Apport de l’étude des instabilités alléliques des marqueurs microsatellites urinaires dans la prise en charge conservatrice des tumeurs de la voie excrétrice supérieure
Objectifs.– Le traitement endoscopique des tumeurs des voies excrétrices supérieures (TVES) est possible pour les tumeurs de faible stade et de faible grade. La surveillance des patients traités est stricte, du fait d’un nombre élevé de récidives. Nous proposons d’évaluer l’apport de l’étude des instabilités alléliques des marqueurs microsatellites urinaires dans la prise en charge conservatrice des TVES.
Méthodes.– Une étude rétrospective monocentrique a été réalisée sur 30 patients (2 hommes et deux femmes) traités et surveillés par 97 procédures d’urétérorénoscopie souple pour prise en charge d’une TVES, avec un objectif de traitement conservateur, entre mars 2003 et mai 2009. L’âge médian au diagnostic était de 65 ans [38–87]. Deux patients ont été proposés pour néphro-urétérectomie d’emblée (pas de traitement conservateur possible). Huit avaient un rein unique. Dans 11 cas (40 %), il existait une tumeur de vessie associée. Les données recueillies ont été la localisation de la tumeur, son caractère unique ou multiple, le stade, le grade tumoral, la récidive à distance. Une étude des instabilités des marqueurs des microsatellites sur les urines (FGA, ACTBP2, D9S162, IFNA, D16S310, MBP, D18S51, D4S171, MJD52) était réalisée lors de la première endoscopie puis lors des endoscopies de suivi. Les anomalies ont été corrélées au résultat de l’exploration endoscopique, de l’anatomopathologique et au devenir des patients (rémission, récidive ou néphro-urétérectomie).
Résultat.– Le stade pathologique (pT) était non évaluable (36 % des cas) ou superficiel (pTa dans 61 % des cas et pT1 dans 3 % des cas). Le grade tumoral était indisponible, grade 1, grade 2 ou grade 3 dans, respectivement, 36, 22, 31 et 11 % des cas. L’analyse des marqueurs microsatellites sur les urines a été possible dans 90 % des cas. Les altérations du marqueur D16S310 était le plus significativement associées aux tumeurs de + de 10 mm (p < 0,01). Le marqueur MJD52 était le plus significativement associé aux récidives (p = 0,04), et l’utilisation du profil de neuf marqueurs donne une sensibilité de 76 % et une spécificité de 61 %, (AUC 76 % ; CI95 % : 0,54–0,87 ; p = 0,009) nettement supérieure aux paramètres anatomocliniques observés.
Conclusion.– L’exploration et le traitement endoscopique par urétéroscopie sont limités par les difficultés d’analyse histopathologique liées à l’exiguïté des fragments et à la faible sensibilité de la cytologie classique. L’utilisation de marqueurs moléculaires analysables après amplification de l’ADN permet d’obtenir de façon fiable des données sur le profil d’agressivité des TVES et facilite la prise en charge de ces tumeurs.