TRAITEMENT DU CANCER DE LA PROSTATE, EVOLUTION DES PRATIQUES EN FRANCE ENTRE 1995 ET 2003 : ETUDE NATIONALE SUR 717 PATIENTS
Introduction : Les recommandations sur les modalités thérapeutiques du cancer de la prostate (CaP) ont été notablement modifiées au cours des dix dernières années. Il nous est apparu intéressant d’étudier les variations éventuelles dans les pratiques thérapeutiques réelles des médecins français et l’adéquation de celles-ci avec les recommandations en vigueur.
Méthode : Nous avons mené une étude rétrospective nationale en collaborations avec la Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Professions Indépendantes (CANAM). 717 patients assurés par la CANAM et déclarés en ALD30 pour un CaP entre octobre 2003 et décembre 2003 ont été inclus dans l’étude. Les dossiers médicaux des patients ont été directement analysés par les médecins conseils de la CANAM. Les données ont été comparées aux résultats de l’étude AFU / ANAES de 1995.
Résultats : La prise de décision thérapeutique a été multidisciplinaire ou en UCPO dans près de la moitié des cas, sans distinction en pratique publique ou privée. Il existe cependant une disparité régionale dans le mode de prise de décision. L’abstention thérapeutique n’a été choisie que dans 5,72% des cas (23,8 en 1995). La prostatectomie radicale (PR) a été réalisée dans 34,45% des cas (21,9 en 1995), dont 22,5% chez des patients de plus de 70 ans. La voie coelioscopique a été utilisée ans 26,32% des cas, chez des patients jeunes. Une conservation des bandelettes était stipulée sur le compte-rendu opératoire dans 46,6% des cas. Les tumeurs >pT2 représentaient 35,16% des cas, les tumeurs pN+ 1% (55,87% de curage). La radiothérapie (RX) a été utilisée dans 30,68% des cas dont 3,64% de curiethérapie. A stade équivalent, la présence d’une comorbidité diminuait par 2 le recours à la PR et multipliait par 2 l’utilisation de la RX. La présence d’un score de Gleason >6 diminuait par 2 le choix de la PR. Sur les 12 mois de l’étude, 3,93% des patients sont décédés, dont 52,38% d’une cause liée au CaP.
Conclusion : Les modifications du traitement du CaP ont été notables au cours des dernières années en France, tout en restant homogènes et en respectant sensiblement les recommandations des sociétés savantes.