Fertilité masculine : l’urologue en première ligne
Fertilité masculine : l’urologue en première ligne
Aujourd’hui en France, près de 10% des couples souffrent d’infertilité. Alors que le passage chez la gynécologue est quasi automatique, il l’est beaucoup moins chez l’urologue. Il est pourtant le référent naturel de l’homme sur la fertilité et a un rôle clé à jouer. Le Pr Éric Huyghe, du comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’AFU, revient sur l’importance d’investir ce pan de la spécialité.
Les chiffres inquiètent. En un peu plus de 40 ans, la qualité du sperme des hommes occidentaux a diminué de moitié, ce qui concerne tant la concentration des spermatozoïdes, que leur quantité totale. « On observe également une hausse des cancers du testicule, et des malformations testiculaires ou génitales », complète le Pr Éric Huyghe (CHU Toulouse), membre du comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’AFU.
Les perturbateurs endocriniens en cause
Pour beaucoup de chercheurs, ces troubles sont notamment dus à une exposition croissante à des perturbateurs endocriniens, ces substances omniprésentes dans notre environnement, capables d’interférer avec notre système hormonal.
« Il y a au moins 30 000 produits potentiellement actifs, et 3000 très suspects, mais une centaine seulement ont été étudiés, et une dizaine ont été retirés », explique l’andrologue toulousain. La toxicité de ces substances, actives à très faibles doses et avec des effets synergiques, est souvent difficile à définir.
Le gynécologue ne doit pas être le seul interlocuteur du couple infertile
Dans ce contexte de baisse de fertilité masculine, les consultations se multiplient : un couple sur 10 a recours à l’aide médicale à la procréation (AMP). Si les gynécologues sont souvent consultés en première option, le problème est purement masculin dans 30% des cas. Dans ce cas, l’urologue, spécialiste de la fertilité masculine a un rôle majeur à jouer. « Parfois le gynécologue prescrit un spermogramme, [ qui analyse les différentes caractéristiques du sperme], et si tout est normal, l’homme ne sera pas orienté vers un urologue », déplore Éric Huyghe.
Pourtant, le spermogramme est loin de suffire. « Ce n’est pas parce qu’on a un spermogramme normal qu’on ne peut pas améliorer sa fertilité », rappelle le spécialiste toulousain. Il précise également que l’analyse de la fragmentation d’ADN, qui permet d’identifier des cassures de l’ADN des spermatozoïdes, est aussi un indicateur à ne pas négliger. En effet, en cas de spermatogénèse anormale ou de stress important, une altération de l’ADN des spermatozoïdes peut être observée qui peut avoir des effets négatifs sur le développement embryonnaire.
De plus, 40% des patients atteints d’une infertilité avérée présentent des varicocèles, une dilatation des veines du cordon spermatique qui peut elle aussi être à l’origine de cette fragmentation.
Traiter la varicocèle pour contourner l’infertilité masculine
Traiter la varicocèle peut s’avérer crucial pour restaurer une fertilité masculine. Après des années de doutes, il est désormais incontestable que la cure chirurgicale utilisée en cas de varicocèle, deux fois plus efficace contre les rechutes que l’embolisation, permet d’améliorer la qualité du sperme, en nombre et en mobilité, mais aussi de réduire la fragmentation d’ADN.
Pour Éric Huyghe, la cure chirurgicale a ainsi vocation à demeurer le traitement de référence. Un sujet d’avenir, incontestablement.