Les carcinomes rénaux à cellules claires avec gène VHL non altéré représentent-ils une entité clinique et histologique particulière ?
Objectifs.– Nous avons précédemment montré que les carcinomes rénaux à cellules claires (CRCC) non mutés pour VHL étaient particulièrement agressifs. L’objectif de cette étude a été de déterminer si les rares CRCC avec phénotype sauvage du gène VHL présentaient des aspects clinicopathologiques particuliers.
Méthodes.– Cinquante-neuf patients présentant un CRCC sporadique ont été inclus dans cette étude prospective. Quatre amplimères couvrant l’ensemble des séquences codantes ont été synthétisées par PCR et séquencées par BigDye. Les délétions et méthylations du gène VHLétaient analysées par MLPA et MS-MLPA respectivement. pVHL était déterminé par IHC sur lames de paraffine. En plus des variables cliniques et histologiques habituelles ont été notés, la présence d’une composante sarcomatoïde ou éosinophile prédominante, de nécrose tumorale, l’aspect morphologique (alvéolaire, tubulaire, mixte), la présence de zones hémorragiques, de composantes kystiques, d’envahissement microvasculaire (EMV) et d’infiltration lymphocytaire.
Résultat.– Des mutations de VHL, délétions ou méthylations du promoteur ont été identifiées dans 38 (64,4 %), 38 (64,4 %) et 11 cas (19 %) respectivement. Au moins une anomalie de VHLétait mise en évidence dans 51 cas (86,4 %). L’expression de pVHL était négative dans 45 cas (76,3 %). Un score VHL a été créé ; « 0 » définissant la survenue d’au moins 2 évènements (38 cas, 64,4 %). Il apparaissait que lorsque VHL n’était pas atteint par au moins 2 évènements inactivants, le stade T était significativement plus élevé (T3-T4 61,9 % vs 31,6 %, p = 0,02), les tumeurs volontiers métastatiques (M1 38,1 % vs 13,2 %, p = 0,02), un envahissement de la graisse périnéphrétique et de la veine rénale étaient plus fréquents (47,6 % vs 18,4 %, p = 0,02 ; 42,9 % vs 18,4 %, p = 0,04). De même, un grade de Fuhrman plus élevé, l’envahissement ganglionnaire ou la multifocalité, un envahissement du système collecteur et l’EMV tendaient à être associé aux tumeurs avec VHL non altéré. Parmi l’ensemble des variables histologiques analysées, seule la présence de composantes sarcomatoïde (28,6 % vs 5,3 %, p = 0,01) et éosinophile prédominant (42,9 % vs 13,2 %, p = 0,01) étaient associés de manière significative a un phénotype VHL sauvage. Enfin, les tumeurs àVHL non altéré étaient plus à risque de progression précoce (p = 0,03).
Conclusion.– Les CRCC sporadiques avec gène VHL fonctionnel représentent un profil clinique et histologique agressif. La signification biologique de la présence d’une composante sarcomatoïde et éosinophile prédominante dans ces tumeurs devrait être exploré sur le plan moléculaire. Déterminer les voies moléculaires atteintes dans de telles tumeurs pourrait avoir d’importantes implications thérapeutiques.