Suppression androgénique intermittente (SAI): la durée de la première phase de surveillance (phase off) est prédictive de la progression de la maladie et de la survie spécifique.
Objectifs. Analyser l’association existant entre la durée de la phase off du premier cycle de SAI et le délai d’apparition du décès spécifique pour des patients en récidive biologique après prostatectomie radicale ou radiothérapie pour cancer prostatique initialement localisé.
Méthodes. Entre 1992 et 2011, cent cinquante huit patients en SAI pour récidive biologique après traitement radical (chirurgie ou radiothérapie) pour cancer de prostate, ont été identifiés dans notre institution. La SAI a consisté en une phase de traitement (phase on) réalisée par une injection trimestrielle d’un analogue LH-RH associée à un anti-androgène périphérique pendant trois mois suivie d’une phase off de cessation de tout traitement. La phase off était déclenchée si le PSA descendait en dessous de 4 ng/ml et le traitement hormonal (phase on) était repris si le PSA dépassait 20 ng/ml ou si des symptômes cliniques urologiques ou douloureux apparaissaient. Une régression uni- et multivariée selon le modèle de Cox ainsi que les courbes Kaplan Meier ont été utilisées pour définir les variables associées à la survie spécifique.
Résultat. L’âge médian de la population était de 65 ans (6169). Cent dix patients ont été traités par prostatectomie radicale et 20 ont reçu une irradiation de la loge prostatique en postopératoire. Quarante huit patients ont été traités par radiothérapie externe initiale exclusive. Le score de Gleason était inférieur ou égal à 6 chez 75 patients (47,3 %), à 7 pour 61 patients (38,8 %) et à 8 pour 22 patients (13,9 %). Le PSA médian au début de la SAI était de 9,8 ng/ml (520). La durée médiane de la première phase off était de 46 mois (2774). Le délai médian depuis le traitement radical initial jusqu’au début de la SAI a été de 29,2 mois (252). Durant un suivi médian de 7,2 ans (510) depuis le début de la SAI, 50 patients sont décédés du cancer prostatique et 18 sont morts pour une autre raison. La survie spécifique à dix ans depuis le début de la SAI a été de 57 % (95 % IC : 4666) et la survie globale correspondante de 48 % (3857). Après ajustement en fonction du premier traitement radical, de l’âge et du PSA initial au début de la SAI, la présence d’un score de Gleason 8 et la durée plus courte de la première phase off ont été significativement associés avec une survie spécifique plus mauvaise.
Conclusion. La durée plus courte de la phase off du premier cycle de SAI et le score de Gleason à 8 sont des indicateurs significativement prédictifs d’une plus mauvaise survie spécifique après traitement par SAI lors de récidives biologiques après traitement radical par prostatectomie ou radiothérapie externe.