L’appareil urinaire et sa pathologie font l’objet de descriptions dans les textes que nous ont laissés les grandes civilisations de l’antiquité et les traités d’histoire de l’urologie datent les premières descriptions environ 4000 ans avant notre ère. La France était encore loin de faire parler d’elle !
Jean Casimir Felix GUYON est considéré par les urologues du monde entier comme le « père » de l’Urologie moderne. On a donc peut-être trop tendance à minimiser le rôle des grands précurseurs français qui ont, depuis le XIIIème siècle contribué à imaginer, délimiter, servir et développer notre spécialité.
Le premier document français écrit conservé concernant l’urologie est en latin : « Carmina de urinarum judiciis » ou Poème des urines. Il a été écrit par Gilles de CORBEIL (Petrus Egidius Corboliensis) ( ?-1220), chanoine de Paris et premier médecin du roi Philippe Auguste (1165-1223). L’accent est mis sur la richesse des informations que peut apporter l’examen de l’urine.
Guy de CHAULIAC (1298 ?-1368) est reconnu comme le père de la Chirurgie française. Né dans le Gévaudan, il exerce à Lyon puis à Avignon où il est médecin de 3 papes, et de Laure de Noves. Il y rédige en 1343 un « inventorium sive collectorium partes chirurgicalis medicinae » qui place les maladies de l’appareil urinaire, dans les affections chirurgicales, puis, en 1363 « chirurgia magna ». Son célèbre « guidon de la pratique en chirurgie » restera pour les étudiants en chirurgie un livre de référence jusqu’au 18ème siècle.
Du 13ème au 17ème siècle la chirurgie va progressivement s’individualiser. La tâche était difficile car les chirurgiens n’étaient, au départ rien d’autre que des barbiers, c’est-à-dire des forains exerçant de ville en ville un travail manuel, marque de servage. Ils ne pouvaient en aucun cas appartenir au corps de l’université. Or la médecine commença à être officiellement enseignée en 1220 à Montpellier (alors que Montpellier n’était pas encore rattachée au royaume de France), en 1229 à Toulouse, et en 1274 à Paris, bien que Philippe Auguste eût créé dès 1215 la première université véritablement parisienne. Lorsque Robert de Sorbon fonde la Sorbonne, elle est surtout vouée aux études théologiques.
La chirurgie fut progressivement reconnue et la possibilité de disséquer des cadavres ouvrait la porte aux progrès de l’anatomie et de la pathologie chirurgicale.
Il faut attendre Ambroise PARÉ (1510-1590), chirurgien de quatre rois de France, très populaire dans toutes les couches sociales, pour qu’un chirurgien barbier qui ne savait pas le latin soit reconnu par les universitaires.
Des 10 livres de chirurgie d’Ambroise Paré, 3 sont consacrés à l’Urologie :
Enfin dans son XVIIIème livre est mise en place une approche de la sexologie.
Contemporain d’Ambroise Paré, le provençal Pierre FRANCO (1504-1578) est moins célèbre alors que sa contribution à la chirurgie et tout spécialement à l’urologie est considérable. Mais, protestant il avait du, un temps se réfugier à Lausanne en terre Vaudoise.
La France de Guy de Chauliac, d’Ambroise Paré, et de Pierre Franco montrait bien le chemin de l’individualisation de la spécialité chirurgicale dans la Médecine et confirmait la place de l’Urologie.
Mais il faudra attendre encore plus d’un siècle pour voir vraiment reconnaître la chirurgie et plus de deux siècles pour voir officialiser la place de l’Urologie.
Pendant ce temps de nombreux médecins et chirurgiens français vont uvrer dans ce sens. Parmi eux :
A la mort de Dupuytren, Félix Guyon avait 4 ans, le père de l’urologie moderne était né.
Contenu protégé