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Les Enterobactéries productrices de BLSE : Le dilemme de l’antiobiorésistance

La résistance des bactéries aux antibiotiques est un enjeu majeur de la médecine pour les générations à venir. Les enterobactéries productrices de bétalactamases à spectre étendu sont de ces bactéries, et les urologues ont de plus en plus affaires à elles. Décryptage avec le Pr Franck Bruyère, responsable du comité d’infectiologie de l’AFU.

Les bactéries productrices de BLSE en urologie

Depuis plusieurs années en urologie, on constate une augmentation progressive des bactéries productrices de BLSE c’est à dire de bétalactamases à spectre étendu. Ces bétalactamases sont des enzymes qui confèrent à la bactérie la capacité de survivre à certains antibiotiques jusqu’alors efficaces, les bétalactamines. Il s’agit donc d’un mécanisme de défense que la bactérie développe en réponse à une agression, ainsi cette augmentation de cas de bactérie productrice de BLSE est liée principalement à la consommation antibiotique.
En effet, « plus on prescrit de bétalactamines plus on a en réponse un mécanisme de résistance avec une production de bétalactamases » nous explique Pr Franck Bruyère. Cette résistance peut être retrouvée chez des bactéries bien connues en urologie que sont les entérobactéries et notamment Escherichia coli, une bactérie présente dans la flore intestinale et responsable d’infections urinaires. La proportion de ces bactéries productrices de BLSE augmente progressivement depuis des années « sans être pour le moment alarmant » précise Pr Franck Bruyère.
La présence ou la suspicion d’une BLSE impose cependant l’utilisation d’autres antibiotiques ce qui risque d’entrainer l’apparition de nouveaux mécanismes de défense et de nouvelles résistances à ces antibiotiques. Cependant « de nouveaux antibiotiques sont en cours de développement dans ce cadre » nous rassure Pr Franck Bruyère.

Quel impact pour le patient ?

Premièrement, la présence de BLSE n’est pas à risque d’infection plus grave. En effet, « on pense que plus les germes sont résistants moins ils sont virulents, la problématique réside essentiellement dans le manque de traitement disponible efficace sur ces souches » précise Pr Franck Bruyère.
Lors des premiers jours le traitement de l’infection est dit probabiliste, c’est à dire que l’on prescrit le médicament qui a le plus de chance d’être efficace contre la bactérie que l’on suspecte. En effet l’identification de la bactérie et des antibiotiques efficaces pour l’éradiquer peut prendre 48 à 72h. Ainsi la suspicion de BLSE doit faire modifier le traitement probabiliste au profit de molécules reconnues plus efficaces sur ces souches. Il convient donc pour le médecin de rechercher les facteurs de risques d’infection par BLSE :

  • la prise d’un antibiotique dans les 6 derniers mois
  • un voyage dans les 6 derniers mois en zone d’endémie
  • la présence connue d’une bactérie productrice de BLSE récemment
  • une hospitalisation dans les 3 mois précédents
  • une vie en établissement de long séjour 

En cas de présence d’un de ces critères, une modification de la prescription d’antibiotique devra être envisagée.
 

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