TOXICITE SELECTIVE D’UN ADENOVIRUS MUTANT, H5dl118, POUR LES CELLULES PROSTATIQUES CANCEREUSES IN VITRO.
Introduction : Les adénovirus mutants à réplication sélective sont des virus récemment évalués dans le traitement de certains cancers. Les mutations apportées à ces virus leurs permettent d’infecter les cellules de certains cancers, de s’y répliquer et de les lyser, sans avoir d’effet pathologique majeur sur les tissus sains. Il en résulte non seulement la destruction des cellules cancéreuses, mais aussi la multiplication et la diffusion du virus qui peut alors infecter d’autres cellules. Au cours d’un essai de phase II, un tel virus, en association à une chimiothérapie, a permis de mettre en rémission pendant 6 mois 83% des patients traités porteurs d’un cancer radio-chimio résistant de la tête ou du cou. Aucune application urologique de ces virus n’a été rapportée à ce jour. Nous nous proposons de les évaluer dans le cancer de la prostate.
Méthode : Nous avons utilisé un adénovirus totalement délété du gène E1B, qui ne serait pathogène que pour les cellules dont la protéine p53 n’est pas fonctionnelle. In vitro, nous avons exposé à ce virus des cultures primaires de prostate normale et des lignées prostatiques immortalisées ainsi que des lignées cellulaires de cancer de prostate (CaHPV10, PNT1A, PNT2, LnCaP, DU145, PC3). La cytolyse était évaluée à 4 jours par comptage des noyaux des cellules survivantes. Les résultats sont exprimés en pourcentage de cellules tuées.
Résultats : Aucune cytolyse significative (0,9%) n’a été observée sur les cultures primaires. La cytolyse était en revanche significative pour toutes les lignées testées (de 27,6 à 93,5%). Le statut de la cellule vis à vis de la protéine p53, fonctionnelle (LnCaP, PNT1A, PNT2) ou non fonctionnelle (CaHPV10, DU145, PC3) n’était pas un facteur déterminant de l’efficacité du virus.
Conclusion : Nous avons montré qu’un adénovirus mutant, H5dl118, a une cytotoxicité spécifique des lignées de cancer de prostate in vitro, sans effet pathologique sur les cultures primaires de prostate normale. Ce résultat préliminaire appelle une confirmation in vivo, mais laisse augurer du potentiel des adénovirus mutants à réplication spécifique dans le traitement du cancer de la prostate.