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Xénotransplantation de rein de porc chez le babouin : persistance du rejet malgré un protocole d’immunosuppression des plus poussés.

Objectifs.- La xénotransplantation constitue une voie de recherche en réponse à la pénurie grandissante de transplants issus de donneurs cadavériques. Le porc est considéré désormais, à la place des primates comme l’animal de choix donneur d’organe du fait de sa facilité d’élevage, d’une anatomie et d’une physiologie proche de l’homme ; et d’un accès aux nouvelles techniques de reproduction, transgénèse et clonage, permettant des modifications phénotypiques des organes porcins visant à atténuer les réponses immunes ainsi que les désordres de la coagulation conduisant au rejet xénogénique. Pour autant les primates (babouins, macaques) sont devenus les receveurs électifs des modèles expérimentaux du fait d’une importante homologie génétique et immunologique avec l’homme. L’utilisation de traitements immunosuppresseurs innovants et l’apport des techniques de manipulations du génome porcin, constituent de nouvelles approches de recherche. Cette étude présente les résultats de xénotransplantations de rein de porc chez le babouin.

Méthodes.- Les porcs utilisés comme donneurs ont été des clones transgéniques pour des molécules régulatrices du complément et de la coagulation, n’exprimant pas l’épitope galactosyl (Gal KO) à la surface de leurs cellules endothéliales. Les transplantations ont été réalisées en position orthotopique après néphrectomie bilatérale. Le schéma d’immunosuppression a été composé d’un inhibiteur de protéasome (bortézomib), d’un antiprolifératif (mycophénolate mofétyl), d’un anticalcineurine  (FK-506), de stéroïdes et d’un inhibiteur de complément (human recombinant C1 inhibitor). Des plasmaphérèses ont également été réalisées en pré et post transplantation afin de diminuer le taux d’anticorps circulants préformés. La diurèse et la créatininémie plasmatique ont été relevées quotidiennement. Les taux de lymphocytes circulant en périphérie, la réactivité IgG et IgM des sérums et la cytotoxicité sérique ont été monitorés chez le receveur par cytométrie de flux. Après le rejet le transplant a été analysé sur les plans anatomopathologiques et immuno-histochimiques.

Résultats.- La survie moyenne des transplants a été de 10±3 jours. L’analyse anatomopathologique des transplants rejetés a montré de la nécrose tubulaire aigue et caractérisé les rejets comme plutôt humoraux. L’analyse immuno-histochimique a mis en évidence ; des rejets de type humoral avec une absence de révélation du C4d suggérant ainsi un blocage efficace de la voie classique du complément par le C1 inhibiteur mais une persistance d’activation de la voie alterne ; ainsi qu’une infiltration interstitielle et glomérulaire de macrophages et de cellules T CD4 contrastant avec une faible proportion de cellules T CD8 et une absence de cellules B.

Conclusion.- Malgré le blocage efficace des lymphocytes B et des plasmocytes par le bortézomib, et de la voie classique du complément par le C1 inhibiteur, il persiste un rejet mixte humoral et cellulaire du fait de l’activation probable de la voie alterne du complément et d’une infiltration du transplant par des lymphocytes T et des macrophages. Ces éléments constitue le défit majeur des futurs protocoles d’immunosuppression en xénotransplantation d’organes vascularisés.

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