Dysfonctions sexuelles après traumatisme crânien : revue systématique de la littérature
Les dysfonctions sexuelles (DS) sont fréquentes en population générale, jusqu’à 50 % dans la population féminine et sans prévalence clairement définie chez les hommes mais pouvant aller jusqu’à 30 % concernant la dysfonction érectile. Après un traumatisme crânien (TC), elles sont fréquentes mais restent peu évaluées en pratique clinique. Or c’est un aspect crucial de la personne avec des implications sur la relation à l’autre, le « bien-être » psychologique et la qualité de vie.
Déterminer, à l’aide d’une revue systématique de la littérature, dans la population des TC, l’épidémiologie, les outils d’évaluation et le traitement des DS.
Les bases de données Medline, COCHRANE et OVID ont été utilisées avec des mots clés spécifiques (MeSH), combinés avec des opérateurs booléens : « sexual dysfunction », « sexuality », « erectile dysfunction » et « traumatic brain injury ».
Seules les études publiées en français ou en anglais, et disponibles intégralement ont été inclues. Les articles ont été examinés et extraits de façon indépendante selon les recommandations PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses)
Sur les 199 articles examinés après exclusion des doublons, 86 articles ont été étudiés dans leur texte intégral. Au total, 40 études ont été inclues dans l’analyse finale. Après un TC, 6 % à 83 % des patients rapportaient une DS : diminution de la fréquence des rapports sexuels (47 à 62 %), du désir et/ou de l’excitation (24 à 86 %), dysfonction érectile (24,2 à 57 %), dysorgasmie (29 à 40 %), comportement sexuel inapproprié (8,9 %). Il n’existait pas de méthode consensuelle d’évaluation des DS dans cette population, avec 16 outils recensés. Parmi eux, seuls deux questionnaires étaient validés dans cette population, le Brain Injury Questionnary of Sexuality – non validé en langue française – et l’Overt Behavior Scale, ce dernier étant destiné à l’évaluation des troubles du comportement sexuel. Plusieurs facteurs étaient associés de façon significative et positive aux DS : l’âge (p ≤0,01), la gravité du TC (p ≤0,002), la dépression (p <0,001), l’anxiété (p <0,001) et la fatigue (p =0,042). D’autres étaient associés négativement : le délai d’évolution (p =0,01), l’état de santé physique perçu (p <0,001) et la participation sociale (p <0,001). Il existait peu de données sur le traitement des DS en dehors d’études de cas.
Une analyse quantitative n’a pas pu être réalisée en raison des différences des études inclues dans leur design, outils d’évaluation, choix de critères de gravité du TC, et délais post-TC. Quatre articles non disponibles n’ont pas pu être consultés.
Les DS sont fréquentes après un TC mais restent peu évaluées en pratique clinique, en dépit de leur impact sur les patients et leur partenaire. Leur évaluation et traitement devraient faire partie de la prise en charge globale des patients après un TC. Néanmoins, il n’existe pas actuellement d’outil validé en français pour évaluer ces DS, ni de recommandations sur leur traitement.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.