Objectifs. Chez le transplanté rénal, le développement d’un carcinome à cellules rénales (CCR) sur le rein greffé est exceptionnel. Chaque cas est néanmoins source de questions vis à vis du greffon et des autres organes prélevés chez le même donneur. Les objectifs de ce travail étaient de déterminer les modalités diagnostiques et thérapeutiques de ces lésions et de focaliser l’attention sur la nécessité d’un registre national pour accélérer la diffusion des informations.

Patients et Méthodes. Parmi les 1250 greffes rénales réalisées ou suivies dans notre institution entre juin 1968 et janvier 2002, 3 patients de 54, 56 et 28 ans ont développé un CCR sur leur rein greffé dans un délai de 20, 7 et 10 ans respectivement après leur greffe.

Résultats. Chaque greffon provenait d’un donneur en état de mort encéphalique. Le diagnostic du CCR a été fait par biopsie systématique pour altération de la fonction rénale (n=2) et sur échographie (n=1). Le traitement a toujours été la néphrectomie élargie du greffon. Le type histologique était un carcinome à cellules claires (n=2) et un carcinome tubulopapillaire multifocal de type 1 (n=1) de stade pT2N2M0, pT3N2M1, pT1N0M0 respectivement. Deux patients sont décédés à 2 et 4 mois d’évolution métastatique et un est vivant à 8 mois. Malgré l’aide de l’Etablissement Français des Greffes (EFG), il n’a pas été possible de localiser et donc de prévenir les centres qui avaient greffé les autres organes provenant du même donneur.

Conclusion. Ces cas sont exceptionnels mais graves et il est difficile d’envisager une nouvelle politique coûteuse pour les dépister. Une échographie annuelle du greffon nous semble néanmoins souhaitable. Par ailleurs un recensement plus exhaustif des tumeurs chez le transplanté est indispensable. Il pourrait s’organiser autour de la constitution d’un registre national, géré par l’EFG, qui alerterait, en temps réel, les centres de transplantation, les praticiens concernés et leurs patients.