L’immunothérapie dans les cancers de la vessie et des voies urinaires
L’immunothérapie permet de cibler un phénomène naturel, celui de l’activation du système immunitaire face aux agressions telles que le développement de cellules cancéreuses. Le point en urologie sur les dernières études et les nouveautés présentées lors du dernier Congrès de l’Association Française d’Urologie par le Pr Yann Neuzillet (Foch, Paris).
L’année 2018 a été riche pour l’immunothérapie, avec un prix Nobel de Médecine attribué à Allison et Honjo pour leurs travaux sur ce nouveau type de traitement anti-cancéreux. L’immunothérapie permet de renforcer le système immunitaire afin de reconnaitre des cellules présentant une agression au sein de l’organisme. En urologie, de nombreuses études ont été publiées concernant les cancers de la vessie et des voies urinaires. Le résumé avec le Pr Yann Neuzillet.
L’immunothérapie dans les cancers métastatiques
« Le cancer de la vessie reste une pathologie très variée, allant de la petite tumeur localisée jusqu’au cancer métastatique, en passant par la récidive cancéreuse agressive.
Concernant les patients métastatiques, il existe une période où ces derniers deviennent réfractaires à la chimiothérapie, diminuant drastiquement leur espérance de vie à quelques mois. »
De nombreuses études préliminaires ont été réalisées sur deux types d’immunothérapie (le Pembrolizumab et l’Atézolizumab), avec des résultats surprenants sur la survie globale, permettant de passer à des études de plus grande ampleur. Ces dernières n’ont retrouvé des résultats positifs que pour le Pembrolizumab1. « Le principal problème de l’étude de l’Atézolizumab était avant tout un défaut de méthodologie » souligne le Pr Neuzillet.
Les résultats montraient une réponse objective pour 28,6% des patients sous Pembrolizumab, avec des preuves suffisantes pour en faire un traitement de référence. Malheureusement la Haute Autorité de Santé refuse pour l’instant le remboursement, rendant ce médicament difficile à prescrire dans un établissement de santé.
D’autres études sont également en cours pour débuter par l’immunothérapie chez des patients métastasiques, avec des résultats préliminaires montrant un taux de réponse de 55% pour des patients sélectionnés. On sélectionne alors une population de patients possédant un certain type de marqueurs tumoraux.
L’immunothérapie en traitement d’appoint et avant la chirurgie pour les cancers localisés
L’immunothérapie agissant à tous les stades de la maladie, des essais sont aussi réalisés en traitement après ou avant chirurgie ; certaines études montraient jusqu’à 42% de disparition de la tumeur avant chirurgie, et jusqu’à plus de 50% chez les patients avec une forte expression du récepteur concerné.
Des résultats encourageants pour l’immunothérapie, qui est donc appelée à devenir l’un des outil thérapeutique de référence dans les prochaines années en onco-urologie.
Références
1 Del Alba G, A., Velasco G, Lainez N, Maroto P, Morales-Barrera R, Muñoz-Langa J et al. SEOM Clinical Guideline for Treatment of Muscle-Invasive and Metastatic Urothelial Bladder Cancer. Clinical & Translational Oncology: Official Publication of the Federation of Spanish Oncology Societies and of the National Cancer Institute of Mexico, December 18, 2018.
2 Galsky MD, Powles T, Li S, Hennicken D, Sonpavde G. A Phase 3, Open-label, Randomized Study of Nivolumab Combined With Ipilimumab, or With Standard of Care Chemotherapy, Versus Standard of Care Chemotherapy in Participants With Previously Untreated Unresectable or Metastatic Urothelial Carcinoma. Journal of clinical oncology (en cours).
3 Necchi A, Anichini A, Raggi D, Briganti A, Massa S, Lucianò R et al. Pembrolizumab as Neoadjuvant Therapy Before Radical Cystectomy in Patients With Muscle-Invasive Urothelial Bladder Carcinoma (PURE-01): An Open-Label, Single-Arm, Phase II Study. Journal of Clinical Oncology: Official Journal of the American Society of Clinical Oncology, October 20, 2018, JCO1801148.