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Les estimations du surdiagnostic et du surtraitement : confrontation avec la réalité des pratiques en France

Type de financement.– Financement INCa.

Objectifs.– L’utilisation du PSA a conduit à une augmentation majeure de l’incidence des cancers de la prostate. En dépit de recommandations généralement peu favorables, le PSA est largement utilisé comme test de dépistage en France. L’objectif de ce travail était d’estimer l’importance du surdiagnostic et du surtraitement du cancer de la prostate en France.

Méthodes.– Pour chaque cas observé dans l’étude haute résolution Francim–cancer de la prostate 2001, l’espérance de vie naturelle a été obtenue à partir des tables de mortalité 2003 (E0). L’espérance de vie avec cancer sans traitement (E1) et avec traitement précoce (E2) ou différé (E3) ont été estimées à partir d’une analyse de la littérature (figure 1). Différents scénarii ont été imaginés en considérant comme critère de jugement les signes cliniques gênants : E0 < E’1 = surdiagnostic ; E’1 < E0 < E’2 = surtraitement ; E0 > E’1 et E0 > E’2 = prise en charge précoce justifiée. Pour l’avance au diagnostic liée à l’utilisation du PSA, trois durées ont été utilisées : 5, 7 et 10 ans. Aucun bénéfice du traitement curatif n’étant observé à 5 ans sur l’apparition des métastases, la part des patients, potentiellement et réellement surtraités, a été estimée en comparant E0 à l’avance au diagnostic additionnée à la durée sans bénéfice associé au traitement 5 ans chez les T1, et uniquement à la durée sans bénéfice associé au traitement chez les T2.

Figure 1

Modèle théorique pour juger de la pertinence de la prise en charge.

Résultat.– Parmi les 2181 cas, on observait 583 T1 (27,5 %), 1257 T2 (59,3 %), 63 T3-T4 (3 %) et 222 patients métastatiques (10,2 %). Un pourcentage de 57,8 % des patients étaient traités de manière curative, (31,3 % prostatectomie, 26,5 % radiothérapie). En fonction de la durée choisie pour l’avance au diagnostic, la proportion de surdiagnostic chez les T1 variait de 1,4 à 23 %. En additionnant une durée sans bénéfice lié au traitement de 5 ans, respectivement 23, 38 et 56 % des T1 étaient en situation de surtraitement potentiel. Un surtraitement réel a été observé pour 3,8, 12,6 et 23,3 % des T1. Chez les T2, sur les 3,7 % des patients qui étaient en situation de surtraitement potentiel, aucun patient n’a été effectivement surtraité.

Conclusion.– Malgré des hypothèses extrêmement conservatrices, la proportion de surdiagnostic et de surtraitement potentiel dans le cancer de la prostate apparaît élevée pour les T1en France. Un ajustement des urologues est néanmoins observé puisque les proportions de surtraitement réel étaient inférieures aux proportions de surtraitement potentiel. Nos résultats nécessitent d’être affinés en modulant la durée de l’avance au diagnostic (prise en compte du PSA, Gleason), de la durée sans bénéfice lié au traitement et les espérances de vie utilisées.

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