Comparaison des carcinomes à cellule rénale chez les patients insuffisants rénaux chroniques et dans la population générale.
Objectifs.- Les patients atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC) sont à risque de développer des tumeurs sur leurs reins natifs. Notre objectif a été de comparer les caractéristiques cliniques et pathologiques et le devenir des carcinomes à cellules rénale (CCR) chez les patients IRC et dans la population générale.
Méthodes.- 24 services universitaires d’urologie et de transplantation rénale français ont participé a cette étude rétrospective nationale comparant les CCR survenant dans un contexte d’IRC aux CCR sporadiques. Les informations concernant l’age, le sexe, les symptômes au diagnostic, la durée de l’IRC, le mode et la durée du traitement de suppléance, le stade et le grade tumoral, le sous-type histologique et le devenir ont été enregistré dans une base de données unique. Les variables qualitatives et quantitatives ont été comparées en utilisant les tests de khi deux et de Student. La survie a été estimée par les méthodes de Kaplan Meier et Cox.
Résultats.- 1250 patients ayant un CCR ont été inclus dans cette étude rétrospective comparant 303 CCR de patient IRC (213 chez des patients transplantés et 90 chez des patients dialysés) à 947 cas de CCR sporadiques. Chez les patients IRC, comparativement a la population générale, l’age au diagnostic de CCR était inférieur (55±12 vs 62±12 ans), la prédominance masculine était plus prononcée (3,2 vs 1,6 H/F ratio), la taille tumorale moyenne était inférieure (3,7±2,6 vs 7,3±3,8 cm), les tumeurs asymptomatiques (87% vs 44%), de bas grade (68% vs 42%) et papillaires (37% vs 7%) étaient plus fréquentes, les scores ECOG>1 (24% vs 37%) et les stades tumoraux pT?3 (10% vs 24%) étaient plus rares (p<0,0001). Inversement, les atteintes métastatiques ganglionnaires (3% vs 12%) et à distance (2% vs 15%) étaient moins fréquents dans le groupe IRC que dans le groupe CCR sporadique. Après un suivi médian de 33 (1-299) mois, 13 (4,3%) et 261 patients (27,6%) dans les groupes IRC et sporadiques respectivement sont décédés du CCR (p<0,0001). En analyse univariée, le sous-type histologique, les symptômes au diagnostic, l’ECOG>1, le stade pT?3, le haut grade de Fuhrman, la taille tumorale et l’absence d’IRC étaient des facteurs prédictifs péjoratifs pour la survie spécifique (p=0,0001). En analyse multivariée, la présence de symptômes, le score ECOG, le stade TNM et le grade de Fuhrman demeuraient des facteurs prédictifs indépendants.
Conclusion.- Les CCR survenant chez les patients IRC semble présenter des caractéristiques cliniques et pathologiques et un pronostic plus favorable que les CCR diagnostiqués dans la population générale. Des recherches complémentaires sont nécessaires pour déterminer si cela est du à des voies moléculaires de carcinogenèse particulières ou a un biais en relation avec le mode de diagnostic.