Objectifs.– Il a été montré que la rigidité érectile était corrélée à une augmentation de la confiance en soi, à une satisfaction sexuelle plus élevée et à une amélioration de facteurs psychosociaux, tels que les rapports interhumains pris dans leur globalité comme au sein d’une relation sexuée. Il est estimé qu’environ un tiers des hommes utilisant des inhibiteurs de la prostaglandine 5 (PDE5i) cessent d’utiliser leur traitement après une seule prescription et 50 % après six mois de traitement. Cette étude a été réalisée afin d’explorer le lien entre rigidité érectile et compliance thérapeutique.

Méthodes.– Les patients se présentant dans le service d’andrologie de notre institution pour dysfonction érectile et qui étaient candidats à un traitement par PDE5i ont eu une évaluation de leur fonction érectile et de la rigidité de leurs érections en utilisant les questionnaires International Index of Erectile Function (IIEF) et Erection Hardness Score (EHS). Les patients étaient suivis de façon routinière et après un délai minimum de 12 mois après le début de leur traitement par PDE5i étaient réévalués grâce aux même questionnaires. Les patients étaient alors également questionnés sur le suivi de leur traitement par PDE5i. Des analyses multivariées ont été conduites pour définir les facteurs prédicteurs d’une meilleure compliance au traitement par PDE5i.

Résultat.– Cent-soixante-six hommes ont été inclus dans notre analyse. L’âge moyen était de 62 ± 32 ans. Soixante-six pour cent des patients étaient mariés ou vivaient maritalement. Le reste des patients étaient célibataires ou sans partenaire sexuelle constante bien que sexuellement actifs. L’âge moyen des partenaires étaient de 56 ± 24 ans. Trente-cinq pour cent des patients avaient un facteur de risque vasculaire, 36 % deux, 24 % trois et 5 % plus de quatre. Le choix du PDE5i prescrit a été fait en fonction des préférences du patient et des données médicales concernant la fonction sexuelle de chaque patient. Le délai moyen avant la réévaluation du traitement par PDE5i et la répétition des questionnaires était de 16 ± 3 mois. À la consultation initiale, 26 % des patients avaient une légère dysfonction érectile (EHS3), 42 % avaient une dysfonction érectile modérée (EHS2) et 32 % avaient une dysfonction érectile sévère (EHS1). Le score IIEF moyen initial était de 17 ± 12 et à l’évaluation finale il était de 22 ± 9 (p < 0,01). À la consultation finale, 4 % des patients avaient un score EHS1, 12 % EHS2, 28 % EHS3, et 56 % EHS4. Globalement, 64 % des hommes étaient toujours compliants au traitement à l’évaluation de suivi. La distribution des patients continuant à utiliser leur traitement par PDE5i après un intervalle moyen de 16 ± 3 mois du début du traitement était de 11 % pour les patients EHS1, 32 % pour les patients EHS2, 68 % pour les patients EHS3, et 86 % pour les patients EHS 4. Sur les analyses de régression logistique, les facteurs prédicteurs d’une bonne compliance au traitement par PDE5i étaient le fait d’avoir un ou une partenaire, l’âge du ou de la partenaire, le score EHS initial, et une amélioration supérieure ou égale à 2 points sur l’échelle EHS.

Conclusion.– Il existe une très forte association entre la rigidité érectile et la compliance au traitement par PDE5i. D’autres prédicteurs d’une bonne compliance thérapeutique sont le fait d’avoir un ou une partenaire, un ou une partenaire plus jeune, et la fonction érectile initiale. L’amélioration de la fonction érectile des hommes conduit à de plus faibles taux d’abandon thérapeutique.