La dysfonction érectile comme facteur prédictif d’une cardiopathie ischémique : résultats d’une étude prospective
Introduction: L’association dysfonction érectile (DE) et cardiopathie ischémique (CI) est soutenue par une physiopathologie commune : atteinte des voies neuromusculaires dépendantes de la sécrétion de NO et dysfonction endothéliale. Le but de notre étude a été de démontrer que la DE pouvait être considérée comme un marqueur de CI silencieuse. Méthodes: Nous avons sélectionné pour une étude prospective les patients consultants pour DE répondant aux critères suivants : âge entre 45 et 70 ans, DE > 6 mois, absence de CI symptomatique, au maximum de 2 facteurs de risque cardio-vasculaires (diabète, hypertension artérielle, tabagisme, hypercholestérolémie), exclusion des DE d’origine psychogène ou organique pure. Après évaluation urologique, les paramètres suivants ont été considérés : score IIEF, échelle de qualité de l’érection, questionnaire de satisfaction de l’érection, question globale sur la confiance en soi, examen cardio-vasculaire, ECG, scintigraphie myocardique avec épreuve d’effort, écho-doppler pénien avec érection provoquée (PGE1), bilan sanguin comprenant PSA, testostéronémie, FSH, LH, prolactinémie, glycémie, cholestérolémie total et HDL, triglycéridémie. Le score de Laurier (évaluation du risque de CI grave à 10 ans) a été calculé et comparé au risque idéal des sujets du même âge (t-test, DS si p<0.05). Résultats: 31 patients (âge moyen 58 ans) ont été sélectionnés sur 153 (20%) patients primo-consultants pour DE : pas de diabète, de dyslipidémie, de déficit androgénique, d’atteinte vasculaire périphérique. Au score IIEF : 2 DE sévères, 10 modérées, 19 moyennes. Score moyen de Laurier : 6,84 ; significativement plus élevé que le score de risque idéal, 5,32 (p=0,0097). Scintigraphie myocardique : 9 hypofixations correspondant soit à une coronaropathie silencieuse, soit à une dysfonction endothéliale.
Conclusion: Sur une population jeune et sans facteur de risque cardiovasculaire évident, il y a 29% de CI silencieuse. Le DE pourrait donc être un facteur révélateur d’une coronaropathie. La confirmation de ces résultats au terme de l’étude pourrait modifier la prise en charge de la DE afin que chaque patient à risque ait une prise en charge cardiologique simultanée