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Covid-19 et urologie fonctionnelle, l’indispensable permanence des soins

Lorsque l’épidémie du nouveau coronavirus débute en France, priorité est donnée par les établissements de santé aux prises en charge cancérologiques. Des patients sujets à un problème d’urologie fonctionnelle choisissent alors de ne pas consulter tout de suite. Or, la prise en charge de certaines de ces pathologies ne peut pas attendre la fin de la crise du Covid-19. C’est pourquoi les trois comités d’urologie fonctionnelle de l’AFU ont établi un guide à l’attention des urologues, pour assurer un suivi aux patients en période d’épidémie, suivi qui ne se limite pas à la phase de confinement.

En urologie fonctionnelle (incontinence et dysfonctionnements urinaires, prolapsus pelviens, troubles sexuels, vessie neurologique…), certaines situations cliniques sont à haut risque de complication en cas de retard de prise en charge. Le Dr Véronique Phé, urologue au CHU de La Pitié-Salpêtrière à Paris et responsable du comité  de neuro-urologie de l’AFU, le rappelle : « Les patients peuvent présenter des pathologies handicapantes, pouvant se détériorer s’ils elles ne sont pas prises en charge sous prétexte qu’il ne s’agit pas de cancer ».

Quatre niveaux de priorité de prise en charge
Le comité de neuro-urologie, le comité d’urologie et de périnéologie de la femme (CUROPF) et le comité des troubles mictionnels de l’homme (CTMH) de l’AFU ont donc déterminés quatre niveaux de priorité pour les pathologies d’urologie fonctionnelle : actes chirurgicaux et/ou instrumentaux devant être maintenus durant l’épidémie de COVID-19 ; actes à reprogrammer sans délai (1 à 8 semaines) ; actes à reprogrammer sans urgence (8 à 16 semaines) et actes pouvant être différés de plusieurs mois (délai > 16 semaines). De toutes les façons, les patients doivent continuer à consulter à l’apparition d’un trouble d’urologie fonctionnelle. « Ils ne doivent pas se sentir oubliés parce que les établissements ont eu pour consigne de déprogrammer les interventions », souligne le Dr Véronique Phé.

La téléconsultation pour limiter les risques de contamination

Les trois comités préconisent un premier échange par téléconsultation à l’aide d’une application sécurisée de visioconférence, pour réduire les déplacements et les risques de contamination au SRAS-Cov-2. Après prise de rendez-vous par le patient, l’urologue lui envoie un lien par mail ou SMS afin qu’il puisse se connecter à l’application. L’échange peut également se faire par téléphone si le patient ne dispose pas de moyens de connexion.
La téléconsultation permet de poser un diagnostic, de préparer l’organisation des examens dès qu’ils seront possibles ou encore de prévoir une date si une indication opératoire est posée. « Les patients apprécient d’être contactés par leur urologue. Ils sont satisfaits de savoir qu’ils sont pris en charge, même s’ils n’ont pas un cancer. La programmation ultérieure d’une intervention sans attendre la fin de la crise sanitaire les rassure également », relève le Dr Véronique Phé.
Au terme de cet échange à distance, l’urologue peut décider – si cela s’impose – de recevoir le patient à son cabinet. Les rendez-vous sont régulés par flux pour éviter les contacts entre patients. Les structures sont adaptées pour les accueillir, avec des plexiglas à l’accueil, le respect des distances de sécurité, une prise en charge à l’heure et un nombre de patients réduits par tranche horaire.

La téléconsultation comme alternative future

Les indications des trois comités d’urologie fonctionnelle sont valables pour la période postérieure au confinement, tant que l’état d’urgence sanitaire est en vigueur. En outre, le système de téléconsultation qui a pris son essor à l’occasion de cette crise devrait à l’avenir apporter une alternative aux patients éloignés des centres de prise en charge. « Sans doute pourrons-nous prescrire à distance les examens pour éviter des déplacements inutiles aux patients et leur permettre de venir à la consultation avec les résultats », indique le Dr Véronique Phé. La téléconsultation pourra aussi être utilisée pour des pathologies nécessitant un suivi annuel. La crise du nouveau coronavirus aura certainement contribué à « démocratiser » cet outil de communication à distance qui complète sans s’y substituer l’examen clinique au cabinet d’urologie.

Pierre Derrouch

 

Les situations d’urgence en urologie fonctionnelle

Voici la liste des interventions de niveau A établie par les trois comités d’urologie fonctionnelle de l’AFU et qui ne peuvent pas être différées :

  • 2ème temps de test de neuromodulation en cours,
  • injections vésicales de toxine botulique A pour neuro-vessie non équilibrée,
  • cystectomie-Bricker pour fistule urinaire dans une escarre périnéale ou neuro-vessie non équilibrée avec insuffisance rénale récente,
  • fistules vésico-entérales ou uro-osseuses.

« Quelle que soit la pathologie, chaque indication est revue par une équipe multidisciplinaire, en fonction des disponibilités du bloc opératoire, du personnel ou encore des lits d’hospitalisation », précise le Dr Véronique Phé.
 

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