La cystinurie et ses traitements : une approche physiopathologique
La cystinurie est une maladie monogénique induisant une perte de fonction d’un transporteur d’acides aminés dibasiques impliqué dans la réabsorption de cystine au niveau des tubules rénaux proximaux. L’excrétion urinaire de cystine chez ces patients est augmentée d’un rapport 10 à 60 par rapport au sujet sain, responsable d’une sursaturation avec précipitation de cristaux de cystine dans les reins et de calculs dans les cavités excrétrices. La physiopathologie de la cystinurie est particulière : la concentration plasmatique de cystine est souvent normale alors que l’absorption intestinale est diminuée. Ce paradoxe est expliqué par une absorption intestinale préservée de cystéine et de méthionine qui sont deux acides aminés soufrés métabolisés notamment en cystine. Le principe du traitement consiste à empêcher la formation de cristaux de cystine dans les reins afin de prévenir la survenue d’une maladie lithiasique, mais aussi d’une authentique néphropathie cristalline responsable d’une insuffisance rénale chez plus de la moitié des patients. Le traitement médical des patients cystinuriques repose (1) sur une diminution de l’excrétion urinaire quotidienne de cystine qui est le reflet de l’absorption intestinale et donc des apports en méthionine ; (2) sur une augmentation du seuil de solubilité urinaire de la cystine afin de prévenir une précipitation cristalline intratubulaire et intracavitaire par une dilution et une alcalinisation des urines avec des valeurs cibles de 3 L et un pH urinaire aux alentour de 7,5. Le traitement par sulfhydryle dont le but est de dissocier les ponts disulfures des molécules de cystine avec un effet modeste sur la dissolution des calculs de cystine constitués ne devrait en toute logique être utilisé en dernier recours une fois les mesures diététiques et la cible de pH urinaire obtenue.
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