Situations tunnelisantes : l’importance de les déclarer
Une situation tunnelisante peut avoir de graves conséquences tant pour le patient que pour le médecin et son équipe. Elle se définit comme une situation à risques pendant laquelle nous n’écoutons ou ne voyons pas les signaux qui devraient nous faire arrêter ou modifier notre attitude. L’Organisme d’Accréditation de l’AFU attache une importance toute particulière aux EIAS conséquents d’un « effet tunnel ». Leur déclaration via la plateforme SIAM de la HAS, permet de formuler des solutions visant à réduire ces situations à risques et leurs répercussions.
Dans le cadre de l’activité chirurgicale, plusieurs causes, combinées entre elles ou non, conduisent à des complications. Parfois, ces complications résultent d’un « effet tunnel ». Celui-ci correspond à l’aveuglement du chirurgien qui maintient coûte que coûte son plan d’action, alors qu’au vu des événements ou des signaux d’alerte de ses collaborateurs de bloc, il devrait en changer pour ne pas mettre en danger son patient. De nombreuses spécialités médicales sont concernées par ce risque et la chirurgie urologique n’y échappe pas. Si des moyens (check-lists) ou des comportements (décisions collégiales) existent pour éviter de telles situations, ils peuvent se révéler insuffisants car l’« effet tunnel » démarre parfois avant même le premier geste chirurgical. Les causes sont multiples, avant, pendant et après la chirurgie.
Les bons réflexes
Diverses causes conduisant à l’« effet tunnel » ont été répertoriées par l’OA-Accréditation AFU. En préopératoire, il peut être la conséquence d’une mauvaise information du patient quant aux risques et alternatives possibles en cours d’intervention (changement de technique opératoire). Pendant la phase opératoire, l’attitude fermée au dialogue ou agressive du chirurgien, la non prise en compte des alertes des professionnels de bloc, le manque de concentration, l’absence de suivi de l’heure ou des constantes ou la non-consultation de l’anesthésiste sur l’état du patient, caractérisent les situations tunnelisantes. Faire confiance à son équipe ou appeler un confrère lorsque l’on est en difficulté contribue parfois à solutionner simplement le problème. En postopératoire, une totale confiance dans les logiciels médicaux, l’absence d’échanges avec ses collègues lorsque surviennent les complications, la non vérification de la prise ou de l’arrêt des traitements sont également caractéristiques de l’« effet tunnel ». Il aboutit pour le patient à un retard de prise en charge, à une majoration du risque péri opératoire, à une perte de chances, à des séquelles fonctionnelles et peut aller jusqu’au décès. D’où l’importance d’élaborer des process de prévention et des solutions qui ne peuvent l’être qu’avec la transmission d’EIAS relatifs à des situations tunnelisantes, sur la plateforme SIAM de votre programme d’accréditation.
Vanessa Avrillon