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Radiothérapie après chirurgie : quand ? Pour qui ?

En Octobre 2020 paraissait dans la fameuse revue médicale, The Lancet Oncology, un article rapportant les résultats d’une étude française plaçant la radiothérapie au centre du débat. Le Dr Paul Sargos, radiothérapeute à l’institut Bergonié, membre du comité de cancérologie de l’Association Française d’Urologie et auteur de cet article, nous éclaire sur la place de la radiothérapie après chirurgie pour les patients opérés d’un cancer de prostate.

La radiothérapie adjuvante qu’est-ce que c’est ?

La radiothérapie est un traitement utilisé dans la prise en charge des cancers. Elle utilise des rayons X pour détruire les cellules cancéreuses. La radiothérapie dite adjuvante consiste à proposer, selon certains critères, les rayons au patient directement après la chirurgie d’ablation de la prostate. Elle est proposée lorsque l’analyse au microscope de la tumeur conclu à un risque important de récidive. Elle est alors effectuée en laissant un délai de récupération de 3 mois après la chirurgie afin de ne pas compromettre à la cicatrisation locale. En effet, les rayons peuvent affecter également les tissus sains avoisinants, pouvant être responsable d’effets secondaires. Le respect de ce délai permet de limiter le risque d’effet indésirable urinaire (irritation, fuites) ou sexuel (impuissance) présents dans environ 10%, « ce qui est conséquent pour les patients » nous explique-t-il. 

Le rattrapage précoce, pourquoi ? 

Plus le délai entre les rayons et la chirurgie est court, plus il y a de risque de voir apparaître des effets indésirables. Ainsi, trois études (RAVES1, RADICALS2 et GETUG-AFU 173) ont tenté d’évaluer si l’augmentation de ce délai au maximum, c’est à dire en cas d’élévation du PSA, permettait de réduire les effets indésirables tout en conservant l’efficacité du traitement.
L’étude française (GETUG-AFU 17) retrouvait que le traitement par rayons ainsi différé pourrait diminuer les effets indésirables des rayons sans qu’il y ait de risque pour le patient concernant l’évolution du cancer.
Cependant Paul Sargos nous met en garde, « la fenêtre thérapeutique ciblée est étroite », puisqu’on estime que le PSA ne doit pas dépasser 0,5ng/mL pour que cette nouvelle stratégie soit pleinement efficace.

Vers un traitement personnalisé

L’objectif principal en radiothérapie reste de proposer le traitement le plus efficace avec le moins d’effets indésirables possible. Ainsi les progrès dans la technique des rayons ont permis de diminuer ces risques et c’est à présent la sélection des patients qui représente un enjeu important. En ce sens, l’analyse de ces études semble montrer que « même chez les patients à risque élevé, une stratégie différée fonctionne bien » nous explique Paul Sargos. Ce type de thérapie différé pourraient donc être proposée à une large sélection de patients, permettant de réduire de façon importante les effets indésirables lié à un traitement précoce.
« D’autres pistes sont également à l’étude » afin d’améliorer la sélection des patients, nous informe-t-il. En effet, selon lui les nouvelles imageries ou encore la génétique des tumeurs seront aussi des points clefs vers un traitement personnalisé.

 

Références :

 

  1. Adjuvant radiotherapy versus early salvage radiotherapy following radical prostatectomy (TROG 08.03/ANZUP RAVES): a randomised, controlled, phase 3, non-inferiority trial. Kneebone A, Fraser-Browne C, Duchesne GM, Fisher R, Frydenberg M, Herschtal A, Williams SG, Brown C, Delprado W, Haworth A, Joseph DJ, Martin JM, Matthews JHL, Millar JL, Sidhom M, Spry N, Tang CI, Turner S, Wiltshire KL, Woo HH, Davis ID, Lim TS, Pearse M.Kneebone A, et al. Lancet Oncol. 2020 Oct;21(10):1331-1340. doi: 10.1016/S1470-2045(20)30456-3.Lancet Oncol. 2020. PMID: 33002437 Clinical Trial.
  2. Timing of radiotherapy after radical prostatectomy (RADICALS-RT): a randomised, controlled phase 3 trial. Parker CC, Clarke NW, Cook AD, Kynaston HG, Petersen PM, Catton C, Cross W, Logue J, Parulekar W, Payne H, Persad R, Pickering H, Saad F, Anderson J, Bahl A, Bottomley D, Brasso K, Chahal R, Cooke PW, Eddy B, Gibbs S, Goh C, Gujral S, Heath C, Henderson A, Jaganathan R, Jakobsen H, James ND, Kanaga Sundaram S, Lees K, Lester J, Lindberg H, Money-Kyrle J, Morris S, O’Sullivan J, Ostler P, Owen L, Patel P, Pope A, Popert R, Raman R, Røder MA, Sayers I, Simms M, Wilson J, Zarkar A, Parmar MKB, Sydes MR.Parker CC, et al. Lancet. 2020 Oct 31;396(10260):1413-1421. doi: 10.1016/S0140-6736(20)31553-1. Epub 2020 Sep 28.Lancet. 2020. PMID: 33002429
  3. Adjuvant radiotherapy versus early salvage radiotherapy plus short-term androgen deprivation therapy in men with localised prostate cancer after radical prostatectomy (GETUG-AFU 17): a randomised, phase 3 trial. Sargos P, Chabaud S, Latorzeff I, Magné N, Benyoucef A, Supiot S, Pasquier D, Abdiche MS, Gilliot O, Graff-Cailleaud P, Silva M, Bergerot P, Baumann P, Belkacemi Y, Azria D, Brihoum M, Soulié M, Richaud P.Sargos P, et al. Lancet Oncol. 2020 Oct;21(10):1341-1352. doi: 10.1016/S1470-2045(20)30454-X.Lancet Oncol. 2020. PMID: 33002438 Clinical Trial
     

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