Impact des antécédents familiaux et des polymorphismesgénétiques sur le risque de développer un cancer deprostate et sur l’agressivité tumorale
Objectifs.- Les récentes études d’association du génome ont permis de mettre en évidence plusieurs polymorphismes génétiques associés au risque de développer un cancer de la prostate (CaP). Nous avons voulu étudier certains polymorphismes dans une population de patients français afin de déterminer s’ils étaient effectivement associés à ce risque ou à l’agressivité du cancer.
Méthodes.- Trois variants génétiques, récemment mis en évidence, ont été analysés: rs 1447295 situé sur le chromosome 8 (8q24), rs10993994 sur le chromosome 10 (MSMB) et rs4054823 sur le chromosome 17 (17p12). Nous avons étudiés la fréquence de ces polymorphismes dans une population de 937 patients atteints d’un CaP traité par prostatectomie totale et dans une population de 937 témoins appariés sur l’âge. Des algorithmes d’apprentissage par réseaux neuronaux ont permis de construire des courbes ROC évaluant les outils de prédiction du risque de CaP.
Résultat.- L’âge moyen des patients était de 62,2 ans ±6,6 (38-79) et le PSA moyen au diagnostic de 11 ng/ml ±11,8 (0,11-113). Sur les pièces opératoires, un score de Gleason ? 6 a été retrouvé pour 382 patients et un score > 6 pour 537 patients. Trois cent neuf cas (33%) et 109 témoins (11,6%) présentaient au moins un antécédents de CaP. Les variants à risque rs1447295 (homozygotes AA) et rs10993994 (homozygotes TT) étaient significativement associés au risque de CaP (p=0,002 et p=0,01, respectivement). Aucun variant génétique n’était associé à l’agressivité du CaP. Il existait une progression de l’aire sous la courbe (AUC) en cas d’association des antécédents familiaux et des variants génétiques (AUC=0,662). Toutefois, utilisé séparément, le critère « antécédents familiaux » était plus prédictif que le critère « variant génétique » (AUC=0,635 vs 0,537).
Conclusion.- Ces résultats suggèrent que certains polymorphismes génétiques sont directement associés au risque de développer un CaP et permettent, notamment lorsqu’ils sont associés à la recherche d’une histoire familiale de CaP, de mieux cibler les populations à risque, susceptibles de se faire dépister précocément.