La curiethérapie pour cancer localisé de la prostate assure-t-elle une qualité de vie sexuelle satisfaisante ?
Objectifs.– La curiethérapie dans le traitement du cancer localisé de la prostate est souvent présentée aux patients comme le traitement ayant le moins d’impact sur la fonction érectile. Cependant, la sexualité après curiethérapie a été peu étudiée. Nous avons développé un autoquestionnaire pour évaluer la sexualité dans sa globalité et les répercussions psychologiques des dysfonctions sexuelles.
Méthodes.– Cinquante-huit patients (âge moyen : 67,6 ans) ont été évalués après curiethérapie (délai médian : 36 mois) par un autoquestionnaire composé de 18 items évaluant les différents domaines de la sexualité masculine (érection, libido, orgasme), l’impact psychologique et le traitement de la dysfonction érectile (DE). La satisfaction générale a été mesurée par une EVA cotée de 0 à 10.
Résultat.– Après curiethérapie, 46,5 % des patients avaient une DE et 20,7 % des patients étaient traités (59 % IPDE5, 33 % IIC, 8 % Vacuum). Une baisse de la libido et de la fréquence des rapports était constatée dans respectivement 56 % et 75,8 % des cas. L’orgasme était modifié avec 20,7 % d’anorgasmie et 71,7 % de baisse d’intensité. La plupart des patients (86,9 %) décrivaient une baisse de volume de l’éjaculat. Des pertes d’urine lors de l’orgasme étaient présentes chez 1 patient. Des douleurs à l’orgasme étaient rapportées par 12,8 % et une hémospermie chez 18,7 %. Plus de la moitié des patients (58,6 %) avaient des répercussions psychologiques : 53,4 % avaient une perte de masculinité, 27,6 % une perte d’estime de soi et 24,5 % une anxiété de performance. Ces répercussions psychologiques étaient plus importantes chez les patients sexuellement motivés (demandant spontanément un traitement de la DE) (88,9 % vs 53,2 % ; p = 0,046). Le score de satisfaction général était de 4 ± 2,6/10. Les patients sexuellement motivés avaient un score de satisfaction plus bas que les autres (2,7 vs 4,3) (p = 0,06). Soixante pour cent des patients déclaraient leur partenaire moins satisfaite.
Conclusion.– Outre la DE, la curiethérapie a de nombreuses répercussions sexuelles telles que la baisse de la libido et de l’intensité de l’orgasme, la douleur à l’orgasme et l’hémospermie. Ces DE entraînent des troubles psychologiques (sentiment de dévalorisation de soi, perte de masculinité et angoisse de performance) qui sont plus importants chez les patients sexuellement motivés. Les patients candidats à une curiethérapie doivent être informés de ces différentes DE et de leurs répercussions psychologiques.