Les urgences en urologie, certaines trop mal connues
Si certaines urgences en urologie sont bien connues des urologues, d’autres parce que rares restent méconnues. Pour la première fois, le rapport du congrès fait le point sur différentes pratiques.
Le rapport du congrès 2021 aborde en neuf chapitres les avancées dans les urgences urologiques courantes que sont la rétention urinaire aiguë, sous l’angle du parcours de soins, et la colique néphrétique notamment chez la femme et l’enfant. Il traite aussi des urgences urologiques plus rares et méconnues de bon nombre d’urologues : la traumatologie de guerre et d’attentat, avec la notion de triage des patients, de chirurgie écourtée et de damage control ; les urgences rares que tout urologue peut être amené à traiter comme la gangrène de Fournier ou encore la pyélonéphrite emphysémateuse. Sont aussi détaillés les traumatismes du rein. L’enjeu en traumatologie est de savoir trier les pathologies dans un contexte polytraumatique selon le risque de décompensation : lésion du rein, saignement de la rate…
Pour faire face à toute urgence urologique, un maître-mot ressort de l’ouvrage : la coopération. « Les urologues doivent s’organiser afin d’avoir des astreintes communes efficaces pour assurer la permanence des soins. Ils doivent également pouvoir disposer d’un plateau technique pour référer les urgences les plus graves, avec des parcours de soins bien rodés », indique Jean-Alexandre Long, co-auteur du rapport avec Romain Boissier et Pierre-Henri Savoie.
L’épidémiologie des urgences urologiques
Le rapport présente l’épidémiologie des urgences urologiques à partir du réseau OSCOUR® de Santé Publique France. « Ce réseau de surveillance des urgences en France permet de dresser un état des lieux dans chaque domaine d’urgence », indique Romain Boissier. Cela permet d’avoir une carte de France des urgences urologiques. De 2014 à 2019, elles ont représenté 4,2 % de la totalité des passages aux urgences, soit en moyenne 591 000 passages par an. 25 % ont abouti à une hospitalisation. Les urgences infectieuses ont représenté 35 % de ces passages. La colique néphrétique, la rétention urinaire aiguë et l’hématurie font partie des dix situations les plus fréquentes des services d’accueil des urgences (SAU) sur cette période. « Ce travail nous a permis d’avoir des temps de passage aux urgences, de plus de quatre heures par exemple pour rétention aiguë d’urine. »
Le rapport renseigne également sur la typologie des patients et la fréquence des hospitalisations : deux tiers d’hommes et un tiers de femmes sont reçus dans les SAU pour une colique néphrétique avec près d’un tiers de ces urgences qui mène à une hospitalisation ; les rétentions aiguës d’urine qui touchent environ 75 % des hommes ont un taux d’hospitalisation plus faible d’environ 25 %. « Cela montre que les urgentistes français suivent les recommandations », souligne Romain Boissier.
La traumatologie pénétrante
Un article du rapport est consacré à la chirurgie d’hémostase, liée à des attaques terroristes. « Suite aux attentats de 2015 à Paris, les urologues ont été sensibilisés à la possibilité d’être confrontés à des urgences de ce type. Les blessés ont souvent été adressés aux établissements les plus proches et non dans les trauma centers », indique Pierre-Henri Savoie. Les urologues peuvent alors être amenés à coordonner les soins sur ces blessés. « Contrairement à ce que l’on pense, mieux vaut être expérimenté pour trier les patients en fonction des durées opératoires », fait-il remarquer. Il souligne l’importance d’avoir quelques compétences de chirurgie de sauvetage, pour permettre au patient d’être pris en charge en réanimation avec des paramètres physiologiques stabilisés avant d’envisager une chirurgie de réparation. Une prise en charge en trois phases dénommée damage control et bien connue des médecins militaires. « Le but n’est pas de faire le traitement idéal mais de stabiliser le patient », résume Pierre-Henri Savoie.
Pierre Derrouch