Les patients : maillon essentiel de la sécurité des soins
Les patients ont-ils un rôle à jouer dans la sécurité des soins ? Peut-on les impliquer ainsi que leurs proches afin qu’ils contribuent au développement de meilleures pratiques ? À l’évidence, la réponse est oui. De la DGOS à l’OMS en passant par la DGS et la HAS, toutes les institutions ont saisi les enjeux de l’implication des usagers dans les soins qu’ils reçoivent.
En France, l’investissement des patients dans la sécurité des soins est en marche depuis plusieurs années déjà. Le premier Programme National pour la Sécurité des Patients 2013-2017 avait été conçu en transversalité car conjointement piloté par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et la Direction générale de la santé (DGS), en association avec la Haute autorité de santé (HAS). L’objectif de ce programme était de favoriser l’instauration d’une culture de sécurité entre les professionnels et d’y associer les patients. Le PNSP 2013-2017 était structuré autour de 4 axes prioritaires :
- Renforcement de l’information du patient et de la relation soignant-soigné afin de mieux permettre au patient d’être co-acteur de sa sécurité,
- Mise en place d’une déclaration et d’une prise en compte des évènements indésirables associés aux soins dans une logique d’apprentissage et d’amélioration des pratiques, via l’analyse des causes systémiques et le retour d’expérience en équipe, avec valorisation aux niveaux régional et national,
- Amélioration de la culture de sécurité par la mise en place de formations à la sécurité des soins ; le recours à des méthodes pédagogiques innovantes comme la simulation en santé ; ou encore l’appui des professionnels de santé par des structures expertes,
- Développement de la recherche sur la sécurité des soins et amélioration de la sécurité des personnes participant à la recherche clinique.
Chaque axe était décliné en actions très concrètes à mettre en œuvre entre 2013 et 2017 et à déployer en cohérence avec les différentes démarches existantes et futures :
- La procédure de certification des établissements de santé,
- Le développement des indicateurs qualité,
- La mise en œuvre du Développement Professionnel Continu,
- L’accréditation des médecins des spécialités à risque,
- La structuration de l’information mise à disposition des usagers et des professionnels sur la qualité et la sécurité des soins,
- La réalisation de travaux d’optimisation des parcours de soins,
- La réingénierie en cours des formations initiales et l’élaboration des référentiels « activités et compétences » des professionnels de santé.
Une décennie au chevet de la sécurité des patients
De son côté, l’OMS a également pris le sujet à bras le corps en créant une Journée Mondiale pour la sécurité des patients. Cette manifestation internationale se déroulera le 17 septembre prochain avec pour thématique : « Faire des patients les acteurs de leur propre sécurité ». Selon l’institution mondiale : « Les données montrent que lorsque les patients sont associés en tant que partenaires aux soins qu’ils reçoivent, la sécurité, la satisfaction des patients et les résultats sanitaires s’en trouvent nettement améliorés. En devenant des membres actifs de l’équipe soignante, les patients peuvent contribuer à la sécurité des soins qui leur sont prodigués et à celle du système de santé dans son ensemble ». L’OMS milite pour que les usagers « participent à l’élaboration des politiques, soient représentés dans les structures de gouvernance, prennent part à la conception conjointe de stratégies de sécurité et jouent un rôle actif dans les soins qu’ils reçoivent ». Le Plan d’action mondial pour la sécurité des patients 2021-2030 initié par l’OMS s’impose comme la stratégie phare de la décennie pour éliminer les préjudices évitables en milieu médical.
Un engagement à tous les niveaux
Claude Rambaud, spécialiste en droit médical de la prévention des risques liés aux soins et vice- présidente de France Assos Santé, soutient cette cause. La juriste insiste sur l’importance de l’implication des patients dans la décision partagée et tout au long de leur parcours de soin afin d’en améliorer la pertinence. « Au fil des ans, cette implication de fait et de droit est de plus en plus prégnante, remarque-t-elle, notamment avec les sorties précoces d’hospitalisation. Dans certaines zones sous-dotées ou éloignées des villes, le patient-usager de la santé doit se prendre en charge très rapidement après sa sortie de chirurgie ». Il est un facteur humain majeur, explique Claude Rambaud car, il est la seule personne à avoir parcouru l’intégralité de son processus de soins. « Sa voix doit être pleinement et obligatoirement entendue ». Les patients et leurs proches ont la possibilité de jouer un rôle actif pour un accès universel de tous à des soins de qualité en s’engageant à plusieurs niveaux pour devenir des partenaires tant des professionnels de la santé que des décideurs politiques. « Il est fondamental de mettre en place toutes les actions possibles pour que les patients soient impliqués dans les politiques de santé, représentés dans les institutions (établissements de soins, soins de ville, ARS, Agences, Ministère…) et engagés dans une réflexion conjointe sur les stratégies de sécurité des soins », affirme la juriste.
Vanessa Avrillon
27-06-2023
Retour sur le colloque Facteurs Humains en Santé (FHS) : Sécurité et fiabilité des soins : les facteurs humains au cœur des solutions, vendredi 9 juin 2023, Faculté de Médecine de Montpellier-Nîmes. https://facteurshumainsensante.org/
“Aujourd’hui, il faudrait voyager sans interruption sur un vol commercial pendant plus de 6000 ans pour avoir un risque sur deux d’être blessé en tant que passager. Vous êtes plus de deux millions de fois plus en sécurité dans un siège d’avion que dans un hôpital », Don Berwick, ancien administrateur de l’Agence fédérale du département américain de la santé et des services sociaux. |
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