Expression et rôle de l’adrénomédulline dans les carcinomes rénaux à cellules conventionnelles. Implication pronostique du niveau de son ARN messager
Type de financement.– Association pour la recherche contre le cancer (ARC no 3248) A.DE.RE.M Fondation JP Daher.
Objectifs.– Malgré les résultats encourageants des thérapies antiangiogéniques telles que le sunitinib, le temsirolimus ou le bevacizumab dans la prise en charge du cancer du rein métastatique, de nouvelles cibles thérapeutiques doivent être encore identifiées. L’adrénomédulline est une protéine surexprimée dans plusieurs types de cancer, notamment l’adénocarcinome prostatique et le glioblastome. Elle est impliquée dans l’angiogenèse et la croissance tumorale et son action est médiée par deux types de récepteurs : CLR/RAMP2 et CLR/RAMP3 (calcitonin receptor-like receptor/ receptor activity-modifying protein 2 and 3).
Méthodes.– Nous avons évalué l’expression de l’adrénomédulline et de ses récepteurs par RT-PCR quantitative et par immunohistochimie dans différents types de tumeurs rénales (78 échantillons congelés et 55 tissus fixés). L’impact pronostique du niveau d’ARN messager (ARNm) de l’adrénomédulline et de ses récepteurs a été étudié chez les patients présentant un carcinome rénal à cellules conventionnelles (cRCC). Enfin, le rôle de l’adrénomédulline dans l’invasion, la migration et la prolifération cellulaire a été évalué in vitro dans 2 lignées cellulaires de cRCC (BIZ et 786-O).
Résultat.– Dans cette étude, nous avons démontré que le niveau moyen d’ARNm de l’adrénomédulline était plus élevé dans les cRCC que dans le tissu rénal sain (p = 0,02), les adénomes oncocytaires (p = 10-c), les carcinomes tubulopapillaires (p = 10-3) et les carcinomes des tubes collecteurs (p = 0,04). Dans les cRCC, le niveau d’ARNm de l’adrénomédulline corrélait fortement avec celui de l’ARNm du VEGF-A (Cœfficient de corrélation de 0,726 ; p = 0,01). Une forte expression de l’adrénomédulline et de son récepteur CLR/RAMP2 était retrouvée par immunohistochimie dans les cRCC.
Dans le groupe des patients traités par néphrectomie pour un cRCC non métastatique, un niveau élevé d’ARNm de l’adrénomédulline était associé à un risque de rechute plus élevé (risque relatif de rechute = 1,012 pour chaque incrémentation d’une unité du niveau d’ARNm de l’adrénomédulline ; IC 95 % : (1,003 ; 1,022, p = 0,01).
In vitro, les lignées cellulaires BIZ et 786-O exprimaient et sécrétaient de l’adrénomédulline et celle-ci stimulait la prolifération, la migration et l’invasion des cellules tumorales. Ces effets étaient inhibés par des anticorps dirigés contre l’adrénomédulline ou ses récepteurs.
Conclusion.– Ces résultats ont démontré le rôle de l’adrénomédulline dans le processus métastatique des cRCC et mettent en lumière son implication pronostique probable. Enfin, l’adrénomédulline et ses récepteurs apparaissent comme de potentielles nouvelles cibles thérapeutiques dans les cRCC. Des études chez l’animal sont en cours pour confirmer ces données préliminaires.