Transplantation rénale avec donneur vivant entre époux : plus de femmes donneuses que d’hommes…
Introduction : La greffe avec donneur vivant entre époux (DVE) nécessite encore en France le recours à une dérogation sur le plan juridique.
Dans l’expérience nord américaine, les résultats de la greffe DVE sont meilleurs que ceux de la greffe avec donneur cadavérique, identiques aux autres dons avec donneurs vivants apparentés. La majorité des dons sont actuellement réalisés dans le sens Femme pour Homme. En France, l’expérience reste limitée pour ce type de greffe.
Méthodes : Nous rapportons notre expérience débutée en décembre 2002, reprenant de façon rétrospective l’ensemble des couples testés en vue d’une greffe DVE.
Résultats : 12 couples compatibles ABO ont été explorés : 7 dans le sens Femme pour Homme, et 5 dans le sens Homme pour Femme.
Dons F pour H : 5 greffes ont été réalisées et 2 sont prévues. Pour les 5 greffes réalisées, le nombre moyen d’incompatibilités est de 4, 31,2 ; aucun receveur n’est immunisé.
Dons H pour F : Une seule greffe a pu être réalisée à ce jour, en raison de la présence, chez 4 receveuses testées, d’anticorps spécifiques du mari, et identifiés par une technique ELISA. Ces anticorps sont inconstamment détectés en lymphocytotoxicité, y compris lors du cross-match qui peut être négatif. Ceux-ci sont vraisemblablement développés au cours des grossesses, au nombre de 2 à 9 chez nos patientes.
Tous les prélèvements chirurgicaux ont été effectués par voie laparoscopique assistée par robot, avec des suites simples dans tous les cas, et une sortie au 4e ou 5e jour
Tous les greffons sont fonctionnels, avec un recul de 1 à 18 mois. Un patient a présenté un rejet aigu interstitiel (Ia selon Banff). La créatininémie moyenne est à 14mg/l [1217] chez le Receveur et 12mg/l [914] chez le Donneur.
Conclusion : La greffe DVE, lorsqu’elle est possible, donne de bons résultats. Ces données sont intéressantes, car si les dispositions légales autorisent le don entre époux, celui-ci pourrait devenir en France la première source de greffe à partir de donneurs vivants.
La prédominance des dons F pour H dans notre courte série semble avant tout liée à un obstacle immunologique et non pas à une réticence des hommes à offrir un de leurs reins.