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Micropénis : une prise en charge multidisciplinaire

Le micropénis est un motif fréquent de consultation en urologie. Ce syndrome psychologiquement déstabilisant touche 3% de la population masculine. Quelles solutions thérapeutiques peuvent être proposées ?

Sont concernés, les nouveaux nés avec un pénis de moins de 2,5 cm et les hommes adultes avec un pénis inférieur à 8 cm. Le micropénis est un signe d’insuffisance de sécrétion ou d’action de la testostérone in utéro. Influences hypophysaires, insuffisances testiculaires, insensibilité partielle aux androgènes, et perturbateurs endocriniens sont en cause. Plusieurs prises en charge peuvent être envisagées.

Les traitements non chirurgicaux sont-ils une option viable ?

La taille du pénis est source d’anxiété et de dépression chez l’homme et est un motif fréquent de consultation en urologie. Mais dans beaucoup de cas, les patients sous-estiment la taille réelle de leur pénis, on parle alors de dysmorphophobie pénienne. « Il est important de bien différencier les deux » expliquait le Dr Jean-Etienne Terrier lors du Congrès Français d’Urologie 2017. « Cependant, réalité ou complexe, l’impact psychologique est souvent le même. » Dans les deux cas, la prise en charge psychologique doit être systématique.

Une évaluation des sécrétions hormonales est également requise. Même si les traitements hormonaux ne sont efficaces sur l’allongement de la verge que dans de très rares cas, d’autres symptômes de ce déséquilibre hormonal pourront être améliorés.

Autre traitement qui fait beaucoup parler de lui, notamment sur internet : les extenseurs de pénis. Utilisé 4 à 6 heures par jour pendant minimum 3 à 6 mois, ils permettraient un gain de taille entre 1 et 3 cm. Un objectif irréaliste car trop douloureux estimait le Dr Terrier. Il remet en question l’utilité des extenseurs seuls, qui auraient un intérêt potentiel en combinaison avec les chirurgies.

Chirurgie oui, mais laquelle ?

La chirurgie est souvent proposée en première intention. Mais les patients attendent énormément de ces interventions, et en réalité, les améliorations restent modestes. En moyenne, une augmentation de 1 à 3 cm est observée en fonction des différentes chirurgies d’élargissement et la satisfaction des patients varie entre 30 et 65%.

« Si les techniques chirurgicales simples ne fonctionnent pas, la seule solution réelle est la phalloplastie. » ajoutait le Dr Terrier. La phalloplastie qui permet une reconstruction d’un néo-pénis à partir d’un lambeau, est habituellement réservée aux patients transsexuels, mais peut être proposée aux patients avec des micropénis pour lesquels toute autre thérapie a échoué. Cependant, les complications sont nombreuses et les séquelles importantes. « Et les patients ne sont pas pleinement satisfaits. Ils n’osent pas forcément avoir des rapports sexuels mais sont plus satisfaits qu’avec leur micropénis originel. »

Pour résumer, pour les patients avec un micropénis, il est impératif de bénéficier d’une prise en charge psychologique systématique ainsi que d’une évaluation hormonale éventuellement assortie d’un traitement, pour atténuer certains éventuels symptômes parallèles à la condition. « Le traitement chirurgical peut ensuite être proposé à ces malades, bien sûr en commençant par des techniques simples et en dernier recourt, en l’absence d’efficacité de l’ensemble des autres traitements, proposer une phalloplastie » concluait le Dr Terrier.

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