’environ 40 ans chez la femme et 35 ans chez l’homme. La colique néphrétique est un motif fréquent de consultation aux urgences (170 000 passages annuels, 1 à 2 % des consultations aux urgences). Quatre-vingt-dix pour cent des coliques néphrétiques (CN) sont d’origine lithiasique.

La lithiase oxalocalcique est la plus fréquente (tableau 14.1).

Tableau 14.1. Fréquence et caractéristiques des principaux types de calculs.

Les calculs purs, constitués d’une seule espèce moléculaire et cristalline, représentent moins de 10 % de ceux rencontrés en pratique clinique. Dans plus de 80 % des cas, il existe au moins trois constituants différents, avec un constituant majoritaire.

Composant majoritaire

Fréquence homme (%)

Fréquence femme (%)

Fréquence globale (%)

Densité (UH) scanner

Principal facteur favorisant

Oxalates de calcium

75

58

70

 

 

– Whewellite (monohydraté)

(fig. 14.1)

52

45

50

1 200-1 700

Hyperoxalurie

– Weddellite (dihydraté)

(fig. 14.2)

23

13

20

900-1 300

Hypercalciurie

Phosphates de calcium

(fig. 14.3)

10

28

15

 

 

– Carbapatite

7

24

12

1 300-1 400

Hypercalciurie

– Brushite

2

2

2,5

1 600-1 900

Hypercalciurie

– Struvite

1

2

1,5

600-900

Infection urinaire

– Présence de struvite (minoritaire)

4

12

6

 

 

Acides uriques

(fig. 14.4)

11

7

10

350-500

pH urinaire acide

Urates

0,5

0,5

0,5

 

Hyperuricurie/pH urinaire alcalin

Cystine

(fig. 14.5)

1

3

1,5

600-850

Cystinurie

Protéines

1

1

1

 

 

Médicaments

0,5

0,5

0,5

 

 

Divers

1

2

1,5

 

 

UH : unité de Hounsfield.

 

La taille des calculs varie de quelques millimètres à plusieurs centimètres. Un calcul est dit coralliforme s’il occupe la totalité des cavités pyélocalicielles.


Fig. 14.1.
 Calcul d’oxalate de calcium monohydraté (type I).

Source : Urofrance. Recommandations de bonne pratique pour la prise en charge des calculs et de la lithiase urinaires : diagnostic, traitement, suivi et prévention secondaire.



Fig. 14.2.
 Calcul d’oxalate de calcium dihydraté (type II).

Source : Urofrance. Recommandations de bonne pratique pour la prise en charge des calculs et de la lithiase urinaires : diagnostic, traitement, suivi et prévention secondaire.

Fig. 14.3. Calculs de phosphate de calcium (type IV). 

Source : Urofrance. Recommandations de bonne pratique pour la prise en charge des calculs et de la lithiase urinaires : diagnostic, traitement, suivi et prévention secondaire.

Fig. 14.4. Calculs d’acide urique (type III).

Source : Urofrance. Recommandations de bonne pratique pour la prise en charge des calculs et de la lithiase urinaires : diagnostic, traitement, suivi et prévention secondaire.

Fig. 14.5.  Calcul de cystine (type V).

Source : Urofrance. Recommandations de bonne pratique pour la prise en charge des calculs et de la lithiase urinaires : diagnostic, traitement, suivi et prévention secondaire.

III. Éléments physiopathologiques : formation
des calculs

 

La formation des calculs est un phénomène pathologique complexe, relevant de plusieurs événements physicochimiques (lithogenèse) et d’un terrain favorisant. La plupart du temps, les calculs sont liés à une alimentation trop riche, mal équilibrée et à une diurèse insuffisante. On dit que le lithiasique ne boit pas assez, mange trop et mange mal.

 

A. Étapes de la formation des calculs (lithogenèse)

Un calcul est un agglomérat de cristaux liés par une matière organique. La lithogenèse est l’ensemble des processus qui vont conduire au développement d’un calcul dans les voies urinaires. Il existe sept étapes :

  • la sursaturation urinaire : l’excès de concentration d’une substance dans les urines par rapport aux capacités de dissolution de celles-ci ;
  • la germination cristalline : des germes cristallins se forment à partir des ions de la substance en solution dans l’urine ;
  • la croissance cristalline : les cristaux vont grossir en captant de nouvelles molécules pour arriver à former des particules plus volumineuses ;
  • l’agrégation des cristaux : conduit à la formation de particules plus volumineuses mesurant jusqu’à plusieurs centaines de microns ;
  • l’agglomération cristalline : apport de nouveaux cristaux pour former l’architecture du calcul ;
  • la rétention des particules cristallines : les particules cristallines vont être retenues dans le rein et croître pour conduire à la formation du calcul ;
  • la croissance du calcul : se fait à une vitesse variable, selon l’importance des anomalies physicochimiques de l’urine.

À ces phénomènes s’opposent des inhibiteurs de la cristallisation de faible poids moléculaire (citrate, magnésium, zinc, etc.) et de haut poids moléculaire (glycosaminoglycanes, glycoprotéines, etc.).

Les sujets lithiasiques se différencient des autres par des urines en situation de sursaturation et par un déséquilibre entre les promoteurs et les inhibiteurs de la cristallisation.


B. Facteurs lithogènes métaboliques généraux

1. Diurèse

Diurèse faible par insuffisance des apports liquidiens.

2. Facteurs alimentaires

  • Apports alimentaires excessifs :

–     produits laitiers (favorisent l’hypercalciurie) ;

–     protéines animales (favorisent l’hypercalciurie) ;

–     sel (favorise l’hypercalciurie, bloque les inhibiteurs de la cristallisation) ;

–     aliments riches en oxalates (chocolat, fruits secs, épinards, oseille, rhubarbe, thé, bonbons dont la gélatine est riche en hydroxyproline précurseur de l’oxalate) ;

–     purines (abats, charcuterie, etc.) ;

–     sucres rapides tels que le fructose (favorisent l’hypercalciurie, l’hyperuricurie).

  • Diminution de la consommation de fibres alimentaires.

 

C. Facteurs lithogènes spécifiques

1. Facteurs familiaux

Il existe une histoire familiale chez plus d’un tiers des lithiasiques, notamment par héritage des habitudes alimentaires, et des pathologies (hérédité), le plus souvent transmises sur un mode autosomique récessif. La cystinurie est la plus fréquente des maladies lithiasiques d’origine génétique.

2. Infection urinaire

Certains germes dits uréasiques, comme Proteus mirabilis, Klebsiella pneumoniae, ou Pseudomonas aeruginosa possèdent une enzyme, l’uréase, qui clive l’urée urinaire en ammoniac et dioxyde de carbone, ce qui occasionne la formation de calculs phospho-ammoniaco-magnésiens.

3. Anomalies du pH urinaire

Le pH normal des urines est de 5,8.

Un pH acide, autour de 5, favorise la formation des calculs d’acide urique, de cystine et d’oxalate de calcium.

Un pH alcalin, autour de 7, favorise les calculs d’infection et les calculs phosphocalciques.

4. Médicaments

Certains médicaments sont lithogènes par précipitation de la substance active dans les urines. Les médicaments le plus souvent incriminés sont l’atazanavir et l’indinavir, des antiprotéases utilisées dans les trithérapies anti-VIH. Leurs cristaux peuvent précipiter à un pH alcalin et se solubiliser à un pH acide. Plus rarement, le cotrimoxazole, l’allopurinol, ou l’amiodarone, et les diurétiques thiazidiques peuvent être lithogènes. Ces calculs ont comme particularité d’être radiotransparents et donc non visibles à l’abdomen sans préparation (ASP) et peu visibles au scanner.

D’autres médicaments sont inducteurs de la lithogenèse en modifiant les paramètres biochimiques des urines (ex. : la vitamine D qui favorise l’hypercalciurie).

5. Facteurs lithogènes anatomiques

Certaines anomalies anatomiques des reins ou de la voie excrétrice, telles que le syndrome de jonction pyélo-urétérale, le diverticule caliciel, le rein en fer à cheval, le méga-uretère favorisent la stase urinaire et donc la formation des calculs en présence d’anomalies métaboliques sous-jacentes.

Il faut donc traiter le calcul, et l’anomalie anatomique, si cela est possible.


IV. Diagnostic

Deux temps importants : le diagnostic du calcul puis la détermination de sa nature pour porter le diagnostic étiologique de lithiase urinaire.

 

A. Circonstances de découverte : la colique néphrétique

Définition : la colique néphrétique (CN) est un syndrome douloureux aigu lomboabdominal lié à la mise en tension brutale de la voie excrétrice supérieure en amont d’une obstruction, quelle qu’en soit la cause. Cette définition ne préjuge donc pas de sa cause, mais dans plus de 90 % des cas elle est due à la présence d’un calcul obstructif. On dénombre environ 170 000 épisodes annuels en France, soit environ 1 à 2 % des consultations dans les services d’urgence.

1. Facteurs favorisants

  • Voyage récent et prolongé.
  • Séjour en pays chaud.
  • Travail avec exposition à la chaleur.
  • Immobilisation prolongée.
  • Hydratation insuffisante.
  • Activité sportive.
  • Modification de l’alimentation.

2. Diagnostic positif : aspects cliniques

La douleur lombaire est unilatérale, brutale et intense avec une irradiation antérieure et oblique vers la fosse iliaque et vers les organes génitaux externes. Elle irradie parfois vers l’angle costovertébral. Des signes urinaires (pollakiurie, brûlures mictionnelles, mictions impérieuses, hématurie) peuvent être associés ainsi que des signes digestifs (nausées, vomissements) et une agitation ou une anxiété. La douleur peut se limiter aux zones d’irradiation, en particulier à la phase initiale.

Certaines formes de CN sont dites hyperalgiques car elles résistent aux traitements médicaux bien conduits.

La douleur peut céder spontanément, ce qui peut aussi traduire la rupture d’un fornix rénal avec extravasation d’urine en périrénal.

La douleur peut être :

  • chronique, localisée au rein et à la fosse lombaire, sourde et exacerbée par l’activité ;
  • localisée à l’uretère ou à des zones de projection, pouvant alors être associée à des signes d’irritation vésicale (pollakiurie, impériosités), traduisant un calcul bloqué juste en amont de la vessie.

À l’examen clinique, il existe une douleur à la palpation et à la percussion de la fosse lombaire sans défense abdominale. Dans les formes simples, le patient est apyrétique. La bandelette urinaire est recommandée et montre une hématurie microscopique dans 70 à 100 % des cas. La présence de nitrites et de leucocytes à la bandelette impose de rechercher une infection en réalisant un examen cytobactériologique des urines (ECBU).

Dans 5 % des cas, il s’agit d’une CN compliquée (terrain, signes de gravité) pour laquelle un avis spécialisé et une hospitalisation sont nécessaires en urgence (tableau 14.2).

 

Tableau 14.2.  Colique néphrétique compliquée.

Liée au terrain

• Grossesse

• Insuffisance rénale chronique

• Rein transplanté

• Rein unique

• Uropathie connue

• Patient VIH+ traité par antiprotéases

Avec signes de gravité

• Fièvre

• Oligoanurie/insuffisance rénale

• Douleur résistante au traitement médical bien conduit

VIH : virus de l’immunodéficience humaine.

 

 

Certains syndromes douloureux abdominaux ou lombaires peuvent faire évoquer le diagnostic de CN. Le tableau 14.3 résume les principaux diagnostics différentiels de la CN.

 

Tableau 14.3.  Principaux diagnostics différentiels de la colique néphrétique.

Affections urologiques

• Pyélonéphrite aiguë

• Infarctus rénal

• Nécrose papillaire

• Douleur scrotale aiguë

Affections non urologiques

• Fissuration d’un anévrisme de l’aorte ou de ses branches

• Dissection aortique

• Grossesse extra-utérine

• Torsion de kyste ovarien

• Torsion du cordon spermatique

• Affections iléocoliques et appendiculaires (infarctus mésentérique)

• Pancréatite aiguë

• Colique hépatique

• Pneumopathie basale

• Lombalgie aiguë

B. Autres causes de colique néphrétique

Tout obstacle sur la voie excrétrice peut s’accompagner d’une CN. L’obstacle peut être :

  • endoluminal : tumeur de la voie excrétrice urinaire supérieure, caillotage sanguin, infection fongique, corps étranger ;
  • pariétal : tumeur de la voie excrétrice urinaire supérieure, bilharziose urinaire ;
  • compression/envahissement urétéral extrinsèque : adénopathies rétropéritonéales, carcinose péritonéale extensive, fibrose rétropéritonéale.

À noter – Syndrome de la jonction pyélo-urétérale

Il s’agit d’une cause non négligeable de CN. Il est dû à une anomalie de la jonction pyélo-urétérale, primaire (achalasie de la paroi urétérale au niveau de la jonction) ou secondaire (fibrose de la jonction après une intervention ou une maladie, croisement d’un vaisseau polaire inférieur). Dans les deux cas, il existe une anomalie de vidange du bassinet, se traduisant cliniquement par des épisodes douloureux par mise en tension pyélique. La tomodensitométrie (TDM) montre une dilatation du bassinet et parfois des calices, avec un uretère fin. Un scanner avec injection de produit de contraste et temps excrétoire peut être utile pour en faire le diagnostic avec, en cas d’obstruction, un retard sécrétoire et excrétoire. La scintigraphie rénale au MAG3 est utile pour confirmer l’obstruction et poser une indication opératoire.

V. Diagnostic de la colique néphrétique et du calcul : imagerie

 

A. Objectif

L’objectif est d’affirmer le diagnostic de CN, déterminer sa cause et rechercher des éléments de gravité. Le délai de réalisation des examens pour une forme simple est de 12 à 48 heures.

En cas de forme compliquée ou en cas de doute diagnostique, les examens doivent être réalisés en urgence. Il est possible de prescrire une tomodensitométrie abdominopelvienne (TDM AP) sans injection ou l’association échographie rénovésicale + ASP.

 

B. Échographie ± ASP

L’échographie recherche une dilatation pyélocalicielle et un calcul pyélique, lombaire haut ou prévésical (fig. 14.6). Elle explore mal les autres portions de l’uretère. L’ASP recherche un calcul radio-opaque et montre souvent un iléus réflexe (fig. 14.7). L’association des deux offre une sensibilité de 80 à 90 % pour le diagnostic du calcul et de l’obstruction. L’irradiation délivrée est inférieure à celle d’un scanner. Cet élément doit aussi être pris en compte chez les patients ayant déjà eu plusieurs scanners par le passé, afin de limiter le cumul des doses d’irradiation.

Fig. 14.6.  Échographie rénale mettant en évidence une dilatation des cavités pyélocalicielles.

Fig. 14.7.  ASP de face mettant en évidence un calcul radio-opaque de l’uretère lombaire gauche.

 

C. TDM AP

La TDM AP sans injection a une sensibilité et une spécificité comprises entre 96 et 100 %. Outre le calcul et sa localisation précise, elle met en évidence :

  • une dilatation pyélocalicielle ;
  • une néphromégalie ;
  • une infiltration de la graisse périrénale et péri-urétérale et un épaississement urétéral au contact du calcul.

Elle permet aussi de mesurer la densité UH du calcul (en fenêtre osseuse), ce qui peut être un élément prédictif de sa nature (fig. 14.8 et 14.9).

Fig. 14.8.  TDM pelvienne non injectée pour CN droite.

Calcul de l’uretère pelvien.

Fig. 14.9. Reconstruction coronale d’une TDM abdominale. 

Dilatation urétéropyélocalicielle en amont d’un calcul de l’uretère lombaire droit.


D. Choix des examens

Le choix des examens est fonction du contexte clinique et de leur accessibilité.

  • CN simple : les recommandations préconisent désormais la réalisation d’une TDM AP sans injection en première intention, le couple ASP-échographie étant proposé en seconde intention. La TDM n’est cependant pas préconisée pour le suivi évolutif des calculs et il faut lui préférer l’ASP et/ou l’échographie ; l’examen d’imagerie choisi doit être réalisé dans les 48 heures après la consultation.
  • CN compliquée : la TDM sans injection est indiquée en urgence car ce tableau clinique impose une certitude diagnostique quant à l’existence et la position de l’obstacle.
  • Femme enceinte : c’est l’échographie qui doit être réalisée en première intention, car elle ne délivre aucune irradiation.
  • Doute diagnostique : il faut informer le radiologue car la TDM doit être complétée par des clichés avec injection de produit de contraste. La TDM injectée, appelée uroscanner, devra comporter des clichés tardifs. Elle visera à rechercher tout diagnostic différentiel (cf. tableau 14.3), ainsi qu’une asymétrie d’excrétion, des signes de fuite de produit de contraste (urinome) et de toute autre complication, ainsi qu’une variante anatomique.

VI. Autres aspects cliniques des calculs

 

A. Hématurie

  • Microscopique : très fréquente (70 %), facile à déceler par la bandelette urinaire réactive.
  • Macroscopique : plus rare et imposant toujours la recherche d’une autre cause car non spécifique.

 

B. Infection urinaire avec ou sans signes généraux

  • La fièvre traduit une atteinte du parenchyme rénal (pyélonéphrite aiguë obstructive). Un syndrome septique sévère (choc septique) peut apparaître brutalement et mettre en cause le pronostic vital.
  • Une infection urinaire récidivante impose la recherche d’un calcul (sauf en cas de cystite chez la femme jeune).

 

C. Insuffisance rénale

  • Aiguë :

–     elle peut être la complication d’une infection du parenchyme rénal avec choc septique et tubulopathie ;

–     elle peut aussi révéler un obstacle par migration calculeuse dans la voie excrétrice d’un rein unique, anatomique ou fonctionnel (ou une migration bilatérale) et réalise alors un tableau d’insuffisance rénale aiguë avec anurie. Le pronostic est lié à l’hyperkaliémie associée qui doit être recherchée et un électrocardiogramme (ECG) doit être réalisé pour apprécier son retentissement cardiaque.

  • Chronique : elle est l’aboutissement d’un obstacle chronique et bilatéral, peu symptomatique. Les calculs coralliformes bilatéraux peuvent évoluer à bas bruit et entraîner une insuffisance rénale chronique. Cette circonstance de découverte est devenue très rare.

 

D. Découverte fortuite

Un examen d’imagerie (TDM AP non injectée ou échographie rénale-ASP) peut révéler un calcul rénal asymptomatique. En effet, certains calculs ne donnent lieu à aucune symptomatologie et sont parfaitement bien tolérés.

VII. Examens biologiques face à une colique néphrétique

 

  • Bilan sanguin: ionogramme, créatininémie, auxquels on peut rajouter NFS, plaquettes, CRP, hémocultures, ECBU selon le contexte clinique.
  • Le calcul doit être obligatoirement récupéré s’il est expulsé (le patient doit tamiser ses urines durant les semaines qui suivent le diagnostic d’une colique néphrétique lithiasique) ou retiré lors d’une intervention, pour être analysé (analyse morphoconstitutionnelle).

VIII. Diagnostics différentiels de la colique néphrétique

 

Une douleur abdominale aiguë est presque toujours « chirurgicale ». En l’absence de CN, il faut donc évoquer les diagnostics mentionnés dans le tableau 14.3.

C Depuis les recommandations 2022 de l’Association française d’urologie et la réalisation en première intention d’une TDM AP injectée, les diagnostics différentiels historiques (calcification extra-urinaire par un phlébolithe, stercolithe ou un ganglion calcifié) des calculs sont souvent écartés sans difficulté.

IX. Évolution

 

A. Évolution simple

  •  Élimination du calcul par les voies naturelles au décours d’une CN.

–     Les calculs urétéraux symptomatiques peuvent être évacués spontanément au décours de la crise de CN. Plus un calcul est de petite taille et plus il est bas situé, plus il a de chances de s’évacuer. Un calcul de moins de 4 mm s’élimine dans 80 % des cas alors qu’un calcul de plus de 6 mm s’élimine dans moins de 10 % des cas. De même un calcul de l’uretère distal s’élimine dans 71 % des cas contre 46 % pour un calcul de l’uretère moyen et 22 % pour un calcul de l’uretère proximal. Les calculs dont la taille dépasse 8-10 mm ne s’éliminent pratiquement jamais.

–     Néanmoins, un calcul urétéral peu ou pas symptomatique, non évacué après 4-6 semaines de surveillance, a très peu de chances de s’évacuer quelle que soit sa taille.

  • Persistance à l’intérieur des cavités rénales sans se modifier ni provoquer le moindre trouble et ceci pendant des années.
  • Une dissolution spontanée par modification du pH urinaire est possible pour les calculs d’acide urique (alcalinisation), mais son efficacité est réduite à la phase aiguë par rapport au stade de prévention secondaire.

 

B. Évolution compliquée

1. Obstruction persistante

Une obstruction qui s’installe de façon aiguë et brutale est facile à reconnaître car elle s’accompagne d’un tableau de CN. Les récidives douloureuses sont possibles.

À l’inverse, une obstruction incomplète qui s’installe de façon progressive peut n’être reconnue que tardivement lorsque le rein est déjà fonctionnellement atteint.

2. Infection

Tous les degrés sont possibles :

  • infection urinaire aiguë avec obstacle : CN fébrile/pyélonéphrite aiguë obstructive.

–     La pyélonéphrite aiguë obstructive est bruyante cliniquement avec fièvre, frissons, lombalgies, instabilité hémodynamique. La bactériémie peut aboutir à un choc septique avec tubulopathie bilatérale et insuffisance rénale aiguë.

–     Pour prévenir cette complication gravissime, les patients doivent être traités en urgence absolue (antibiothérapie et drainage des urines) ;

  • infection urinaire chronique favorisée par la présence d’un calcul.

L’altération du parenchyme rénal ne se fait que très progressivement.

La « stérilisation urinaire » de ces patients ne peut véritablement être obtenue qu’après avoir enlevé tous les calculs et poursuivi une antibiothérapie adaptée et prolongée.

 

C. Récidive des calculs

Hors traitement spécifique de la lithiase urinaire, 50 % des calculs récidivent à 5 ans et 70 % à 10 ans.

Ce type d’évolution justifie de rechercher, et ceci de façon approfondie, un ou plusieurs des facteurs connus de la lithogenèse et de les corriger.

X. Traitement

 

A. Traitement de la colique néphrétique

Il est important d’évaluer la douleur et de la prendre en charge rapidement, avant même de réaliser des examens d’imagerie. La restriction hydrique n’a pas fait la preuve scientifique de son efficacité. Il est recommandé de maintenir une hydratation normale, adaptée à la soif, afin d’éviter une déshydratation extracellulaire qui serait à l’origine d’une insuffisance rénale aiguë, compliquant alors la CN.

Des moyens non médicamenteux tels qu’un bain chaud ou encore une séance d’acupuncture peuvent soulager les patients. Certains centres spécialisés proposent également des blocs paravertébraux ou l’injection de lidocaïne dans la fosse lombaire et dans la portion profonde du muscle psoas. Ces thérapeutiques ne sont pas recommandées à ce jour.

1. Traitement médical de la douleur

De nombreux médicaments sont actuellement utilisés par voie orale ou parentérale.

  • Le traitement repose actuellement sur les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) (Grade A). Ils agissent en bloquant les cyclo-oxygénases impliquées dans la réaction inflammatoire et diminuent l’œdème local tout en provoquant une relaxation des fibres musculaires lisses de l’uretère. Ils réduisent également le débit de filtration glomérulaire, ce qui n’a aucune conséquence lorsque la fonction rénale est normale. Seul le kétoprofène a reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour l’administration intraveineuse. Il a l’avantage d’être d’utilisation facile et relativement sûre et ne nécessite pas de titration. Sa durée d’action est prolongée. Il est donc le traitement de première intention, en l’absence de contre-indication (insuffisance cardiaque, rénale ou hépatique sévère, grossesse, ulcère gastrique, hypersensibilité au produit, infection). La voie intraveineuse est utilisée de façon préférentielle car elle apporte le soulagement le plus rapide. Dans certains cas, la voie rectale peut être utilisée. En général, le kétoprofène est prescrit à raison de 100 mg en intraveineuse lente sur 30 minutes, au maximum trois fois par 24 heures.
  • Le paracétamol peut être utilisé seul ou en alternance avec les AINS (Grade A).
  • La morphine titrée intraveineuse est proposée en cas de non-réponse au traitement initial ou de contre-indication aux AINS (Grade B).
  • Le phloroglucinol n’a pas fait la preuve de son efficacité.

2. Apport des α-bloquants en cas de calcul urétéral

Ces médicaments, utilisés pour traiter l’hypertrophie bénigne de la prostate, constituent une thérapie médicale expulsive (TME) des calculs urétéraux distaux de 5 à 10 mm (Grade A).

Ils augmenteraient le pourcentage d’expulsion spontanée des calculs urétéraux, réduiraient le délai d’expulsion, le nombre d’épisodes douloureux, la quantité d’analgésiques consommés par les patients et le nombre d’hospitalisations nécessaires. Ils ne sont pas recommandés pour les calculs de plus de 10 mm dont l’expulsion spontanée est exceptionnelle.

La prescription d’une thérapie médicale expulsive est hors AMM. Il faut donc le préciser aux patients et les informer des effets indésirables. Elle engage donc la responsabilité du prescripteur.

Il n’existe à ce jour pas d’argument pour recommander un alpha-bloquant en particulier.

D’autres classes médicamenteuses ont été proposées pour une TME, sans efficacité démontrée.

La TME ne se substitue pas à une prise en charge chirurgicale et ne doit en rien la retarder.

3. Prise en charge des formes accompagnées de signes de gravité/compliquées

Ces formes cliniques nécessitent une hospitalisation en urgence, contrairement aux CN simples qui peuvent être traitées en externe.

Après prélèvements bactériologiques (ECBU, hémocultures) et mise en place d’une perfusion, les formes fébriles doivent faire l’objet d’un traitement antibiotique par voie intraveineuse associant une céphalosporine et un aminoside, car elles sont considérées comme des pyélonéphrites obstructives. Le traitement antibiotique (ceftriaxone 1 à 2 g/24 h en intraveineuse ou intramusculaire et gentamicine 3 mg/kg/24 h) et les mesures de réanimation adaptées sont débutés avant le drainage des urines qui se fait en urgence par sonde urétérale ou sonde JJ (endoprothèse), l’alternative étant la pose d’un drain de néphrostomie percutanée.

L’obstacle, en l’occurrence le calcul, est traité à distance de l’épisode aigu.

Les formes hyperalgiques et oligoanuriques sont également traitées par un drainage des urines.

La pose d’une sonde urétérale ou d’une sonde JJ (endoprothèse) se fait le plus souvent sous anesthésie générale après avoir vérifié l’absence d’hyperkaliémie menaçante, qui nécessiterait une correction préalable (fig. 14.10). La sonde urétérale est utilisée uniquement lorsque les urines sont très purulentes ou « épaisses » et elle est extériorisée par voie urétrale, ce qui permet d’avoir un contrôle sur la qualité du drainage. Elle est remplacée par une sonde JJ si l’évolution est favorable dans les 48 heures. La sonde de néphrostomie percutanée est une alternative, avec une efficacité similaire au drainage par sonde urétérale ou double J (fig. 14.11). Elle est posée sous contrôle échographique, voire TDM, sous anesthésie locale, en l’absence de traitement anticoagulant ou de troubles de l’hémostase.

Le choix du type de drainage se fera au cas par cas. Un ECBU complémentaire est prélevé sur les urines pyéliques lors du drainage car dans la moitié des cas son résultat diffère de celui des urines vésicales.

Fig. 14.10.  ASP de face.

Sonde JJ gauche (endoprothèse) en place 

Fig. 14.11.  Drain de néphrostomie gauche extériorisé en fosse lombaire. 

 

4. Cas particulier : la femme enceinte

Les CN peuvent survenir chez les femmes enceintes, essentiellement au deuxième et troisième trimestre, et la présence d’un calcul n’est constatée que dans 70 à 80 % des cas. Il existe en effet une dilatation urétérale qui s’installe physiologiquement au cours du premier trimestre, pour des raisons mécaniques (compression par l’utérus gravide) et hormonales (effet myorelaxant de la progestérone) et qui peut s’accompagner de douleurs.

Le diagnostic de CN et de sa cause pose des problèmes car les examens irradiants doivent être évités ou limités. L’échographie rénale et pelvienne, éventuellement associée à un ASP, doit être utilisée en priorité et la TDM doit être réservée à des cas complexes. Elle doit être réalisée en utilisant de faibles doses d’irradiation et après décision conjointe des différents médecins impliqués, la décision finale étant prise par le radiologue.

La prise en charge doit être concertée et impliquer les gynécologues-obstétriciens. Le traitement médical est limité : les AINS sont contre-indiqués, surtout au troisième trimestre, et seuls le paracétamol et les morphiniques (hors travail) peuvent être utilisés. Néanmoins, les calculs urétéraux s’évacuent spontanément dans près de 80 % des cas chez la femme enceinte. Si le traitement médical n’est pas suffisamment efficace, il faut recourir rapidement au drainage des urines car le risque est essentiellement de voir apparaître des contractions utérines et un accouchement prématuré. La mise en place d’une sonde JJ permet de temporiser jusqu’à la fin de la grossesse et de différer le traitement d’un calcul car la lithotritie extracorporelle (LEC) est contre-indiquée chez la femme enceinte.

 

B. Traitement urologique des calculs (fig. 14.12 et 14.13)

Le principe du traitement urologique consiste à libérer la voie excrétrice du calcul et à corriger d’éventuelles anomalies congénitales ou acquises qui peuvent favoriser la lithogenèse. Le traitement se fait à distance d’un épisode aigu. Les méthodes de traitement sont plus complémentaires que concurrentes même si dans certains cas leurs indications se chevauchent.


Fig. 14.12.
  Prise en charge d’un calcul rénal hors urgence et en l’absence d’infection urinaire d’après les recommandations du CLAFU 2022.

* Si asymptomatique et en fonction du contexte clinique.

Source : Recommandations de bonne pratique. Prise en charge des calculs et de la lithiase urinaires : diagnostic, traitement, suivi et prévention secondaire. 2022.

Fig. 14.13.  Prise en charge d’un calcul urétéral hors urgence et en l’absence d’infection urinaire d’après les recommandations du CLAFU 2022. 

* Rein unique, insuffisance rénale, contexte clinique.

Source : Recommandations de bonne pratique. Prise en charge des calculs et de la lithiase urinaires : diagnostic, traitement, suivi et prévention secondaire. 2022.

1. Différentes options interventionnelles

Résumé des caractéristiques des différentes méthodes interventionnelles de traitement.

 

Lithotritie extracorporelle

Son principe est de fragmenter le calcul par des ondes de choc issues d’un générateur extracorporel. Les ondes de choc vont être dirigées sur le calcul grâce à un repérage radiologique et échographique et, par des phénomènes de cavitation, provoquer sa fragmentation. L’intervention se fait en ambulatoire sous sédation-analgésie. Les fragments produits doivent être suffisamment fins pour pouvoir s’éliminer sans difficulté par les voies naturelles.

 

Urétéroscopie/urétérorénoscopie

L’urétéroscopie consiste, à l’aide d’instruments optiques rigides ou flexibles de 3 mm de diamètre, à pénétrer dans l’uretère par voie rétrograde (urétrovésicale) et à traiter les calculs rénaux et urétéraux.

Les urétéroscopes rigides sont utilisés dans l’uretère et les urétéroscopes flexibles dans le rein.

Les calculs sont traités à l’aide d’appareils de fragmentation (laser, lithotripteur pneumatique) et les fragments retirés avec un panier.

 

Néphrolithotomie percutanée (NLPC)

Cette technique, qui consiste à créer un ou deux tunnels entre la peau et un calice à travers le parenchyme rénal, permet de traiter des calculs volumineux en introduisant un instrument optique de 5 à 8 mm de diamètre, appelé néphroscope, et en fragmentant les calculs avec un procédé de type laser ou ultrasons de contact. Les fragments sont ensuite extraits avec une pince ou un panier.

Chirurgie à ciel ouvert et cœlioscopie

Elle s’adresse aux très volumineux calculs rénaux et urétéraux qui ne peuvent être traités efficacement par les méthodes précédemment décrites. Ces calculs sont devenus rares (< 0,5 % des cas).

Elle peut aussi se justifier en cas de malformation associée pour traiter les calculs et la malformation (syndrome de la jonction pyélo-urétérale).

2. Limites et contre-indications

Elles sont résumées dans le tableau 14.4.

 

Tableau 14.4.  Limites et contre-indication des différentes options chirurgicales.  

Méthode

Limites

Contre-indications

LEC

Calculs caliciels inférieurs

Calculs denses (> 1 000-1 200 UH) et durs (cystine)

Obésité

Grossesse

Anticoagulants/antiagrégants/troubles de l’hémostase

Calcifications et anévrismes aortiques et rénaux

Infection urinaire non traitée

Obstruction d’aval empêchant l’évacuation des fragments

Urétéroscopie/urétérorénoscopie

Accès urétéral

Sténose urétérale

Hypertrophie bénigne de la prostate avec lobe médian

Infection urinaire non traitée

NLPC

Calculs complexes occupant toutes les cavités

Reins multi-opérés

Reins ectopiques et mal rotés

Infection urinaire non traitée

Traitements anticoagulants/troubles de l’hémostase

Chirurgie

 

Traitements anticoagulants/troubles de l’hémostase non corrigés

LEC : lithotritie extracorporelle ; NLPC : néphrolithotomie percutanée ; UH : unité de Hounsfield.

3. Choix de la technique

Concernant les calculs au sein des cavités rénales, la place grandissante de l’urétérorénoscopie souple la place désormais en première intention pour les calculs du bassinet de moins de 20 mm, pour les calculs caliciels, hors calice inférieur. En cas de calculs caliciel inférieur, au-delà de 10 mm, le calcul ne peut plus être surveillé et les trois options (lithotritie extracorporelle, l’urétérorénoscopie souple ou néphrolithotomie percutanée) peuvent être envisagées. Au-delà de 15 mm, la lithotritie extracorporelle est écartée devant un risque d’inefficacité et de production de fragments pouvant être responsables d’un empierrement urétéral (« streinstrasse »).

La lithotritie extracorporelle et l’urétéroscopie présentent des résultats similaires en termes d’efficacité (absence de calcul résiduel) pour les calculs de l’uretère de moins de 10 mm mais, il existe un taux de retraitement légèrement plus important en cas de lithotritie extracorporelle. Pour les calculs urétéraux de plus de 10 mm, l’urétéroscopie est recommandée en première intention.


XI. Bilan et diagnostic étiologique de la lithiase urinaire (à distance du contexte aigu et de tout traitement urologique)

 

Une évaluation métabolique est recommandée et ce dès le premier calcul, afin de déterminer la nature de la lithiase, sa cause et les facteurs métaboliques favorisants.

A. Interrogatoire

Il s’enquiert :

  • des antécédents familiaux : maladie lithiasique familiale ou héréditaire ;
  • des antécédents personnels :

–     autres crises de CN/calculs déjà analysés,

–     terrain goutteux,

–     immobilisation prolongée,

–     maladie accompagnée d’une ostéolyse,

–     prise de traitement cytolytique, antiprotéase, calcium, vitamine D, diurétiques.

 

B. Enquête alimentaire

Une évaluation diététique complète est nécessaire avec l’aide d’un diététicien à la fois sur le plan qualitatif et quantitatif.

 

C. Analyse morphoconstitutionnelle du calcul

S’il est obtenu, spontanément lors du filtrage des urines au décours d’une CN, ou après intervention, il peut permettre de tirer des renseignements majeurs.

L’analyse chimique est obsolète et ne doit plus être réalisée.


D. Imagerie

Les examens peuvent avoir un intérêt diagnostique et/ou participer au bilan préthérapeutique, s’ils n’ont pas été effectués en urgence lors d’une colique néphrétique.

1. Abdomen sans préparation

Réalisé de face en décubitus, très utile car 90 % des calculs sont radio-opaques. Les clichés de trois-quarts homolatéraux permettent dans certains cas de dégager le trajet de l’uretère iliopelvien des structures osseuses. Peut être considéré comme normal, ne montrant pas le calcul s’il est radiotransparent (acide urique), ou s’il est radio-opaque mais de petite taille ou encore projeté devant une structure osseuse de même tonalité. Parfois, il peut être difficile de faire la différence avec une calcification non urologique proche du trajet de la voie excrétrice.

2. Échographie rénale et pelvienne

Cet examen peu invasif est couplé avec l’ASP. Les meilleures images (interface net et cône d’ombre) sont obtenues pour des calculs rénaux de plus de 4 mm, ainsi que pour des calculs situés dans la portion rétrovésicale de l’uretère. Les calculs qui se situent dans les autres portions de l’uretère peuvent échapper à l’échodétection. L’intérêt de l’échographie est de permettre la détection d’un calcul radiotransparent. Elle permet aussi d’apprécier la perméabilité de la voie excrétrice supérieure (dilatation pyélocalicielle), ainsi qu’un éventuel retentissement sur le parenchyme rénal par mesure de son épaisseur.

3. Tomodensitométrie abdominopelvienne avec et sans injections de produit de contraste

La TDM AP sans injection est l’examen de référence dans l’urgence pour le diagnostic des CN. Elle permet de voir les calculs radiotransparents à l’ASP.

La TDM AP avec injection de produit de contraste et clichés tardifs, encore appelée uroscanner, est l’examen de référence dans le bilan étiologique. Elle est réalisée après avoir vérifié l’absence d’allergie aux produits de contraste et l’absence d’insuffisance rénale.

Elle fait apparaître avec précision la morphologie de la voie excrétrice et la localisation du calcul. On considère que tout patient lithiasique doit avoir au moins une fois dans sa vie un uroscanner pour connaître l’anatomie de la voie excrétrice. Cet examen est également important dans le choix de la stratégie thérapeutique (fig. 14.14).

4. Uro-IRM

Pratiquement jamais utilisée. Prescrite chez la femme enceinte, chez l’insuffisant rénal ou l’allergique aux produits de contraste. Elle ne montre pas les calculs mais des signes d’obstruction.

Fig. 14.14.  TDM abdominale injectée au temps tardif urinaire.

Syndrome de la jonction pyélo-urétérale.

 

E. Bilan métabolique recommandé en première intention

Il s’adresse à tous les patients, même pour un premier calcul. À distance (1-2 mois) d’un traitement ou d’un épisode aigu. Il est indispensable et doit être réalisé dans les conditions habituelles d’alimentation. Il complète l’enquête alimentaire et donne une idée des habitudes du patient.

1. Sang

  • Créatininémie : évalue la fonction rénale.
  • Glycémie : recherche ou un syndrome métabolique ou un diabète.
  • Uricémie : recherche un syndrome métabolique.
  • Calcémie : recherche une hypercalcémie, oriente vers une hyperparathyroïdie.

2. Urines des 24 heures

Doit être exhaustif et recueillir la totalité des urines des 24 heures, ni plus ni moins (tableau 14.5).

  • Créatinine : évalue l’exhaustivité du recueil des 24 heures (doit être de l’ordre de 15-20 mg par kg et par 24 heures [130-180 μmol] si le prélèvement est complet).
  • Volume urinaire des 24 heures : facteur de risque lithogène si inférieur à 2 l.
  • Calcium : facteur de risque lithogène si supérieur à 0,1 mmol/kg/j ou > 3,8 mmol/l d’urine. L’hypercalciurie est l’anomalie la plus fréquente.
  • Acide urique : facteur de risque lithogène si supérieur à 5 mmol/24 heures ou 2,5 mmol/l d’urine.
  • Sodium (Na) : reflet de la consommation quotidienne de sel, facteur de risque lithogène si supérieur à 150 μmol/24 h (10 g de sel : 170 mmol/de Na).
  • Urée : traduit la consommation protidique les 24 heures précédentes (urée urinaire en grammes × 3,5 : quantité de protéines consommées) ; facteur de risque si > 1 g par kg et par 24 heures (5,5 mmol/kg/24 h).

3. Urines du matin

  • pH = 5 en faveur d’une lithiase urique, = 6,5 en faveur d’une lithiase phosphocalcique.
  • Densité urinaire : facteur de risque si supérieure à 1,012.
  • ECBU : recherche d’une infection.
  • Optionnelle : la cristallurie qui recherche des cristaux si le calcul n’a pas été recueilli (corrélation entre la cristallurie et la nature du calcul).

 

Tableau 14.5.  Urines des 24 heures.

Paramètre

Norme/seuil lithogène

Créatinine

Norme : 13-18 mmol/kg/j

Volume urinaire

> 2 l/24 h

Calcium

> 0,1 mmol/kg/24 h ou 3,8 mmol/l

Urée

> 5,5 mmol/kg/24 h

Acide urique

> 5 mmol/24 h ou 2,5 mmol/l

Sodium

> 150 mmol/24 h

F. Bilans exhaustifs

Ils comportent des examens plus complets et se discutent au cas par cas et selon les résultats du bilan de première intention et l’évolution. Ils sont prescrits dans les contextes suivants :

  • lithiase de l’enfant et de l’adolescent ;
  • lithiase active (calculs récidivants) avec bilan de première intention négatif ;
  • néphrocalcinose ou insuffisance rénale ;
  • découverte d’un diabète ou d’un syndrome métabolique méconnu ;
  • hypercalcémie ;
  • ostéoporose ;
  • persistance d’une hypercalciurie malgré un régime hyposodé.

XII. Traitement médical de la lithiase urinaire

Il cherche à prévenir la récidive des calculs après identification du type de lithiase et, dans certains cas (acide urique), permet leur dissolution. 

A. Mesures générales

L’essentiel du traitement vise à éviter la phase de sursaturation urinaire en facteurs lithogènes. Il s’agit de règles hygiénodiététiques :

  • consommer 2 l de boissons au minimum par jour, et plus s’il fait chaud ou en cas d’activités sportives ;
  • avoir une activité physique régulière ;
  • éviter l’excès de calories ;
  • varier l’alimentation et consommer des fibres (fruits et légumes) ;
  • réduire l’apport protidique (< 1 g/kg/j) ;
  • limiter les protéines d’origine animale ;
  • limiter les aliments riches en oxalates ;
  • réduire la consommation de sucres et de boissons sucrées ;
  • réduire à 7 g/j la consommation de sel.

B. Mesures spécifiques

Elles sont fonction du type de calcul.

1. Acide urique

L’alcalinisation des urines, par apport de bicarbonates (eau de Vichy) ou de citrate de potassium, en amenant le pH urinaire à 6,5-7, doit entraîner la dissolution d’un calcul d’acide urique pur en 1 à 3 mois.

Conditions préalables : pas d’obstruction de la voie excrétrice urinaire, absence d’infection urinaire (l’alcalinisation en milieu infecté aboutit au dépôt de phosphate de calcium insoluble à la surface du calcul d’acide urique).

Objectif thérapeutique et surveillance : pH, contrôlé par papier coloré réactif, maintenu entre 6,5 et 7 y compris la nuit (contrôle le soir et le matin).

Un régime avec réduction des apports en protéines animales (charcuterie, abats) est mis en œuvre et un traitement hypo-uricémiant (allopurinol) est associé lorsqu’il existe une hyperuricémie avec hyperuricurie.

2. Oxalocalcique

Aucune dissolution des calculs n’est possible. Le traitement médical vise donc à prévenir les récidives après traitement du calcul.

Il ne faut pas supprimer la consommation de produits riches en calcium. Il est même important de maintenir un apport calcique quotidien autour de 1 g sous peine de provoquer une ostéopénie, voire une ostéoporose, sans pour autant empêcher la formation de calculs, qui seront alors d’une autre nature. Les patients consommant des laitages doivent boire une eau peu calcique (Volvic, Évian, eau de ville). Dans le cas contraire, on recommande une eau riche en calcium (Contrex, Hépar, Courmayeur).

Les apports en oxalates doivent être réduits (chocolats, rhubarbe, oseille, etc.).

En ce qui concerne la lithiase calcique secondaire à une maladie identifiable, elle doit bénéficier si possible du traitement de la maladie causale. Ainsi, la lithiase calcique secondaire à un adénome parathyroïdien (hyperparathyroïdie primaire) est traitée par l’ablation de l’adénome parathyroïdien.

3. Cystinurie

La cystinurie est une maladie autosomique récessive dans laquelle le défaut de réabsorption tubulaire de la cystine entraîne une sursaturation urinaire (concentrations 20 fois supérieures à la normale). Elle nécessite des mesures adaptées :

  • diminution des apports en méthionine, précurseur de la cystine (escargots, viande de cheval, parmesan, morue, etc.) ;
  • solubilisation de la cystine par l’obtention d’une diurèse importante (3 à 4 l//j) et alcaline (pH supérieur à 7,5) « diurèse alcaline » afin de pouvoir maintenir une faible concentration urinaire en cystine ;
  • régime pauvre en sel ;
  • en cas d’échec, on propose une chélation de la cystéine, précurseur de la cystine, par la D-pénicillamine (effets secondaires parfois sévères).

4. Calcul d’infection

Les calculs de phosphate ammoniacomagnésien se forment en présence de germes uréasiques et en milieu alcalin. Outre l’ablation des calculs, le traitement repose sur l’obtention d’une « stérilisation » urinaire permanente par une antibiothérapie adaptée, au besoin prolongée.


XIII. Surveillance/suivi des patients


Assuré par des examens d’imagerie en privilégiant les moins irradiants. Il est souhaitable de ne pas multiplier les TDM si un ASP et/ou une échographie sont suffisants.

Au décours d’une CN ayant évolué favorablement sous traitement médical, le suivi du calcul est assuré par des clichés d’abdomen et une échographie rénale et pelvienne toutes les deux semaines. Après 4 à 6 semaines de suivi, si le calcul est toujours présent, un traitement spécifique est nécessaire.

Un contrôle (ASP, échographie rénale) est effectué 1 à 3 mois après chaque traitement urologique pour évaluer le résultat.

Le suivi d’imagerie est fonction du résultat du traitement (contrôles tous les 6 à 12 mois).

Le suivi médical est également nécessaire et les patients doivent refaire un bilan métabolique 6 mois après la mise en place des règles hygiénodiététiques pour s’assurer de leur bonne observance.

 

Pour en savoir plus



Recommandations de bonne pratique pour la prise en charge des calculs et de la lithiase urinaires : diagnostic, traitement, suivi et prévention secondaire – Argumentaire. Association française d’urologie (AFU), 2022.

Recommandations de bonne pratique pour la prise en charge des calculs et de la lithiase urinaires: diagnostic, traitement, suivi et prévention secondaire – Argumentaire

 


Résumé

Rang

Intitulé

Descriptif

Lithiase et calcul

Lithiase urinaire : maladie multifactorielle qui aboutit à la formation de calculs dans la voie excrétrice urinaire

Termes non synonymes, le calcul étant la conséquence de la lithiase

Épidémiologie de la lithiase urinaire

10 % de la population et affecte deux hommes pour une femme

La colique néphrétique est un motif fréquent de consultation aux urgences (170 000 passages annuels, 1 à 2 % des consultations aux urgences). 90 % des coliques néphrétiques (CN) sont d’origine lithiasique

Fréquence des différents types de calculs

Cf. tableau 14.1

Connaître les principaux facteurs lithogènes

• Diurèse insuffisante

• Facteurs alimentaires

• Apports alimentaires excessifs :

– produits laitiers ; protéines animales

– sel ; aliments riches en oxalates ; purines ; sucres rapides tels que le fructose

• Diminution de la consommation de fibres alimentaires

• Facteurs lithogènes spécifiques :

– familiaux

– infection urinaire

– anomalie du pH urinaire

• Médicaments

• Anomalie anatomique

Définition de la CN

La colique néphrétique (CN) est un syndrome douloureux aigu lomboabdominal lié à la mise en tension brutale de la voie excrétrice supérieure en amont d’une obstruction, quelle qu’en soit la cause

Connaître les facteurs favorisants de la CN

• Voyage récent et prolongé

• Séjour en pays chaud

• Travail avec exposition à la chaleur

• Immobilisation prolongée

• Hydratation insuffisante

• Activité sportive

• Modification de l’alimentation

Connaître les aspects cliniques de la CN simple

La douleur lombaire est unilatérale, brutale et intense avec une irradiation antérieure et oblique vers la fosse iliaque et vers les organes génitaux externes. Elle irradie parfois vers l’angle costovertébral. Des signes urinaires (pollakiurie, brûlures mictionnelles, mictions impérieuses, hématurie) peuvent être associés ainsi que des signes digestifs (nausées, vomissements) et une agitation ou une anxiété. La douleur peut se limiter aux zones d’irradiation, en particulier à la phase initiale

Certaines formes de CN sont dites hyperalgiques car elles résistent aux traitements médicaux bien conduits

La douleur peut céder spontanément, ce qui peut aussi traduire la rupture d’un fornix rénal avec extravasation d’urine en périrénal

La douleur peut être :

– chronique, localisée au rein et à la fosse lombaire, sourde et exacerbée par l’activité

– localisée à l’uretère ou à des zones de projection, pouvant alors être associée à des signes d’irritation vésicale (pollakiurie, impériosités), traduisant un calcul bloqué juste en amont de la vessie

À l’examen clinique, il existe une douleur à la palpation et à la percussion de la fosse lombaire sans défense abdominale. Dans les formes simples, le patient est apyrétique. La bandelette urinaire est recommandée et montre une hématurie microscopique dans 70 à 100 % des cas. La présence de nitrites et de leucocytes à la bandelette impose de rechercher une infection en réalisant un examen cytobactériologique des urines (ECBU)

Connaître les aspects cliniques de la CN compliquée

Liée au terrain :

– grossesse

– insuffisance rénale chronique

– rein transplanté

– rein unique

– uropathie connue

– patient VIH + traité par antiprotéases

Avec signes de gravité :

– fièvre

– oligoanurie/insuffisance rénale

– douleur résistante au traitement médical bien conduit

Connaître les autres aspects cliniques des calculs urinaires

Hématurie

• Microscopique : très fréquente (70 %), facile à déceler par la bandelette urinaire réactive

• Macroscopique : plus rare et imposant toujours la recherche d’une autre cause car non spécifique

Infection urinaire avec ou sans signes généraux

• La fièvre traduit une atteinte du parenchyme rénal (pyélonéphrite aiguë obstructive). Un syndrome septique sévère (choc septique) peut apparaître brutalement et mettre en cause le pronostic vital

• Une infection urinaire récidivante impose la recherche d’un calcul (sauf en cas de cystite chez la femme jeune)

Insuffisance rénale

• Aiguë : elle peut être la complication d’une infection du parenchyme rénal avec choc septique et tubulopathie

Elle peut aussi révéler un obstacle par migration calculeuse dans la voie excrétrice d’un rein unique, anatomique ou fonctionnel (ou une migration bilatérale) et réalise alors un tableau d’insuffisance rénale aiguë avec anurie. Le pronostic est lié à l’hyperkaliémie associée qui doit être recherchée et un électrocardiogramme (ECG) doit être réalisé pour apprécier son retentissement cardiaque

• Chronique : elle est l’aboutissement d’un obstacle chronique et bilatéral, peu symptomatique. Les calculs coralliformes bilatéraux peuvent évoluer à bas bruit et entraîner une insuffisance rénale chronique. Cette circonstance de découverte est devenue très rare

Indication des examens d’imagerie devant une lithiase urinaire

Le choix des examens est fonction du contexte clinique et de leur accessibilité :

– CN simple : les recommandations préconisent désormais la réalisation d’une TDM AP sans injection en première intention, le couple ASP-échographie étant proposé en seconde intention. La TDM n’est cependant pas préconisée pour le suivi évolutif des calculs et il faut lui préférer l’ASP et/ou l’échographie ; l’examen d’imagerie choisi doit être réalisé dans les 48 h après la consultation

– CN compliquée : la TDM sans injection est indiquée en urgence car ce tableau clinique impose une certitude diagnostique quant à l’existence et la position de l’obstacle

Examens biologiques en urgence pour colique néphrétique

Bilan sanguin : ionogramme, créatininémie, auxquels on peut rajouter NFS, plaquettes, CRP, hémocultures, ECBU selon le contexte clinique

Examens pour le diagnostic étiologique de la lithiase urinaire

TDM AP IV– pour le diagnostic étiologique d’un calcul. Des séquences d’acquisition après injection de produit de contraste (dont temps tardif ou excrétoire) permettent de dépister une anomalie anatomique

Connaître les principales anomalies métaboliques associées à des lithiases calciques

Aucune dissolution des calculs calciques n’est possible

Ne pas supprimer la consommation de produits riches en calcium

Maintenir un apport calcique quotidien autour de 1 g

Apports réduits en oxalates (chocolats, rhubarbe, oseille, etc.)

Traitement étiologique si pathologie sous-jacente (adénome parathyroïdien [hyperparathyroïdie primaire])

Connaître les principes de la prise en charge de la lithiase urinaire

Prise en charge médicale de la colique néphrétique

Prise en charge médicochirurgicale des formes compliquées de colique néphrétique

Prise en charge urologique d’un calcul

Mesures générales hygiénodiététiques pour la prévention secondaire d’un calcul

ASP : abdomen sans préparation ; CN : colique néphrétique ; CRP : C-reactive protein ; ECBU : examen cytobactériologique des urines ; NFS : numération-formule sanguine ; pH : potentiel hydrogène ; TDM AP : tomodensitométrie abdominopelvienne ; VIH ; virus de l’immunodéficience humaine.

 

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