La presence d’emboles tumoraux : un facteur de mauvais pronostic des tumeurs de vessie de stade pT1 de haut grade.
Objectifs.- Les tumeurs de stade pT1 de haut grade ont les taux de récidive et de progression les plus importants des TVNIM. Leur prise en charge est complexe et n’est pas clairement établie entre traitement conservateur par BCGthérapie et traitement radical par cystectomie immédiate. La stratégie thérapeutique est guidée par un ensemble de facteurs pronostics tels que la multifocalité tumorale, la présence de carcinome in situ (CIS) associé, la taille tumorale de plus de 3 cm, l’invasion du chorion profond, ou la persistance tumorale sur une deuxième résection. La présence d’emboles tumoraux intra-lyphatiques ou intra-vasculaires est elle un facteur pronostic indépendant permettant d’orienter le choix entre traitement radical et conservateur ?
Méthodes.- Cette étude rétrospective sur 108 patients atteints de tumeurs de stade pT1 de haut grade s’est déroulée sur la période de janvier 1994 à décembre 2010. La durée moyenne de suivi a été 47,8 mois. La population a été majoritairement masculine (88 hommes, 20 femmes),la moyenne d’âge a été de 69± 13 ans (de 35 à 96 ans). Une seconde résection à été réalisée chez 78 (72%) des patients. 89 patients ont eu un traitement conservateur plus ou moins associé à une BGC thérapie selon un schéma d’entretient et 19 patients ont eu une cystectomie immédiate. Nous avons analysé l’influence de ces facteurs pronostics et de la présence d’emboles tumoraux sur les survies globales, spécifiques, sans récidive et sans progression. Les analyses uni et multivariée des différentes survies ont été réalisées selon la méthode de Kaplan Meier à l’aide du logiciel statistique SPSS.
Résultats.- Sur les 108 résections initiales : 28% des tumeurs ont mesuré plus de 3 cm, 56% ont été multifocales, 23% ont été associées à du CIS, 36% ont infiltrés le chorion au delà de la muscularis mucusae et étaient classés stade pT1b, et 42% ont été associées à des emboles tumoraux lymphatiques ou vasculaires. Sur les 78 deuxièmes résections réalisées, la tumeur a persité dans 51% des cas. Avec un suivi moyen de 48 mois, 54% de patients ont présenté une récidive locale, 15% une progression, 48% sont décédés dont 12% du fait de leur tumeur de vessie. L’analyse multivariée de l’ensemble des facteurs de risques à montré une diminution significative de la survie globale en cas de persistance tumorale (p=0,008), d’invasion du chorion profond (p=0,011) et de présence d’emboles tumoraux (p=0,007) (figure ci dessous).
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Conclusion.- La présence d’emboles tumoraux lors de la première résection d’une tumeur de vessie de stade pT1 est un facteur péjoratif indépendant significatif sur la survie globale et doit être pris en compte lors du choix entre traitement conservateur par BCGthérapie et cystectomie initiale.