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Cancer de la vessie : comment bien soigner les personnes âgées ?

Dans un rapport écrit en 2019, l’AFU s’est interrogée sur les moyens à mettre en place pour une prise en charge adaptée des personnes âgées atteintes de cancer de la vessie.

Un retard de diagnostic complique souvent la prise en charge des patients atteints de cancer de la vessie. En effet, la présence de sang dans les urines, qui est l’un des principaux signes alarmant, est un symptôme commun à plusieurs pathologies bénignes ou évoque un surdosage de traitements anticoagulants. « Il n’est pas rare que les patients atteignent l’âge de 70 à 80 ans avant que le cancer de la vessie ne soit diagnostiqué », précise le Pr Yann Neuzillet, membre du comité de cancérologie de AFU et co-auteur du rapport rapport sur l’onco-urologie du sujet âgé (1).
Les patients plus âgés présentent souvent des formes plus agressives de la maladie. Le même traitement prodigué aux plus jeunes doit leur être proposé, notamment une chimiothérapie avant chirurgie. « Toute la difficulté est d’adapter les traitements afin qu’ils soient les plus efficaces possible, car c’est un fait épidémiologique : les personnes âgées sont moins fréquemment traitées et de ce fait leur pronostic est mauvais »

De l’importance de la réhabilitation précoce
Un retard de diagnostic complique la prise en charge des patients (2). « Il arrive que la présence de sang dans les urines ne soit pas considérée comme alarmant », explique le Pr Neuzillet. Deux raisons expliquent cela : la prescription fréquente d’antiagrégants ou d’anticoagulants chez les personnes âgées et la prévalence des causes bénignes d’hématurie augmentant avec l’âge. « Or dans 80% des cas, le diagnostic du cancer de vessie est fait à partir de l’exploration d’une hématurie macroscopique (3,4) ».
Lorsqu’enfin le diagnostic est posé, les traitements proposés aux sujets plus jeunes ont tendance à ne pas l’être aux personnes âgées, notamment par crainte de leurs toxicités et/ou de leur morbidité (5). « La paroi vésicale peut s’affiner avec l’âge. Les risques de perforation de la vessie sont plus importants. Plus de précautions sont donc nécessaires en cas d’intervention chirurgicale, telle qu’une résection endovésicale de la tumeur », estime le Pr Neuzillet. 
Les patients plus âgés ont souvent des formes plus agressives et le même traitement que pour les plus jeunes doit leur être proposé, dont une chimiothérapie avant chirurgie, si elle est réalisable. « Son efficacité est exactement la même pour les personnes âgées que pour les plus jeunes, il n’y a donc aucune raison de ne pas la prescrire ».

La préparation à l’intervention
Pour les patients plus fragiles, une préparation à l’intervention et des actions mises en place avant sa réalisation sont essentielles. « Elles reposent sur ce que nous réalisons dans les programmes de Récupération Améliorée Après Chirurgie (RAAC) : une préparation physique avec des exercices adaptés à l’âge, des exercices respiratoires, une reprise rapide de l’alimentation, une mobilisation rapide ( lever dès le lendemain de l’intervention), une anticipation du  retour au domicile… »

Références

  1. Neuzillet Y, et al. Spécificités épidémiologiques, pathologiques et pronostiques du cancer de la vessie chez les patients âgés. Progrès en Urologie, volume 29, Issue 14, november 2019, Pages 840-848. https://doi.org/10.1016/j.purol.2019.08.268.
  2. Hollenbeck BK et al. Delays in diagnosis and bladder cancer mortality. Cancer. 2010 Nov 15;116(22):5235-42. doi: 10.1002/cncr.25310.
  3.  Rouprêt M, et al. Recommandations françaises du Comité? de Cance?rologie de l’AFU — Actualisation 2018—2020 : tumeurs de la vessie. Prog Urol. 2018 Nov;28(12S):S46-S78. doi: 10.1016/j.purol.2018.07.283.
  4.  Babjuk M, et al. EAU Guidelines on Non-Muscle-invasive Urothelial Carcinoma of the Bladder: Update 2016. Eur Urol. 2017 Mar;71(3):447-461. doi: 10.1016/j.eururo.2016.05.041.
  5. Witjes JA, et al. Current clinical practice gaps in the treatment of intermediate- and high-risk non-muscle-invasive bladder cancer (NMIBC) with emphasis on the use of bacillus Calmette-Guérin (BCG): results of an international individual patient data survey (IPDS). BJU Int. 2013 Oct;112(6):742-50. doi: 10.1111/bju.12012.
     

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