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Cancer du rein métastatique, la chirurgie est-elle toujours nécessaire ?

13 000 cancers du rein sont diagnostiqués chaque année en France. Parmi eux 20 % sont d’emblée métastatiques. Pour ces cancers, la prise en charge associe habituellement une néphrectomie suivie d’une thérapie ciblée. Mais l’étude française CARMENA va amener à revoir les indications de cette chirurgie.

La prise en charge des cancers du rein d’emblée métastatiques varie selon l’état de santé du patient, mais pour la plupart, le traitement de première intention consiste depuis 2005 en une néphrectomie (l’ablation du rein), suivie dans un second temps d’un traitement médical par Sunitinib.

Une remise en question de la chirurgie

« Lorsque les molécules sont sorties, elles ont rapidement montré leur capacité à ralentir la progression de la maladie. Nous nous sommes posés la question de savoir si la néphrectomie restait indispensable pour tous les patients », explique le Pr Arnaud Méjean, urologue à l’Hôpital Georges Pompidou. Fallait-il continuer à opérer les cancers du rein métastatiques ?

Il y a plus de 10 ans, le Pr Arnaud Méjean met donc en route l’étude CARMENA, « CAncer, Rein, MEtastase, Nephrectomie, Antiangiogénique), afin de déterminer, si, pour certains patients, un traitement par Sunitinib seul était ou non équivalent à l’association de la chirurgie et de cette thérapie ciblée.

Le sunitinib seul ne fait pas pire… et peut-être même mieux !

Entre 2009 et 2017, 450 patients ont donc été recrutés, dont la moitié ont subi une ablation du rein et un traitement au Sunitinib (le traitement standard), et l’autre simplement reçu du Sunitinib.

Les résultats ont montré un taux de réponse similaire dans les deux cas. « Tous les éléments étudiés – survie globale, PFS, bénéfice clinique… – ne montrent pas d’infériorité pour le Sunitinib seul », souligne Arnaud Méjean. Les résultats sur les patients n’ayant pas subi d’intervention chirurgicale ne sont pas moins bons. Ils étaient même, sur certains points, meilleurs.

Vers une évolution des pratiques

Cette étude devrait donc conduire à une révision des standards dans le domaine de la prise en charge du cancer du rein d’emblée métastatique. Elle devrait d’ailleurs bientôt l’être : « les recommandations françaises mises à jour sortiront en septembre, et il est attendu que ces résultats soient pris en compte », indique Arnaud Méjean.

Cette étude CARMENA est donc majeure. Au-delà de la France, elle devrait changer les pratiques partout ailleurs. Elle a, en plus, le mérite d’être une étude académique, financée en grande partie par le programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), l’URC Paris Descartes et l’AP-HP, et non sponsorisée par les laboratoires. L’AFU se réjouit d’y avoir contribué.

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