L’Association française d’urologie lance MentorAFU, un programme de mentorat destiné aux internes, assistants, et jeunes praticiens. Cette initiative propose d’appliquer à l’urologie une pratique courante dans d’autres secteurs, en s’appuyant sur les résultats d’enquêtes menées par l’Association française des urologues en formation (AFUF).
Tout est parti de récentes enquêtes menées par l’AFUF. L’une, sur la santé psychologique, a mis en évidence des cas de burn-out en début de carrière. L’autre, consacrée au harcèlement moral et sexuel, a révélé qu’environ 70 % d’internes déclaraient avoir été confrontés à ces situations.
Face à ces constats, et dans un contexte hospitalier marqué par des tensions démographiques et une amplitude de travail importante, l’AFU a imaginé une réponse : MentorAFU.
Ce programme a pour objectif d’aider les jeunes urologues à construire plus sereinement leur parcours professionnel. « 83 % d’entre eux ont exprimé leur intérêt pour un dispositif de mentorat. Ils jugent qu’un tel accompagnement leur serait utile et regrettent de ne pas en avoir bénéficié plus tôt », rapporte Géraldine Pignot, membre du conseil d’administration de l’AFU.
Les principes du mentorat adapté à l’urologie
MentorAFU privilégie le partage d’expériences et l’écoute attentive, plutôt qu’un coaching directif. Il ne s’agit pas de prescrire un parcours.
Le dispositif repose sur un appariement personnalisé selon les besoins et projets de chacun. L’une de ses forces est l’indépendance, qui crée la confiance. Mentors et mentorés n’exercent ni dans le même centre ni dans la même ville. Géraldine Pignot précise : « Cette distance géographique et hiérarchique garantit la confidentialité des échanges, les mentors s’engageant formellement à ne jamais communiquer avec la hiérarchie du mentoré. »
Deux axes d’accompagnement
Ce nouveau programme de l’AFU s’articule autour de deux axes principaux : d’une part, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, avec des difficultés liées au rythme de travail, à l’isolement ou aux tensions hiérarchiques ; d’autre part, le développement de carrière, en exercice libéral comme en milieu universitaire.
Concrètement, les mentors répondent aux interrogations spécifiques de leurs mentoré(e)s. Lorsqu’un(e) jeune praticien(ne) envisage de s’installer en clinique, ses questions portent sur des aspects pratiques : constitution de la patientèle, gestion administrative, choix des modalités d’association. En cas d’ambition universitaire, l’accompagnement concerne les spécificités d’un parcours perçu comme exigeant par les nouvelles générations.
Le programme favorise un échange mutuel, souvent enrichissant aussi pour les mentors. « Cette relation leur permet de mieux percevoir les réalités professionnelles auxquelles sont confrontés les jeunes praticiens », souligne Géraldine Pignot.
L’AFU formalise actuellement cette démarche par la rédaction d’une charte de mentorat précisant les principes et modalités du programme.
par Pierre Derrouch