Comparaison des pratiques sur la prise charge du cancer de prostate localisé et localement avancé entre urologues et radiothérapeutes : résultat d’une enquête transversale.
Objectifs.- La prise en charge diagnostique et thérapeutique du cancer de prostate fait l’objet de recommandations précises. Urologues et radiothérapeutes sont confrontés en première ligne à la prise du cancer de prostate au stade localisé mais l’homogénéité de leurs pratiques n’a pas encore été évaluée. Objectif : Comparaison entre urologues et radiothérapeutes sur la prise en charge thérapeutique du cancer localisé et localement avancé de prostate.
Méthodes.- Un questionnaire (enquête Urofrance) en 2008 comportant 11 cas cliniques couvrant l’ensemble des présentations du cancer localisé de prostate a été soumis aux urologues et radiothérapeutes français en exercice. Les différents cas ont été établis en fonction du risque de progression du cancer selon la classification de D’AMICO et de l’âge du patient. Les praticiens ont été questionnés sur leurs pratiques : bilan d’extension, choix thérapeutiques et l’option retenue. Chaque cas clinique comportait 3 questions : les deux premières sont à choix multiples, la dernière est une question à choix simple définissant une option unique préférentielle recommandée par le praticien au patient. Le critère de jugement principal a été l’analyse de l’homogénéité des réponses entre urologues et radiothérapeutes sur l’option thérapeutique retenue. Les critères de jugement secondaires ont été la comparaison entre les réponses 1 et 2 (bilan d’extension et options proposée) en fonction de la spécialité, du mode d’exercice (libéral ou hospitalier) et de la participation à une réunion de concertation pluridisciplinaire(RCP).
Résultats.- 301(29.1%) urologues membres de l’AFU sur 1033 membres et 61 radiothérapeutes (16.8%) membres de la SFRO sur 513 membres ont participé à l’enquête. 55,2% des praticiens ayant répondu exercent en libéral. 95,33% participent de manière régulière à une RCP régulière. L’attitude thérapeutique a été significativement différente entre urologues et radiothérapeutes dans 7 /11 des cas cliniques (p < 0,05). Les attitudes divergeaient autant pour les bas risques que pour les hauts risques. Pour les bas risques, l’option thérapeutique « surveillance active » (61%vs 36% ; p=0,002) est significativement moins retenue par les radiothérapeutes que les urologues. Des différences significatives ont été également retrouvées entre libéraux et hospitaliers sur l’option thérapeutique retenue dans 4 cas sur 11, et entre praticiens en fonction de leur présentation ou non du dossier à leur RCP (4 cas/11).
Conclusion.- Les résultats de cette enquête inter-spécialités menée en 2008 montrent des différences significatives et notables dans la stratégie thérapeutique du cancer localisé de prostate entre urologues et radiothérapeutes ; et cela en dépit de recommandations communes formulées par leurs sociétés savantes respectives. Une étude complémentaire pourrait proposer des explications à cet état de fait.