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Cancer de vessie métastatique : une nouvelle combinaison médicamenteuse prometteuse

De nouveaux espoirs sont permis dans le traitement des cancers de la vessie localement avancés ou métastatiques. L’association de l’enfortumab vedotin et du pembrolizumab offrirait de bons résultats chez les patients précédemment traités par chimiothérapie.

 

Pendant plusieurs décennies, la chimiothérapie à base de sels de platine s’était imposée comme le traitement de première ligne des carcinomes urothéliaux localement avancés ou métastatiques. Le pronostic des carcinomes urothéliaux métastatiques a été nettement amélioré depuis l’arrivée de l’immunothérapie (anti-PD(L)-1), d’abord avec le pembrolizumab en 2ème ligne de traitement après la chimiothérapie, puis avec l’avelumab en traitement de maintenance chez les patients ne progressant pas sous chimiothérapie par sels de platine. Plus récemment, une nouvelle classe thérapeutique a émergé en oncologie : les anticorps conjugués, avec en tête de liste l’enfortumab vedotin (EV). Cette molécule a démontré sa supériorité par rapport à la chimiothérapie chez des patients préalablement traités par chimiothérapie et immunothérapie. L’enfortumab vedotin est prescrit en accès précoce en France depuis 2021. Une récente étude (EV-302*), aux résultats plus que prometteurs, suggère que l’association de deux molécules (enfortumab vedotin + pembrolizumab) offrirait un réel bénéfice aux patients traités pour un cancer de vessie métastatique ou localement avancé.

 

Une combinaison plus efficace que la chimio

L’association EV + Pembrolizumab a été comparée à l’efficacité de la chimiothérapie classiquement utilisée en 1ère ligne (à savoir cisplatine ou carboplatine associée à la gemcitabine). Les résultats montrent que l’association EV + Pembrolizumab est plus efficace que la chimiothérapie, les patients traités par cette nouvelle combinaison ayant une survie deux fois plus longue que ceux traités par la chimiothérapie classiquement. De plus, cette supériorité était observée indépendamment des sites des métastases, de l’origine de la tumeur (vessie ou haut appareil urinaire), de l’état général du patient ou de marqueurs tumoraux (comme PD-L1). Les auteurs des travaux de recherche rapportent que les deux tiers des patients (67 %) à 12 mois avaient une maladie encore contrôlée par EV + Pembrolizumab, alors qu’ils n’étaient que 35 % parmi ceux traités par chimiothérapie. L’association EV + Pembrolizumab serait donc plus efficace que le traitement par chimiothérapie avec une diminution de 50 % du risque de progression et de décès et un doublement de la survie sans progression et de la survie globale. Ces résultats spectaculaires vont donc positionner cette nouvelle association par enfortumab vedotin + pembrolizumab comme le nouveau standard de traitement de 1ère ligne de référence dans le carcinome urothélial métastatique.

 

Effets secondaires

La combinaison de ces deux molécules EV + Pembrolizumab offre une bonne tolérance dans l’ensemble. Quelques effets secondaires ont néanmoins été signalés comme la survenue d’une neuropathie (fourmillement dans les mains et/ou les pieds), d’une réaction cutanée ou d’une alopécie (perte de cheveux). En comparaison à la chimiothérapie, les effets secondaires liés à ce traitement sont moindres. Aux États-Unis, La Food and Drug Administration a d’ores et déjà octroyé une autorisation de mise sur le marché de cette association en 1ère ligne de traitement chez l’ensemble des patients. L’European Medicines Agency devrait aussi prochainement rendre un avis favorable. Reste à savoir si un accès précoce sera possible en France afin que nos patients puissent en bénéficier rapidement.

* Présentée au congrès de l’European Society for Medical Oncology

 

Dr Constance THIBAULT, Oncologie Médicale HEGP – APHP, Membre du Comité de Cancérologie de l’AFU.

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