Objectifs.– La prostatectomie totale est le traitement de référence du cancer localisé de la prostate de l’homme jeune. À l’heure de la chirurgie cœlioscopique robot-assistée, la voie rétropubienne est encore majoritairement choisie par les urologues français.

L’objectif a été d’évaluer de manière prospective les résultats carcinologiques (taux de marges chirurgicales positives [MCP] et survie sans récidive biologique à cinq ans) après prostatectomie totale rétropubienne (PTR), selon un protocole technique totalement standardisé et reproductible pour répondre à une qualité d’exérèse stricte.

Méthodes.– Une étude prospective (janvier 2005–décembre 2011) a été réalisée chez 1065 patients consécutifs ayant eu une PTR pour cancer localisé de la prostate. L’âge moyen était de 61,6 ± 6,2 ans (46–77), le stade clinique : 68,1 % T1c et 31,8 % T2a/b/c, le PSA préopératoire moyen de 7,3 ± 4,5 ng/mL (0,5–47,9) et le score de Gleason biopsique moyen de 6,85 ± 0,5 (5–9). Le taux de préservation nerveuse était de 70,6 %. L’analyse histologique a été réalisée avec une inclusion complète de la pièce et une coupe tous les 3 mm (protocole de Stanford). La récidive biologique était définie par une valeur d’antigène spécifique de prostate (PSA) supérieure à 0,15 ng/mL.

Résultat.– Le taux global de MCP était de 8,7 % (93/1065), la taille des marges : inférieure ou égale à 1 mm : 51,6 %, 1–3 mm : 17,2 %, supérieure à 3 mm : 31,2 %. La localisation des MCP était préférentiellement à l’apex pour les pT2 (83,3 %) majoritairement liée à un envahissement des fibres musculaires striées et plus équitablement répartie pour les pT3 (apex : 30 %, zone capsulaire : 26 %, col vésical : 36 %). Dans les PN, le taux global de MCP était de 7,8 %, dont 2,3 % (14/587) et 25,4 % (41/161) pour les stades pT2 et pT3. Marges d’exérèses positives selon les stades :Unique (%)Multiples (%)Total (%)pT2 n = 77518 (2,3)0 (0)18 (2,3)pT3 n = 28250 (17,7)17 (6)67 (23,7)pT4 n = 86 (75)2 (25)8 (100)Total n = 106574 (6,9)19 (1,8)93 (8,7)

La survie sans récidive biologique des pT2 à trois et cinq ans était de 97,5 % et 95,5 %.

Conclusion.– À notre connaissance, en comparaison avec les autres séries publiées portant sur plus de 1000 patients consécutifs, le taux de marge global est, pour la première fois, inférieur à 10 % et inférieur à 3 % dans les pT2.