RESULTATS DE LA TRANSPLANTATION RENALE CHEZ DES PATIENTS PORTEURS D’UNE DERIVATION URINAIRE: EXPERIENCE MONOCENTRIQUE
Introduction : le nombre de patients en attente d’une transplantation rénale augmente chaque année (+ 22% de patients en attente, +35% de nouveaux inscrits). Devant la pénurie de greffon, l’élargissement des critères de prélèvements conduit à l’utilisation de greffons limites dits ECD (Expanded Criteria Donor) qui correspondent à des donneurs > 60 ans ou ayant entre 50 et 60 ans et 2 des 3 facteurs associés HTA, une créatinine > 132micromol/l ou un AVC ayant entraîné le décès. Le but de ce travail est d’évaluer l’impact sur les résultats de la transplantation de l’augmentation de l’utilisation des ECD en comparant 2 périodes : 1995-1999 et 2000-2005.
Matériel et méthode : entre 1995 et 2005, 728 greffons dits standard (Standard Criteria Donor – SCD) et 198 ECD ont été alloués à des receveurs appariés pour l’âge. Nous avons comparé la survie des greffons et les taux de complications chirurgicales entre les types de greffons et entre les 2 périodes.
Résultats : Le suivi moyen est de 45 mois. Le nombre des ECD est passé de 40 (soit 11% des greffes effectuées) à 158 (soit 27%) entre les 2 périodes étudiées. Nous n’avons pas mis en évidence de différence en terme de survie de greffons au cours des 10 ans (ECD vs SCD). En revanche, entre 2000 et 2005, la survie des greffons ECD est significativement plus basse que celle des SCD (72 vs 90 % à 3 ans). Le risque de sténose urétérale est 2,25 fois supérieur (p=0,01) pour les ECD que pour les SCD et celui de sténose de l’artère rénale a été multiplié par 3,4 (p=0,005) entre les 2 périodes. Il n’a pas été mis en évidence de différence significative en matière de survie des receveurs.
Conclusion : l’augmentation de l’utilisation de greffons issus de donneurs marginaux conduit à une augmentation de la morbidité et à une diminution de la survie des greffons. Les greffons marginaux sont donc une source limitée de greffons potentiels. L’allocation de ces greffons sur la base de critères cliniques semble pouvoir être améliorée par une évaluation histologique précise et standardisée.
Matériels et Méthodes : Depuis 1979, 18 Tx rénales ont été réalisées chez 16 patients (14 adultes et 2 enfants) porteurs d’une DU. Le greffon provenait le plus souvent d’un donneur cadavérique (n=16). L’insuffisance rénale (IR) avait pour origine une malformation ou un dysfonctionnement du bas appareil urinaire dans 12 cas et une tumeur des voies urinaires dans 3 cas. 12 patients sont porteurs d’une dérivation cutanée continente, 3 d’une urétérostomie cutanée trans- iléale (Bricker) et un d’un réservoir iléal orthotopique.
Résultats : La survie actuarielle des greffons à 1, 5, 10 et 15 ans est respectivement de 100%, 90 %, 70 % et 68 %. 4 greffons ont été perdus par dysfonction chronique nécéssitant un retour en hémodialyse. 2 patients ont bénéficié d’une re-transplantation. 50% des patients porteurs d’une poche cutanée continente ont développé une lithiase dans le réservoir ou présenté un dysfonctionnement de leur valve. Un patient sur deux a présenté au moins un épisode de pyélonéphrite aigue. On note par ailleurs, une sténose de l’anastomose urétéro-iléale, une sténose de l’anastomose artérielle et une lymphocèle. Aucun patient n’est décédé. Avec un recul moyen de 8,7 ans (2 et 20) 14 greffons sont fonctionnels avec un taux de créatinine moyen de145 µmol/l (65 à 285) et un Cockcroft moyen à 58,5 ml/min. (20 à 90).
Conclusions : Nos résultats montrent que la survie des patients transplantés rénaux porteurs d’une dérivation urinaire et de leurs greffons est très satisfaisante et comparable à celle observée chez les transplantés sans dérivation urinaire. La transplantation rénale peut donc être considérée comme le traitement de choix de l’IRC terminale des patients atteints d’une maladie du bas appareil urinaire corrigée par une dérivation urinaire.