Le blocage androgénique contre le cancer de la prostate résistant à la castration non métastatique
Pour les cancers de la prostate résistants à la castration (CPRC), les traitements habituels sont inefficaces. Cependant, le blocage androgénique complet s’annonce de plus en plus comme une stratégie incontournable, très tôt dans l’histoire de la maladie.
Le cancer de la prostate touche environ 71 000 nouvelles personnes par an en France, ce qui en fait le plus répandu des cancers masculins. Parmi les traitements proposés, la castration chirurgicale ou chimique par hormonothérapie peut être indiquée. Néanmoins tous les cancers prostatiques ne sont pas sensibles à la castration, ce qui réclame des traitements alternatifs.
Une résistance transitoire à la castration
Les cellules prostatiques sont dépendantes de l’activation du récepteur aux hormones mâles androgènes (AR) pour leur survie. Après castration chirurgicale ou médicale, le taux de testostérone s’effondre, interrompant l’activation du AR et entraînant l’arrêt de la sécrétion hormonale et la mort des cellules cancéreuses prostatiques. Malheureusement, cet effet n’est généralement que transitoire et est suivi par l’acquisition plus ou moins rapide d’une résistance à la castration. La résistance à la castration du cancer de la prostate met en jeu des voies moléculaires multiples. Il existe donc plusieurs options thérapeutiques, notamment le blocage androgénique complet qui semble tout particulièrement faire ses preuves.
Le blocage androgénique obtient de bons résultats en qualité de vie
Le blocage androgénique total consiste en l’adjonction permanente d’un anti-androgène à une castration chirurgicale ou médicale. Dans le cadre du CPRC non métastatique, il permet un gain en survie sans métastase très conséquent. Ainsi, l’essai Spartan montre que combiné à un traitement par suppression androgénique (castration médicale), l’apalutamide permet d’augmenter la survie sans métastase de 24 mois par rapport au blocage androgénique simple, avec une réduction de 72 % du risque de métastase ou de décès. De plus, en dépit d’effets indésirables attendus, la qualité de vie des patients est bien préservée, avec une réduction de 55 % du risque de progression symptomatique.
« Le blocage androgénique total améliore les chances de survie quelle que soit la deuxième ligne. », détaille le Dr Jean-Baptiste Beauval. « C’est important, parce que la plupart de ces patients connaîtront deux ou trois lignes de traitement. » Autant de résultats qui ont permis à l’apalutamide d’obtenir le feu vert de la FDA en février. Une demande d’AMM européenne est en cours.
Vers un choc hormonal systématique ?
« Ces résultats concernent pour l’instant les patients à haut risque, mais on a des raisons de penser que les inhibiteurs des récepteurs aux androgènes pourraient fonctionner pour des maladies plus précoces », explique l’urologue. « Dans l’ensemble, ces résultats viennent valider la théorie du choc hormonal, qui préconise une castration puissante le plus tôt possible », estime-t-il.