Objectif : Evaluer l’incidence et les conséquences des complications précoces et tardives de la lymphadénectomie inguinale réalisée chez des patients ayant un cancer infiltrant du pénis.

Matériel et Méthodes : Entre 1989 et 2000, 92 patients, d’âge moyen de 63.2 ans, ont été traités pour un carcinome épidermoïde par amputation partielle ou totale du pénis. Le caractère infiltrant correspond à un stade >= pT2 (TNM 1997). Trois patients ayant des adénopathies fixées (N3) et des adénopathies pelviennes ont été traités ensuite par chimiothérapie systémique. Une lymphadénectomie inguinale a été réalisée chez les 89 patients restants : 49 patients N0 par lymphadénectomie inguinale bilatérale modifiée (MIL), 25 patients N1 par lymphadénectomie totale (RIL) homolatérale et MIL controlatérale, 14 patients N2 par RIL bilatérale. Au total, 118 MIL (67.0%) et 58 RIL (33.0%) ont été réalisées

Résultats : 74 complications ont été répertoriées. Le nombre de complications après MIL a été faible, et dans la plupart des cas elles ont été mineures : 3 nécroses cutanées partielles, 3 lymphocèles traitées par simple ponction, 1 lymphorrhée, et 4 lymphoedèmes des membres inférieurs modérés. Parmi les 118 MIL, 110 ont été sans complication (93.2%), et 8 (6.8%) ont présenté une ou 2 complications précoces et/ou tardives.

Après RIL, 49 complications ont été observées dans 18 des 58 RIL réalisées (31.0%). Les complications précoces (41.4%) ont été : nécrose cutanée partielle (5), lymphocèle (8), lymphorrhée (6), infection (4), et une phlébite. Les complications tardives (43.1%) ont été : lymphoedème des membres inférieurs (13), phlébite (7), lymphocèle (3), et 2 nécroses cutanées nécessitant une greffe de peau.

Conclusion : La lymphadénectomie inguinal ayant un réel potentiel curateur dans le traitement des métastases inguinales dans le cancer du pénis, la morbidité de la RIL apparaît actuellement raisonnable. Chez les patients ayant un cancer infiltrant du pénis N0, la lymphadénectomie inguinale modifiée a une faible morbidité, faisant que cette attitude thérapeutique apparaît maintenant logique.