Le microbiote urinaire, un équivalent de son cousin intestinal ?
De nouvelles techniques moléculaires ont permis la mise en évidence d’une population de micro-organismes urinaires et leur rôle dans un certain nombre de pathologies urinaires.
Le corps – épiderme et muqueuses – est naturellement recouvert de bactéries et autres micro-organismes constituant le microbiote. Si le microbiote intestinal a été beaucoup étudié ces dernières années, les données sur le microbiote urinaire sont récentes. Ce n’est qu’en 2012 que le microbiote de la vessie est singularisé. Les populations bactériennes de la vessie apparaissent clairement distinctes de celles du périnée, grâce à de nouvelles techniques moléculaires. Entre 1354 et 2069 groupes de micro-organismes différents sont identifiés dans les urines. Mais la diversité du microbiote n’est pas identique chez tous.
Une variabilité en fonction de l’âge, du sexe et de la maladie
Le microbiote d’un individu lui est unique, un peu comme une empreinte digitale. Mais il n’est pas figé. Si la variabilité microbiotique est moins évidente chez l’homme que chez la femme, pour les deux sexes, cette diversité disparaît avec l’âge. On observe des baisses de l’ordre de 75% chez la femme et de 90% chez l’homme lorsque l’on passe de l’âge de 20 ans à plus de 70 ans.
Cette diversité peut aussi être bouleversée dans la pathologie du tractus urinaire, notamment chez la femme. En présence d’une infection urinaire, par exemple, la flore urinaire est perturbée, le microbiote est plus divers, notamment avec la présence de pathogènes. La sensibilité aux infections urinaires et la réponse au traitement, dépendent de cette diversité et la qualité de la communauté bactérienne.
« L’évolution du microbiote devient particulièrement visible dans le cas de patients souffrant d’une lésion de la moelle épinière avec atteinte neurologique de la vessie. On s’aperçoit qu’avec l’âge de la lésion, le microbiote se diversifie, puis éventuellement revient à la normale. Ces évolutions pourraient expliquer des phénomènes pathologiques ou des particularités dans la prise en charge des patients. » expliquait Albert Sotto, chef de service des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Nîmes, lors du Congrès Français d’Urologie 2017.
Une population bactérienne commensale
Il est tentant de faire un parallèle entre les microbiotes urinaires et intestinaux. En miroir de leurs cousines intestinales, les bactéries urinaires peuvent assurer un rôle protecteur commensal mais également, au contraire, favoriser une pathologie.
Des bactéries commensales urinaires joueraient un rôle de barrière, bloquant l’accès des agents pathogènes à la paroi de l’urètre. « Au service du système immunitaire, les bactéries commensales stimulent l’immunité, dégradent des composés toxiques, et produisent des composés antimicrobiens. » rappelait Albert Sotto. « Reste encore à déterminer si les populations microbiennes observées sont la cause ou la conséquence de la situation que l’on décrit. » C’est à dire qu’on ne sait pas encore comment ce microbiote protège des pathologies ou au contraire les favorise.