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Cancer : les métastases non traitées ont un même profil génétique

Les cancers du rein (des cellules rénales, à différencier des cancers des voies urinaires) font partie des 10 cancers les plus fréquents, et peut exprimer en son sein des cellules très différentes au niveau génétique. Cette complexité cellulaire est une des limites de la thérapie dite « ciblée », qui va agir sur un seul type de mutation génétique. C’est que l’on appelle « l’hétérogénéité tumorale » à l’origine des récidives précoces de cancer.

Dans une étude, parue en octobre dans la revue internationale Science, deux équipes de recherche américaine se sont poser la question du profil génétique des métastases chez des patients qui n’étaient pas traités, et ont pu démontrer que les métastases présentaient en majorité les mêmes mutations, qu’on appelle « driver », conduisant la cellule tumorale à la métastase.
Pour un même patient, deux scénarios sont possibles. Les métastases peuvent descendre de la même population cellulaire du cancer du rein primitif, et partager ainsi les mêmes mutations « driver » (on qualifie ainsi les altérations ayant un impact majeur sur la progression de la maladie). Mais il est également possible qu’une différence de type de cellules tumorales au sein d’une même tumeur primitive donne lieu à une dissémination au niveau métastatique qui sera elle-même hétérogène, les métastases portant alors des mutations « driver » distinctes.

Des métastases homogènes
Pour réaliser cette étude, les équipes des Prs Bert Volgenstein (John Hopkins) et Martin Nowak (Harvard) ont récolté les données génétiques de 20 patients ayant eu au moins deux métastases non traitées et décédés de leur cancer : sein, colon-rectum, utérus, estomac, poumon, mélanome, pancréas et prostate. Au total, 76 métastases ont été analysées

En reconstituant l’histoire naturelle de la progression cancéreuse des patients, les chercheurs ont pu mettre en évidence que le cas de trouver des métastases avec des cellules hétérogènes au niveau génétique était un fait rare, avec un pourcentage de 10,5 % pour des patients atteint de quatre métastases détectables. Par ailleurs, cette probabilité est d’autant plus élevée que la tumeur primitive croît lentement au stade pré-métastatique.

Une bonne nouvelle pour la médecine de précision
« L’étude montre qu’il y a une homogénéité entre les métastases d’un même individu », résume le Pr Antoine Valeri, urologue à l’hôpital de la Cavale Blanche (CHRU Brest). « Ou dans le cas contraire, la part d’hétérogénéité concerne des gènes peu ou pas fonctionnels. ». Cela permet d’apprécier une frontière dans la complexité de la part génétique des cancers. On peut donc penser que les thérapies ciblées sur ces mutations auront des résultats constants sur la plupart des patients cancéreux.
D’autres travaux ont été développés dans le cancer de la prostate, poursuit l’urologue brestois, avec notamment la découverte d’un éventuel traitement qui lutterait contre des mutations retrouvées dans le cancer de la prostate. « Des travaux ont montré que 15 à 20 % des cancers de la prostate métastatiques pourraient avoir de telles altérations génétiques, et des essais thérapeutiques sont en cours. » La médecine de précision, bientôt une réalité dans le cancer de la prostate ?

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