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Comprendre les facteurs de risque du cancer de la vessie

Le cancer de la vessie est une pathologie fréquente dont les causes sont multiples. Si le tabac est bien identifié comme le facteur principal, d’autres éléments environnementaux, professionnels, infectieux ou génétiques jouent également un rôle important. Leur connaissance permet de mieux orienter les actions de prévention.

 

Pourquoi le tabac joue-t-il un rôle majeur ?

Le tabagisme est de loin la première cause évitable de cancer de la vessie. L’inhalation répétée de substances chimiques présentes dans la fumée de cigarette entraîne l’accumulation de toxiques dans l’urine, au contact direct de la paroi vésicale. Ce mécanisme favorise la survenue de mutations génétiques pouvant évoluer vers une tumeur. Plus la consommation est ancienne et intense, plus le risque est élevé, même après arrêt du tabac.

 

Comment certaines professions augmentent-elles le risque ?

Au-delà des habitudes personnelles, l’environnement professionnel peut exposer à des substances cancérogènes. Certaines activités, notamment dans les industries chimiques, textiles, du cuir, de la peinture ou du caoutchouc, impliquent la manipulation de produits tels que les amines aromatiques et les hydrocarbures polycycliques. En l’absence de protections adaptées, ces substances peuvent altérer durablement les cellules de la vessie, avec des effets qui peuvent se manifester plusieurs années après la fin de l’exposition. Ce type de cancer peut d’ailleurs être reconnu comme maladie professionnelle.

 

Quel est le lien entre infections chroniques et cancer de la vessie ?

Certaines infections urinaires chroniques peuvent, à long terme, favoriser l’apparition d’un cancer. La bilharziose urinaire, causée par le parasite Schistosoma haematobium, est une cause majeure dans les régions d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Dans d’autres contextes, les cystites à répétition, notamment chez les porteurs de sondes urinaires prolongées, exposent aussi à un risque accru, en entretenant une inflammation persistante de la muqueuse vésicale. La prévention repose principalement sur la limitation de l’usage prolongé des sondes, l’application stricte de mesures d’asepsie et le suivi médical régulier pour traiter précocement toute infection.

 

Quels traitements médicaux peuvent être en cause ?

Certains traitements, bien que nécessaires, peuvent augmenter le risque de cancer secondaire de la vessie. C’est le cas du cyclophosphamide, un agent chimiothérapeutique connu pour sa toxicité vésicale, et de la radiothérapie pelvienne, utilisée pour traiter des cancers gynécologiques ou prostatiques. Dans ce contexte, la prévention repose sur la surveillance urologique régulière des patients traités, et une détection précoce d’éventuelles lésions par un suivi clinique adapté.

 

L’environnement quotidien est-il impliqué ?

Au-delà du milieu professionnel, l’exposition environnementale peut aussi intervenir. La consommation d’eau potable contenant de fortes concentrations d’arsenic est un facteur de risque établi dans plusieurs régions du monde (par exemple, certaines zones d’Amérique du Sud, du Bangladesh et de l’Asie du Sud-Est). L’implication de certains pesticides agricoles est également étudiée, bien que les preuves scientifiques restent à renforcer.

 

Le risque est-il aussi lié à des prédispositions génétiques ?

Le terrain génétique joue un rôle dans la susceptibilité individuelle. Certaines variations génétiques peuvent réduire la capacité de l’organisme à éliminer les substances cancérogènes. S’il n’existe pas de prévention directe contre ces prédispositions, il est possible de réduire le risque de développement d’un cancer en agissant sur les facteurs environnementaux modifiables et en assurant un suivi médical adapté chez les patients identifiés à risque. Par ailleurs, le syndrome de Lynch, une anomalie génétique associée aux cancers du côlon et de l’endomètre, expose également à un risque accru de tumeurs urothéliales, notamment dans la vessie.

 

L’âge et le sexe influencent-ils la survenue de la maladie ?

L’âge et le sexe influencent la survenue du cancer de la vessie. L’âge avancé reste le principal facteur de risque, la maladie apparaissant majoritairement après 65 ans. Les hommes sont affectés trois à quatre fois plus fréquemment, en raison des expositions professionnelles, des habitudes tabagiques, et de facteurs biologiques encore en cours d’étude. Par ailleurs, les femmes reçoivent souvent un diagnostic à un stade plus avancé. Ces éléments soulignent l’importance de la prévention, de l’arrêt du tabac, de la protection des travailleurs exposés et d’un suivi médical adapté pour les patients à risque.

 

Sources

  • Association Française d’Urologie (AFU), Recommandations 2022–2024 : Tumeurs de la vessie non infiltrant le muscle (TVNIM).
  • Association Française d’Urologie (AFU), Recommandations 2022–2024 : Tumeurs de la vessie infiltrant le muscle (TVIM).

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