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Transplantation rénale

Questions / Réponses

Oui, cela est possible. Cependant la grossesse chez la patiente greffée rénale reste, malgré les progrès de l’obstétrique, une grossesse à risque.
Les risques principaux pour la mère sont : le rejet du greffon, une maladie rénale de la femme enceinte appelée syndrome vasculo rénal. Les risques pour l’enfant sont : la prématurité, le retard de croissance intra utérin.
La grossesse ne s’envisage qu’après la 2e année de greffe si un certain nombre de critères sont réunis (recommandations HAS) comme : l’absence de rejet dans l’année qui précède, le bon fonctionnement du greffon, l’absence de protéines dans les urines, une tension artérielle normale, le sérieux dans la prise des médicaments antirejet, l’absence d’autres maladies.
Le traitement antirejet doit être adapté et certains médicaments doivent impérativement être arrêtés au moins 6 semaines avant la conception.
(Sarah Drouin – relecture : Thibaut Culty)

Les conditions du don d’organe du vivant sont rappelées dans le code de santé publique. Le don est gratuit et librement consenti c’est à dire sans pression psychologique ou financière.
Les personnes autorisées à donner un rein sont depuis la loi de bioéthique du 7 juillet 2011, non seulement la famille du receveur ou son conjoint mais aussi toute personne pouvant apporter la preuve d’un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans avec le receveur.
Le candidat au don doit être majeur et ne pas faire l’objet de mesure de protection légale.
Le parcours pré-don qui peut durer 4 à 6 mois permet de réaliser des bilans médicaux et de vérifier que le donneur répond à des critères stricts le rendant ou non candidat à une néphrectomie en vue de don d’organes. En parallèle de la recherche de contre-indications médicales chez le donneur, il faut vérifier la compatibilité de groupe sanguin ABO (sauf exception) et l’absence chez le receveur d’anticorps dirigés contre le donneur.

Enfin en cas d’impossibilité de trouver parmi ses proches un donneur pour un receveur donné, la loi française autorise désormais le don croisé.
Il est possible d’envisager que 2 receveurs ayant chacun un donneur avec lequel ils sont incompatibles, échangent de donneur (donneur B pour receveur A et donneur A pour receveur B). Les deux opérations chirurgicales sont alors engagées simultanément, en respectant l’anonymat entre greffé et donneur. Cette possibilité encore anecdotique, est appelée à se développer très progressivement dans notre pays.
(Sarah Drouin – relecture : Thibaut Culty)

C’est une des questions les plus fréquemment posées par les patients, futurs donneurs de rein ou receveurs d’une transplantation rénale.
Les reins assurent la fonction de filtre permettant l’élimination dans les urines de nombreuses impuretés présentes dans la circulation sanguine.
Dans le cadre du don de rein, les patients sélectionnés doivent avoir un très bon fonctionnement de chaque rein. Après le don, les études ont montré que le rein restant va s’hypertrophier (augmenter légèrement de taille), améliorant sa capacité de filtration du sang. Ainsi, la fonction rénale globale du donneur ne diminue que d’environ 20% après le don et reste parfaitement stable sur le long terme.
Les donneurs ont une espérance de vie supérieure à la moyenne de la population, car ils bénéficient d’un suivi médical très régulier après le don et parce qu’ils ont été sélectionnés pour leur bonne santé générale.
Après le don de rein, les donneurs doivent conserver une bonne hygiène de vie : ne pas fumer, avoir une activité physique régulière, une alimentation équilibrée, une modération des apports en sels, un contrôle régulier de la tension artérielle, du poids, du taux sanguin de cholestérol, de glucose.
(Guillaume defortescu – relecture : Thibaut Culty)

Oui, la transplantation rénale à partir d’un donneur vivant “ABO incompatible” est possible. Ses résultats sont mêmes meilleurs que ceux de la transplantation rénale à partir de donneur décédé. Il existe cependant un temps de préparation, consistant initialement à évaluer le taux d’anticorps dans le sang du receveur. En fonction de ce taux, il peut être nécessaire de préparer la transplantation par des traitements intra-veineux chez le receveur quelques jours ou semaines à l’avance, ce qui rend cette stratégie impossible pour l’instant dans le cadre des transplantations de reins issus de donneurs décédés, car elles sont réalisées en urgence.
L’autre stratégie possible est celle d’une transplantation dite “croisée” (et simultanée) entre deux duos de donneur-receveur. Cette stratégie permet d’optimiser les profils de compatibilité. Elle est en général envisagée dans les situations les plus complexes sur le plan immunologique.
(Thomas Bessède – relecture : François Gaudez, Lionnel Badet)

Effectivement, il n’est pas obligatoire d’être déjà dialysé pour pouvoir bénéficier d’une transplantation rénale.
On peut être greffé d’un rein lorsque la maladie rénale est suffisamment avancée, sans toutefois avoir atteint le stade de la dialyse : cela s’appelle la greffe préemptive. Cette situation représente 16 % des greffes en 2017 et peut faciliter les suites de la transplantation rénale. La condition principale est d’être inscrit suffisamment tôt sur la liste de greffe, bien avant le stade de la dialyse.
(Julien Branchereau – relecture Sébastien Bouyé)

Non. Les reins des patients insuffisants rénaux ne filtrent plus efficacement le sang mais permettent encore parfois d’éliminer de l’eau et d’améliorer le confort en dialyse. Leur maintien ne pose pas de problème après la greffe car le rein greffé n’est pas implanté à la même place que les reins du patient. Il est beaucoup plus simple de placer le greffon dans la partie basse de l’abdomen (région iliaque). Cependant le retrait d’un ou des deux reins avant la transplantation est parfois rendu nécessaire dans certaines maladies rénales lorsque les reins souffrent d’infection chronique, que leur volume est trop important, qu’une tumeur est suspectée ou s’ils sont la cause d’une hypertension sévère.
(Thibaut Culty – relecture : Xavier Tillou)

Les reins sont attribués aux patients du même groupe sanguin, grâce à un score calculé informatiquement pour chaque donneur, prendant en compte un certain nombre de critères : l’ancienneté d’inscription sur la liste d’attente, le temps passé en dialyse, le nombre d’incompatibilités entre le donneur et le receveur, la différence d’âge entre le donneur et le receveur, la distance entre le site de prélèvement du donneur et le site de greffe du receveur, la difficulté d’accès à la greffe du receveur. Ce score garantit l’équité et l’efficacité de l’attribution des organes. Il existe par ailleurs quelques règles dérogatoires comme par exemple la priorité d’attribution du rein aux enfants lorsque le donneur est âgé de moins de 30 ans.
(Thibaut Culty – relecture : Xavier Tillou)

Le délai d’attente moyen était de 29,5 mois pour les patients transplantés entre 2010 et 2015. Mais ce délai est très variable. Pour les patients transplantés pour la première fois, il était de 11,3 mois. Le délai varie en fonction du groupe sanguin, certains groupes sanguins étant plus rares dans la population générale: 15 mois pour le groupe A, 16 mois pour le groupe AB, 34 mois pour le groupe O, 39 mois pour le groupe B (pour les patients transplantés entre 2008 et 2013). Les délais varient aussi en fonction de l’âge et des caractéristiques immunologiques du receveur (immunisation, groupe HLA).
(Thibaut Culty – relecture : Xavier Tillou)

Il est rare qu’un rein transplanté fonctionne pour toute la vie. Les médicaments antirejet empêchent que le rein soit immédiatement rejeté (rejet aigu). Cependant ils ne peuvent pas empêcher le phénomène de rejet chronique qui conduit à un vieillissement accéléré du greffon. Ainsi la durée de vie des reins transplantés est estimée en moyenne à 14 ans. Certains reins peuvent fonctionner beaucoup plus longtemps en particulier lorsqu’ils sont issus d’un donneur vivant, ou lorsque le receveur ne développe aucun anticorps contre son greffon.
(Thibaut Culty – relecture : Xavier Tillou)

Pour prévenir le rejet, à court, moyen et long terme, il faut prendre des médicaments immunosuppresseurs. Sans ces médicaments, la perte de l’organe greffé est inévitable. Une étude a montré qu’environ un échec de greffe sur 3 était consécutif à une mauvaise prise du traitement. Il est donc impératif de prendre son traitement « anti-rejet ». Cependant, certains receveurs développent une quasi-tolérance de leur transplant rénal, autorisant parfois la diminution des doses et du nombre de médicaments anti-rejet.
(Arnaud Dorffler – relecture : Benoît Barrou)

Lorsque l’Agence de la biomédecine vous attribue un rein, elle contacte votre centre de transplantation. Vous devez donc être joignable 24h sur 24. Le médecin vous indiquera éventuellement si vous être en première ou en deuxième position sur la liste pour ce rein. En effet, il n’est pas rare que plusieurs patients soient contactés pour une même proposition pour pallier à une éventuelle contre-indication de dernière minute.
Vous devez alors rester à jeun et vous rendre rapidement (mais sans prendre de risque !) dans le service de Transplantation. Si vous êtes en déplacement loin de chez vous, informez votre médecin transplanteur du délai qui vous sera nécessaire pour vous rendre dans le service de transplantation.

A votre arrivée, vous serez pris en charge par l’équipe médicale pour un examen complet et pour un bilan biologique et radiologique et SURTOUT la réalisation du cross-match. Il s’agit d’un test de compatibilité qui consiste à mettre en présence votre sérum et les cellules du donneur. On obtient le résultat en 4 heures environ. Si vous avez développé des anticorps contre le greffon, le cross match est dit « positif », la greffe n’est alors pas possible. Si le cross match est « négatif », la greffe est possible.
Vous êtes alors préparé pour l’intervention chirurgicale. Dans certains cas et en fonction de votre bilan, il est nécessaire de vous dialyser avant l’intervention.
Il est toujours possible que la transplantation soit annulée au dernier moment par la découverte d’un problème inattendu.

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