Cancer du testicule : la surveillance surpasse-t-elle le traitement ?
Cancer du testicule : la surveillance surpasse-t-elle le traitement ?
Une nouvelle étude semble affirmer que la surveillance simple des tumeurs germinales testiculaires de stade IS est aussi efficace qu’un traitement au regard de la survie globale des patients. Cependant, les faiblesses méthodologiques de cette étude ne permettent pas de conseiller un changement des pratiques pour une surveillance normalisée. La chimiothérapie reste le traitement de référence en cas de tumeur IS confirmée.
Le cancer du testicule est une tumeur rare puisqu’il ne concerne que 1 à 1,5% seulement des cancers de l’homme, tous âges confondus. Il s’agit toutefois de la tumeur la plus fréquente chez l’homme jeune, entre 20 et 35 ans. La plupart des tumeurs du testicule sont issues des cellules dites “germinales”, celles qui aboutissent à la formation des spermatozoïdes. On en distingue 2 types, séminomateux (30-40 %) et non-séminomateux (TGNS), qui ont des traitements, pronostics et fréquences différents, les tumeurs séminomateuses étant particulièrement sensibles à la radiothérapie.
Le cancer du testicule est le plus souvent curable. La surveillance des tumeurs germinales testiculaires de stade I (séminomes ou TGNS) est une option répandue et valide pour la prise en charge de ces cancers. Une étude américaine publiée en 2015 (1) l’a confirmé. En effet, sur 2483 patients, le taux de survie globale à 5 ans était supérieur à 99 %, et les taux de récidive étaient de 19 % (TGNS) et 13 % (séminomes).
Les tumeurs de stade IS constitue un sous-groupe particulier défini par un stade I avec un scanner thoraco-abdominopelvien normal mais des marqueurs en augmentation après l’orchidectomie. Le faible niveau de preuve disponible pour ces stades a conduit l’AFU, comme l’EAU (l’association européenne d’urologie), à considérer ces tumeurs certes de bon pronostic comme métastatiques, et donc à proposer une chimiothérapie aux patients.
Surveillance ou chimiothérapie : une survie équivalente
Une nouvelle étude (2) sur 1362 patients atteints de tumeurs germinales de stade IS a retrouvé que la survie globale (> 95 % à 5 ans) après chirurgie, selon la mise en place d’une surveillance ou d’un traitement, est quasiment identique (98-99 %), que ce soit dans le sous-groupe des séminomes ou dans celui des TGNS. Ce qui justifierait donc l’usage de la surveillance des stades IS, déjà en progression ces dernières années aux Etats Unis où 53 % des TGNS IS font l’objet d’une surveillance.
Il n’est pourtant pas dit que cette étude, de loin la plus importante en termes d’effectifs, réussisse à peser sur les pratiques de l’autre côté de l’Atlantique.
Mais des informations incomplètes font faiblir les données
En effet, si l’étude démontre une survie identique entre surveillance et traitement, elle n’indique pas le nombre de rechutes.
De plus, les auteurs ne précisent pas les critères retenus pour caractériser le stade IS, d’autant qu’aucune relecture de scanner ne vient conforter la classification. De plus, la définition du traitement adjuvant à la chirurgie, se limite à « radiothérapie ou chimiothérapie » sans précision. Or, cette question est cruciale pour déterminer l’efficacité et les effets secondaires du traitement proposé.
Trouver le juste milieu
On ne peut donc pas tirer de conclusions définitives. Cependant, on peut retenir l’importance d’envisager l’évolution potentielle de la maladie avant de proposer les options thérapeutiques, avec le souci d’éviter des résistances à la rechute.
Ainsi, si une tumeur de stade IS peut être diagnostiquée, la chimiothérapie sera considérée en premier lieu. Mais en cas de doute, une surveillance rapprochée peut être envisagée, avec mise en route d’un traitement dès qu’une éventuelle évolution tumorale est confirmée.
Sources :
- Kollmannsberger et al., Patterns of relapse in patients with clinical stage I testicular cancer managed with active surveillance, Journal of Clinical Oncology, 2015.
- Kamran et al., Contemporary treatment patterns and outcomes for clinical stage IS testicular cancer, European Urology, sous presse.