La fonction rénale de base est elle un critère décisionnel pour choisir une technique ablative plutôt qu’une néphrectomie partielle dans les petites tumeurs rénales ?
Objectifs.– Il est établi que la dégradation de la fonction rénale induit un surcroît de mortalité notamment cardiovasculaire. Le traitement d’une petite tumeur rénale (PTR) dont on sait que le risque de décès par cancer est inférieur au risque de décès d’autre cause devra donc s’attacher à ne pas compromettre la fonction rénale. Le but de notre étude a été d’analyser dans une large série de PTR traitées par néphrectimie partielle (NP) mais théoriquement accessibles à une technique ablative les critères prédictifs de dégradation significatifs de la fonction rénale.
Méthodes.– Les variables suivantes ont été analysées chez 554 patients ayant eu une NP dans 11 centres pour une tumeur ≤ 3 cm : créatininémies pré- et postopératoires, âge, sexe, score ASA. Le débit de filtration glomérulaire (DFG) mesuré par la formule du MDRD pré- et postopératoire était calculé. Quatre groupes ont été définis en fonction du MDRD préopératoire : groupe 1 : MDRD ≥ 60, groupe 2 : MDRD entre 45 et 60 ; groupe 3 : MDRD entre 30 et 45 et groupe 4 : MDRD < 30. Le passage vers un groupe MDRD moins favorable après chirurgie était considéré comme cliniquement significatif.
Résultat.– Trois cent soixante-dix-sept patients (68,1 %) étaient des hommes et 177 (31,9 %), des femmes. L’âge médian au diagnostic était de 60 ans (16–95). La taille médiane des tumeurs était de 2,25 cm (1–3). Les groupes 1, 2, 4 et 4 représentaient respectivement 411 (74,2 %), 98 (17,7 %), 33 (6 %) et 12 (2,1 %) cas. Les MDRD, moyens préopératoires étaient de 83 ± 17, 54 ± 4, 40 ± 3, 22 ± 7 dans les 4 groupes alors qu’ils devenaient 76 ± 19 ; 55 ± 15 ; 37 ± 11 et 21 ± 8 en postopératoire. Des modifications postopératoires significatives du DFG survenaient dans 18, 19,4, 21 et 16,7 % dans les 4 groupes (p = 0,9). En analyse unie- et multivariée, seul l’âge supérieur à 70 ans était un facteur prédictif indépendant de dégradation du DFG (HR : 2,4).
Conclusion.– la NP ne dégrade donc pas plus significativement la fonction rénale quand celle-ci est précaire d’emblée. Le DFG de base ne constitue donc pas un argument pour opter pour une technique ablative. En revanche, notre étude souligne qu’un âge > 70 est associé à 2,4 fois plus de risques de voir se dégrader le DFG après NP exposant le patient à un risque accru de mortalité non liée au cancer. Cela confirme l’intérêt des techniques ablatives chez les sujets âgés ayant, par ailleurs, des tumeurs peu agressives.