Introduction. Le traitement de la cystite interstitielle demeure très insatisfaisant. Cette pathologie a été reproduite chez le rat par l’injection intrapéritonéale (i.p.) de cyclophosphamide (CP). Afin de disposer d’un modèle permettant l’évaluation de nouveaux traitements, nous avons étudié les conséquences de cette pathologie expérimentale sur la cystomanométrie et sur l’expression d’un marqueur d’activité cellulaire (le c-Fos) dans les neurones spinaux impliqués dans la douleur viscérale.
Méthodes. Des rats mâles ont reçu une injection i.p. soit de CP (200 mg/kg), soit de véhicule. La cystomanométrie a été réalisée 3h plus tard sous anesthésie. Le volume seuil de remplissage vésical (Vseuil) au delà duquel les contractions vésicales apparaissaient a été déterminé. La moelle épinière d’autres animaux a été prélevée à l’issue du même délai. La répartition et le nombre des neurones exprimant c-Fos a été étudiée au niveau des segments lombo-sacrés en microscopie optique après révélation immunohistochimique sur des coupes de 50 µm.
Résultats. Après injection i.p. de CP 1) le Vseuil était inférieur de 70% à la valeur obtenue après traitement par le véhicule, 2) les contractions vésicales étaient plus amples, et duraient plus longtemps 3) les neurones spinaux du noyau parasympathique sacré, de la commissure grise dorsale et d’une partie des couches I-II de la corne dorsale exprimaient le c-Fos, signant l’activation de neurones nociceptifs.
Conclusion. Cette approche expérimentale permet de quantifier le retentissement fonctionnel vésical ainsi que la composante douloureuse de la cystite interstitielle. Ce modèle constitue un outil pré-clinique performant pour l’évaluation de nouvelles stratégies thérapeutiques de la cystite interstitielle.