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Registre TVNIM-AFU : l’AFU ouvre la recherche clinique à tous les urologues

Le cancer de vessie occupe la 2ème place des cancers urologiques après le cancer de prostate en termes d’incidence. Il se classe à la 7ème place des cancers les plus fréquents en France avec près de 17 000 nouveaux cas par an. La surveillance des patients traités pour une tumeur superficielle est essentielle pour détecter la rechute qui survient dans environ la moitié des cas. Cette surveillance est aujourd’hui assurée par la réalisation de cystoscopies à intervalles réguliers. L’AFU lance aujourd’hui une étude de grande ampleur sur la performance des biomarqueurs vésicaux pour détecter de façon fiable les récidives. S’ils s’avéraient efficaces, les tests urinaires développés par les laboratoires OncoDiag, Cepheid et Nucleix pourraient remplacer les fibroscopies vésicales/cystoscopies dans le suivi des patients. Pour apporter rapidement une réponse à cette question majeure pour les patients, l’AFU compte sur la participation de tous les urologues

 

Georges Fournier (2019-2022), président de l’AFU nous présente les grandes lignes du Registre TVNIM-AFU.

 

Quels sont les enjeux stratégiques ayant ont poussé l’AFU à se lancer dans cette étude et dans l’élaboration du registre TVNIM-AFU ?
Pr Georges Fournier : L’idée de départ a été de développer notre activité existante de recherche clinique au sein de notre société savante. Et ce, en nous appuyant sur la force de notre réseau qui regroupe la quasi-totalité des urologues de France, qu’ils exercent dans un établissement public ou privé. 60 % des urologues sont issus du secteur privé. Ils voient passer de nombreux patients qu’ils peuvent inclure dans des essais cliniques et participer à la recherche au même titre que les médecins exerçant dans les centres universitaires. Cette mission d’amélioration des soins par la participation à la recherche est d’ailleurs inscrite dans les statuts et par conséquent l’ADN même de notre société savante. Dans le cas du Registre TVNIM-AFU, il s’agit d’une étude sur les biomarqueurs urinaires, dont l’objectif est de juger s’ils peuvent remplacer la fibroscopie vésicale pour le suivi prolongé chez les patients ayant été traités pour une tumeur de vessie non infiltrante.

 

Le partenariat avec l’industrie pharmaceutique est donc très important…
Pr G. Fournier : Les comités scientifiques de l’AFU animés par des experts peuvent soumettre des sujets d’études, concevoir des protocoles, les proposer aux industriels et accompagner les laboratoires dans leurs travaux. C’est un système gagnant / gagnant. L’AFU dispose d’une structure de recherche clinique qui permet la réalisation de ces essais dans le respect de la méthodologie actuelle. Cela vient en complément des essais promus par les industriels qui contractualisent directement avec les praticiens.
Mon souhait est que l’AFU devienne un véritable acteur de la recherche clinique en mobilisant les urologues sur des problématiques qui concernent leurs patients. Cela implique la participation d’une majorité d’urologues et en particulier la mise en place d’une organisation irréprochable et de moyens permettant de faciliter les inclusions.

 

Que vous apporte le positionnement de la HAS vis-à-vis de cette étude : sa validation et son support ?
Pr G. Fournier : Nous avons rencontré les représentants de la HAS pour leur présenter le design de l’étude et recueillir leur sentiment sur le projet. Il s’agissait de nous assurer que l’étude était compatible avec leurs critères propres d’un point de vue méthodologique, par exemple pour éviter les biais. C’est une collaboration constructive pour tout le monde. Nous utilisons les critères méthodologiques de la HAS connue pour sa rigueur, afin que l’étude soit recevable dans sa conception et scientifiquement rigoureuse. Tout aura été fait dans les règles de l’art. Les biomarqueurs vont être étudiés pour faire le diagnostic de récidive de tumeurs de vessie non infiltrantes dans le cadre du suivi des patients. Si l’étude est valide, cela aboutira à un changement radical des pratiques en France et dans le monde avec une limitation des cystoscopies de contrôle. Si les résultats sont concluants, tous les 6 mois et pendant les nombreuses années de leur suivi médical, les patients se soumettront à un examen d’urine plutôt que de subir une cystoscopie. Cet outil diagnostic innovant pourrait être un véritable « changeur de pratiques » pour un vrai progrès médical au service du patient.

 

Les urologues seront les partenaires privilégiés de cette étude. Sera-t-elle chronophage pour eux ?
Pr G. Fournier : Les urologues n’ont pas beaucoup de temps. Il était donc important de mettre au point une étude qui n’impliquerait pas de charge de travail ou d’investissement chronophage pour eux. Ils n’auront pas de travail administratif supplémentaire à fournir. Dans le cadre de ce projet, les urologues auront à recruter les patients en s’assurant qu’ils rentrent bien dans les critères de l’étude. Ensuite ils travailleront avec un technicien ou un assistant de recherche clinique qui prendra le relai de toute la partie logistique. Les établissements privés disposent en effet aujourd’hui de structures de recherche clinique. Comme pour les hôpitaux publics, ce sera donc l’attaché de recherche clinique qui complétera, par exemple, la base de données. Ce système sera financé par l’AFU. Nous comptons sur l’inclusion de 2000 patients sur 2 ans.

 

Propos recueillis par Vanessa Avrillon

 

Crédit photo : AdobeStock_37033405

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